Les visages de la crise au centre du Mali
« Des assaillants viennent de frapper le village de Sobanou dha… » c'est en ces termes que s'ouvre le journal d'une radio locale. Malheureusement, ce scénario devient récurrent. La région de Mopti, autre fois connue pour ses magnifiques joyaux culturels et sites touristiques, est aujourd'hui l'épicentre de conflits communautaires et d'une insécurité grandissante qui a causé plusieurs morts et blessés.
Ces attaques et menaces d'attaques qui se multiplient ces derniers mois dans le centre du Mali causent des mouvements de panique chez les populations, contraintes de se déplacer pour assurer leur sécurité.
Les personnes ayant survécu ont des besoins importants concernant leur santé, mais aussi les vivres, l'eau potable, les habits, couchettes et autres produits d'hygiène et d'assainissement.
Aujourd'hui, nous nous rendons sur le site de Socoura. Ici vit plus d'une centaine de familles ayant fui la violence à Bandiagara, laissant tous leurs biens derrière eux. Ils reçoivent des bons d'achats afin de se nourrir.
Sur place, je rencontre Idrissa Bolly : « je vivais dans le cercle de Koro avec ma famille, mais nous avons été chassés par des personnes armées. On a fui vers un autre village, mais quelques jours plus tard ce village a aussi été attaqué. Nous voilà donc à Sévarén sans rien », me raconte-t-il sous la tente dans laquelle il vit avec une dizaine de membres de sa famille.
« En fuyant nous avons abandonné notre bétail, c'était notre source de revenus. Aujourd'hui, sans l'assistance de partenaires comme le PAM, nous serions à la rue et les enfants n'auraient rien à manger » ajoute Idrissa.
Allaye Barry quant à lui est arrivé avec sa femme, ses enfants et d'autres membres de sa famille.
« A notre arrivé, vos collègues du PAM sont venus nous poser des questions et ont pris nos photos pour nous fabriquer une carte. Grace à cette carte, je peux aller à la boutique du coin pour acheter à manger » me dit-il en montrant sa carte SCOPE (système d'identification et de gestion de l'assistance par le PAM rapide et fiable). « A la boutique, je prends du lait et des condiments pour compléter les vivres que nous avons reçu ».
Selon le cadre harmonisé de mars 2019, 256 000 personnes ont besoin d'une assistance alimentaire d'urgence dans la région de Mopti, parmi lesquelles on compte de nombreux enfants. Ces estimations sont complétées par la matrix sur les déplacements (DTM de juin 2019), de janvier à mai 2019, 19 053 personnes nouvellement déplacées à l'intérieur de leur propre pays ont été recensé dans la région de Mopti à la suite de la dégradation de la situation sécuritaire. Ces mêmes personnes ont besoin d'une assistance alimentaire d'urgence.
« Chacun d'entre nous espère pouvoir rentrer dans son village un jour, mais nous ne sommes pas sûrs que ça sera pour bientôt. Même si nous rentrons, ce sera très difficile de tout recommencer. J'espère juste que la paix reviendra dans mon pays, car c'est ça le plus important » conclut Allaye.
Afin de répondre aux besoins, les équipes du PAM au Mali travaillent sans relâche pour couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels de ces populations sinistrées. Il y a quelques mois déjà, moins de 24 heures après l'attaque d'Ogossagou, le PAM a déployé ses moyens logistiques pour mettre en œuvre une réponse d'urgence : des camions contenant des vivres ont été acheminés dans les villages et sites qui accueillent les personnes ayant fui les violences.
« De façon globale, depuis janvier 2019 nous avons fourni une assistance alimentaire en vivres et bons d'achat à plus de 36 000 déplacés, ainsi qu'aux communautés d'accueil qui ont elles aussi besoin d'assistance à Mopti » m'explique mon collègue Didace Kayiranga, chef de sous bureau du PAM à Mopti.
Les interventions d'urgence du PAM au Mali sont possibles grâce au soutien généreux des partenaires suivants : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Japon, Luxembourg, Suisse, Royaume-Unis, et l'Union Européenne.