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Les visages de la crise au centre du Mali

La situation au centre du Mali inquiète de plus en plus les maliens et la communauté internationale. Je suis partie à la rencontre de personnes contraintes de fuir ces violences. Voici leurs histoires.
, Virgo Edgar Ngarbaroum
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Des filles déplacées internes devant leur tente dans le camp de Socoura. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

« Des assaillants viennent de frapper le village de Sobanou dha… » c'est en ces termes que s'ouvre le journal d'une radio locale. Malheureusement, ce scénario devient récurrent. La région de Mopti, autre fois connue pour ses magnifiques joyaux culturels et sites touristiques, est aujourd'hui l'épicentre de conflits communautaires et d'une insécurité grandissante qui a causé plusieurs morts et blessés.

Ces attaques et menaces d'attaques qui se multiplient ces derniers mois dans le centre du Mali causent des mouvements de panique chez les populations, contraintes de se déplacer pour assurer leur sécurité.

Les personnes ayant survécu ont des besoins importants concernant leur santé, mais aussi les vivres, l'eau potable, les habits, couchettes et autres produits d'hygiène et d'assainissement.

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Une grande partie des personnes déplacées vivent dans le camp de Socoura. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Aujourd'hui, nous nous rendons sur le site de Socoura. Ici vit plus d'une centaine de familles ayant fui la violence à Bandiagara, laissant tous leurs biens derrière eux. Ils reçoivent des bons d'achats afin de se nourrir.

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Les tentes servant d'abri aux personnes déplacées dans le camp de Socoura. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Sur place, je rencontre Idrissa Bolly : « je vivais dans le cercle de Koro avec ma famille, mais nous avons été chassés par des personnes armées. On a fui vers un autre village, mais quelques jours plus tard ce village a aussi été attaqué. Nous voilà donc à Sévarén sans rien », me raconte-t-il sous la tente dans laquelle il vit avec une dizaine de membres de sa famille.

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Idrissa Bolly et son père Abba Hama Bolly sous leur tente dans le camp de Socoura. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

« En fuyant nous avons abandonné notre bétail, c'était notre source de revenus. Aujourd'hui, sans l'assistance de partenaires comme le PAM, nous serions à la rue et les enfants n'auraient rien à manger » ajoute Idrissa.

Allaye Barry quant à lui est arrivé avec sa femme, ses enfants et d'autres membres de sa famille.

« A notre arrivé, vos collègues du PAM sont venus nous poser des questions et ont pris nos photos pour nous fabriquer une carte. Grace à cette carte, je peux aller à la boutique du coin pour acheter à manger » me dit-il en montrant sa carte SCOPE (système d'identification et de gestion de l'assistance par le PAM rapide et fiable). « A la boutique, je prends du lait et des condiments pour compléter les vivres que nous avons reçu ».

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Allaye Barry présentant sa carte SCOPE. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Selon le cadre harmonisé de mars 2019, 256 000 personnes ont besoin d'une assistance alimentaire d'urgence dans la région de Mopti, parmi lesquelles on compte de nombreux enfants. Ces estimations sont complétées par la matrix sur les déplacements (DTM de juin 2019), de janvier à mai 2019, 19 053 personnes nouvellement déplacées à l'intérieur de leur propre pays ont été recensé dans la région de Mopti à la suite de la dégradation de la situation sécuritaire. Ces mêmes personnes ont besoin d'une assistance alimentaire d'urgence.

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Le personnel de l'ONG partenaire vérifie et enregistre les produits choisis dans SCOPE devant la boutique. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

« Chacun d'entre nous espère pouvoir rentrer dans son village un jour, mais nous ne sommes pas sûrs que ça sera pour bientôt. Même si nous rentrons, ce sera très difficile de tout recommencer. J'espère juste que la paix reviendra dans mon pays, car c'est ça le plus important » conclut Allaye.

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Les personnes faisant leur échange dans la boutique. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM
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Les enfants déplacés internes devant leur tente de Socoura. Photo : PAM/Virgo EDGAR NGARBAROUM

Afin de répondre aux besoins, les équipes du PAM au Mali travaillent sans relâche pour couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels de ces populations sinistrées. Il y a quelques mois déjà, moins de 24 heures après l'attaque d'Ogossagou, le PAM a déployé ses moyens logistiques pour mettre en œuvre une réponse d'urgence : des camions contenant des vivres ont été acheminés dans les villages et sites qui accueillent les personnes ayant fui les violences.

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Les camions transportant les vivres pour l'assistance aux personnes déplacées internes de Mopti. Photo : PAM/Maria Giovanna Costa
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Le chef du bureau de Mopti et les collègues lors de l'assistance aux personnes déplacées de Doucombo. Photo : PAM/ Maria Giovanna Costa

« De façon globale, depuis janvier 2019 nous avons fourni une assistance alimentaire en vivres et bons d'achat à plus de 36 000 déplacés, ainsi qu'aux communautés d'accueil qui ont elles aussi besoin d'assistance à Mopti » m'explique mon collègue Didace Kayiranga, chef de sous bureau du PAM à Mopti.

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L'assistance aux personnes déplacées d'Ogossagou. Photo : PAM Mali.

Les interventions d'urgence du PAM au Mali sont possibles grâce au soutien généreux des partenaires suivants : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Japon, Luxembourg, Suisse, Royaume-Unis, et l'Union Européenne.