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Moussodjai Coulibaly, championne de l’inclusion scolaire des filles au Mali

Moussodjai sillonne son village pour convaincre les parents d'inscrire leurs enfants à l'école: la scolarisation de la jeune fille est son cheval de bataille
, Virgo Edgard Ngarbaroum
Moussodjai Coulibaly des filles qu’elle a aidé à reintegrer le système educatif. Photo: PAM/Virgo Edgar Ngarbaroum
Moussodjai entourée des filles qu’elle a aidé à reintegrer dans le système educatif. Photo: PAM / Virgo Edgar Ngarbaroum

Moussodjai Coulibaly, la soixantaine entamée ne passe jamais inaperçue dans les rues de Kodian, commune de Nossombougou, à environ 70 kilomètres au nord de Bamako, la capitale du Mali.

Depuis plusieurs années, cette infatigable mère de six enfants est membre du comité de gestion scolaire de l’école de Kodian. Elle fait de la scolarisation de la jeune fille, son cheval de bataille.

"A mon époque, c’était inconcevable pour mon père de voir sa fille aller à l’école même si j’en rêvais tant. Il a plutôt choisi de me donner en mariage. J’ai eu six enfants dont trois filles" 

Lorsque ses enfants ont eu l’âge d’aller à l’école, Moussodjai a vite fait comprendre à son mari qu’envoyer ses filles à l’école au même titre que ses garçons n’était pas négociable. 



"Ce fut mon premier plaidoyer en faveur de l’éducation des filles et je ne me suis plus arrêtée" 

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Les écoliers de Kodian dégustent les repas préparés à base des produits locaux. Photo: PAM/Virgo Edgar Ngarbaroum

Chaque année, à l’approche de la rentrée scolaire, Moussodjai sillonne les quartiers de son village sensibilisant les parents pour inscrire leurs enfants et en particulier les filles à l’école. En quinze années de sensibilisation et de mobilisation communautaire, elle a réussi a ramené sur les bancs de l’école une centaine de jeunes filles.

Une fois par semaine, elle revient à l’ecole leur rendre visite et surtout s’assurer qu’elles continuent les cours de façon régulière. Parmi elles, Salimata Diarra, élève en 3ème année primaire à l’école de Kodian : "Avant, je faisais du petit commerce avec ma mère au bord de l’autoroute qui mène à Bamako. Grâce aux conseils de Ma Moussodjai, j’ai pu retrouver le chemin de l’école."

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Moussodjai participe à la distribution de repas scolaire dans la cantine de Kodian. Photo: PAM/Virgo Edgard Ngarbaroum

Au début, convaincre les parents à libérer leurs filles des tâches ménagères et du petit commerce en faveur de l’école n’était pas facile, confie Moussodjai.

Mais grâce aux cantines scolaires, la résistance des parents a vite cédé la place à l’enthousiasme. Les enfants mangent à l’école ; cela diminue les dépenses alimentaires pour des familles particulièrement vulnérables. 

Les repas scolaires fournis par le PAM dans cette école s’inscrivent dans le cadre du Programme d'Appui à l'Inclusion Scolaire au Mali (PAIS) lancé en 2018 avec la contribution financière de l’Union européenne. Il vise à réinsérer 250 000 enfants, dont au moins 50% de filles non scolarisés ou déscolarisés dans le système éducatif. 

Au Mali, l’accès des filles à l’éducation demeure problématique particulièrement en zone rurale, en raison des difficultés économiques, de la faiblesse de l’offre éducative, et des insuffisances institutionnelles dans la gestion du système éducatif. Face à ces difficultés, certains parents préfèrent marier leurs filles très jeunes ou les garder à la maison pour des travaux ménagers et le petit commerce. 

A l’école primaire de Ténézana à quelques kilomètres de Kodian, les repas scolaires ont contribué à augmenter le taux de fréquentation scolaire des filles de 39 pour cent à 58 pour cent, passant de 78 filles à 154 filles en 2 ans selon le directeur, Boubacar Traoré.

Mali_VirgoEdgarNgarbaroum_Repas scolaire à l'école de Kodian
Le repas du jour, composé des aubergines, tomates et pommes de terre du jardin. Photo: PAM/ Virgo Edgar Ngarbaroum

En vue de renforcer la résilience des familles et les motiver davantage à scolariser leurs enfants, le PAM grâce à un financement de l’Allemagne a mis en place un jardin scolaire dans l’école primaire de Ténézana. Cette activité permet aux mères d'élèves de produire des légumes (oignons, tomates, persils, aubergies, concombres et poivron), tubercules (pommes de terre, patates douces) et des fruits. Une partie des récoles est remise aux écoles pour préparer des repas nutritifs aux enfants tandis que l’autre moitié est vendue sur le marché pour subvenir aux besoins des productrices.

En plus de soutenir l’éducation des enfants, les jardins scolaires contribuent à l’autonomisation des femmes. 

Mali_VirgoEdgarNgarbaroum_Binta du jardin de Ténézana
Binta arrose ses plantes dans le jardin de Ténézana. Photo: PAM/ Virgo Edgar Ngarbaroum

Binta est l’une des 110 jardinières de l’école primaire de Ténézana. Elle vivait de la vente occasionnelle de bois avant de se lancer dans le jardin scolaire.

"Avant ce jardin, je n’arrivais pas à couvrir mes besoins et ceux de mes enfants.  Aujourd’hui, j’arrive à gagner 15 000 FCFA (28 USD) en moyenne grâce aux ventes des légumes pendant les foires du village. Cela sert à assurer les frais de scolarité de mes enfants, les soins de santé et repondre aux besoins alimentaires de ma famille."

Les tomates du jardin scolaire de Ténézana. Photo: PAM/ Virgo Edgar Ngarbaroum
Les tomates du jardin scolaire de Ténézana. Photo: PAM/ Virgo Edgar Ngarbaroum

Etalé sur une période de quatre ans (2018 – 2022), le Programme d’appui à l’inclusion scolaire est mis en œuvre par le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), l'International Rescue Committee (IRC), et le Programme Alimentaire Mondial (PAM). 

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