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Un rapport sur la faim alerte sur les situations d'urgence qui risquent d'être oubliées au milieu de la crise en Palestine

Un rapport conjoint du PAM et de la FAO met en évidence 22 pays ou territoires nécessitant une attention urgente, alors que le déficit de financement entrave l'assistance humanitaire.
, Paul Anthem
A woman putting food into a bag
République démocratique du Congo : une femme récupère de la nourriture pour sa famille dans le camp de déplacés de Bulengo, à l'est. Au total, 2,9 millions de personnes devraient être confrontées à des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire aiguë dans le pays entre janvier et juin 2024. Photo : PAM/Benjamin Anguandia

Le dernier rapport sur les points chauds de la faim souligne les urgences humanitaires critiques qui risquent de passer inaperçues alors que l’attention du monde est tournée vers le conflit en Israël et en Palestine.

Outre la Palestine – qui s'ajoute à la liste des pays les plus préoccupants – le Burkina Faso, le Mali, le Sud-Soudan et le Soudan sont particulièrement exposés à une grave détérioration de la sécurité alimentaire. 

Au total, une action humanitaire urgente est essentielle dans 18 points chauds de la faim – comprenant 22 pays ou territoires – selon le rapport publié conjointement par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

"Révéler la triste vérité"

"Les risques identifiés dans ces pays préoccupants sont alarmants, et révèlent la triste vérité sur ce qui se passera si nous n'agissons pas rapidement pour sauver de nouvelles vies humaines", a déclaré Kyung-nan Park, directeur des urgences au PAM. "Aujourd'hui plus que jamais, les interventions d'urgence et la préparation (face aux urgences) sont essentielles pour prévenir cette détérioration de la sécurité alimentaire."

Le rapport prévient que l’insécurité alimentaire aiguë est très susceptible de s’aggraver en Palestine entre novembre 2023 et avril 2024, en raison de la forte escalade du conflit. Parmi ses principales recommandations figure l'approbation de l'appel du Secrétaire général des Nations Unies en faveur d'un cessez-le-feu et d'un accès pour faciliter l'acheminement de l'aide à la bande de Gaza.

Children eating food
Palestine : des enfants de Gaza mangent du pain fourni par le PAM. Une forte escalade du conflit a déjà entraîné une augmentation du nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire. Photo : PAM/Ali Jadallah

Le conflit en Palestine confirme l’avertissement – ​​également souligné dans le précédent rapport publié en mai – selon lequel l’augmentation du ciblage des civils dans différents conflits et le nombre croissant d’acteurs utilisant de telles tactiques devrait se poursuivre jusqu'a la fin de l'année 2023. Le conflit est l’un des principal moteur de la faim dans le monde. L'instabilité et la violence continuent de croître dans la région du Sahel, depuis les coups d'État au Burkina Faso, au Mali et au Niger jusqu'au conflit incessant au Soudan qui touche les pays voisins comme le Tchad. Entre juillet et septembre 2023, la région a représenté 22 pour cent de tous les décès mondiaux générés par les conflits.

Les déplacements au Soudan se poursuivent à un niveau alarmant 

L’ampleur et le rythme des déplacements au Soudan se poursuivent de façon alarmante, perturbant la production alimentaire et l’accès à la nourriture, et affectent près de 5,6 millions de personnes à la mi-septembre 2023. Cela comprend 1,2 million de personnes qui ont traversé la frontière vers les pays voisins – une multiplication par six en quatre mois. Les recommandations incluent l’augmentation de l’approvisionnement en nourriture et en nutrition vitales, ainsi que la poursuite des efforts visant à améliorer l’accès aux personnes au Soudan qui ont un besoin urgent d’aide humanitaire.

Au Soudan du Sud, la production agricole insuffisante, les prix élevés des denrées alimentaires de base, et le manque de ressources pour soutenir le nombre croissant de rapatriés du Soudan devraient tous contribuer à la persistance d’une insécurité alimentaire critique.

A person transfers food from a WFP bag to a small black bag
Soudan : l’impact dévastateur du conflit sur les moyens de subsistance, le secteur agricole et l’économie dans son ensemble devrait entraîner des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Photo : PAM/Mohamed Elamin

Huit pays sont considérés comme étant "très préoccupants", à savoir l'Afghanistan, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, Haïti, le Pakistan, la Somalie, la République arabe syrienne et le Yémen. Dans tous ces pays, un nombre élevé de personnes sont confrontées ou pourraient être confrontées à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire aiguë. Différents facteurs, selon les pays – notamment les conflits, les catastrophes liées au climat et les récessions économiques – devraient intensifier les conditions potentiellement mortelles dans les mois à venir.

L’insécurité alimentaire est aggravée par les réductions forcées des rations dans plusieurs points chauds de la faim déjà très préoccupants, en raison du manque de financement pour l’aide humanitaire. En Afghanistan, par exemple, 10 millions de personnes ont été privées d’une aide vitale en raison d’un énorme déficit de financement. Les autres pays touchés comprennent Haïti, la Palestine, la Somalie, la République arabe syrienne et le Yémen.

 "Des millions de personnes pourraient sombrer davantage dans la faim, au bord de la famine"

"La crise historique actuelle du financement humanitaire aura inévitablement un impact sur ces crises imminentes", a déclaré Kyung-nan. "Si le PAM et les acteurs humanitaires ne reçoivent pas le financement nécessaire pour y faire face, des millions de personnes pourraient sombrer davantage dans la faim, au bord de la famine. Le coût de l'inaction est catastrophique, en particulier pour les plus vulnérables. Il est plus que jamais essentiel que les parties prenantes investissent dans des programmes de préparation et de résilience afin que les communautés soient mieux préparées aux chocs climatiques et économiques, et aux conflits."

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Afghanistan : un homme mange du maïs dans le district de Watapur. Un déficit massif de financement dans le pays oblige à des réductions drastiques de l’aide vitale. Photo : PAM/Hasib Hazinyar Kunar

Même si le financement est à la traîne, les besoins humanitaires restent élevés, notamment en raison de facteurs tels que l’impact persistant de la pandémie de COVID-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et les prix alimentaires.

Plusieurs pays d’Amérique centrale devraient être durement touchés par le phénomène climatique El Niño, avec une sécheresse attendue le long du Corridor sec au Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua, ainsi qu’au Malawi – qui restent tous des points chauds de la faim.

 

"Les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes deviennent de plus en plus fréquents et graves."

"Nous ne pouvons pas oublier les pays qui courent un risque élevé face aux impacts liés au climat, car les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes deviennent de plus en plus répandus et graves", a déclaré Kyung-nan. "Cela inclut les impacts prévus d'El Nino, et les prévisions d’ouragans, d’inondations et de sécheresses dans toutes les régions."

Bien que leurs impacts soient souvent inattendus et imprévisibles, a-t-elle ajouté, les avertissements contenus dans le rapport pourraient être utilisés non seulement pour les interventions d'urgence, mais aussi pour mieux se préparer grâce à des actions anticipatives qui, en fin de compte, sauveraient des vies et également des coûts.

People walking through flooded streets
Haïti : des gens marchent sous une averse à Port-au-Prince. La détérioration de la sécurité, une crise économique prolongée, la faible production agricole et l’impact potentiel des ouragans sont susceptibles d'aggraver des niveaux déjà critiques d’insécurité alimentaire aiguë. Photo : PAM/Jonathan Dumont

Outre les mesures d’intervention d’urgence, le rapport souligne l’importance d’une action anticipative – des mesures de protection à court terme avant que de nouveaux besoins humanitaires ne se matérialisent. Dans le couloir sec d'Amérique centrale par exemple, cela signifie fournir des messages d’alerte précoce en cas d’ouragan imminent et positionner stratégiquement les fournitures pour permettre une livraison rapide.

Au Malawi, il s'agit de distribuer des semences résistantes à la sécheresse avant la saison des semis, ainsi que des sacs hermétiques de stockage des céréales. Au Soudan du Sud, procéder à des transferts monétaires basés sur des prévisions qui aident les familles à atténuer les impacts des inondations imminentes, par exemple si elles doivent évacuer leur maison.

Une aide urgente et renforcée est nécessaire dans les18 points chauds de la faim

Le Tchad, Djibouti, le Niger et le Zimbabwe ont tous été ajoutés à la liste des pays et territoires sensibles à la faim depuis l'édition de mai 2023, en plus de la Palestine. Parmi les facteurs variables figurent encore une fois les conflits, les prix alimentaires élevés et les effets climatiques.

Une aide urgente et accrue est nécessaire dans les 18 points chauds de la faim pour protéger les moyens de subsistance et accroître l’accès à la nourriture. Cela est essentiel pour éviter une nouvelle détérioration de l’insécurité alimentaire aiguë et de la malnutrition, malgré les défis liés à l’insécurité, aux obstacles bureaucratiques et aux contraintes d’accès qui entravent une assistance sûre et rapide.

RAPPORT COMPLET : Points chauds de la faim : alertes précoces FAO-PAM sur l'insécurité alimentaire aiguë

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