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Un panel d’activités pour une sécurité alimentaire durable et le renforcement de la résilience des communautés : l’exemple de Koundougou

, Virgo Edgar Ngarbaroum

Je me suis rendue au village de Koundougou, dans la région de Mopti, où différentes activités sont mises en place pour permettre à la population de sortir de l'insécurité alimentaire et de renforcer sa capacité à surmonter les chocs futurs de manière durable.

Au centre du Mali, la région de Mopti (5è région administrative du pays) s'étend sur 79 017 km2 avec pour chef-lieu la ville de Mopti, surnommée « la Venise du Mali ». Mopti est connue dans le monde pour ses nombreuses richesses patrimoniales, dont la mosquée de Djenné et les falaises de Bandiagara.

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Village dogon sur les falaises de Bandiagara. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

En raison de conditions agro-climatiques difficiles, d'un niveau élevé de pauvreté et des effets de la crise sécuritaire qui affecte le pays depuis 2012, la région connait une insécurité alimentaire et nutritionnelle de même qu'une détérioration des moyens d'existence et des capacités de résilience des populations.

Afin de faire face à cette situation, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) appuie le Gouvernement du Mali en mettant en place une approche de résilience inédite qui pourrait permettre de sortir toute la région de l'insécurité alimentaire et de renforcer sa capacité à surmonter les chocs futurs de manière durable. Cette démarche va de la réalisation d'aménagements à la distribution de repas dans les écoles, en passant par le traitement de la malnutrition et l'appui aux petits producteurs agricoles.

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L'un des symboles de la région, la pêche à l'embouchure du fleuve Niger et du Baní. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

J'ai visité le village de Koundougou, à 1h30 de route de Mopti, où un panel d'activités est mis en place pour développer la résilience des populations, grâce au soutien financier de la Coopération allemande (BMZ).

A mon arrivée, je suis accueillie par le chef du village, M. Tapily, qui m'explique l'impact de cette approche globale et les bienfaits sur sa communauté.

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Le chef du village de Koundougou (en blanc) avec ses conseillers. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

« Depuis quelques années, la vie devient de plus en plus dure pour nous. Mais aujourd'hui nous sommes optimistes car petit à petit les choses changent. » nous explique M. Tapily.

Ma visite me mène en premier lieu à l'école du village. Ici, le PAM appuie la fourniture de repas le midi aux enfants afin de préserver leur sécurité alimentaire et leur nutrition au quotidien, et de favoriser leur scolarisation. La cantine est gérée par le Comité de gestion scolaire (CGS), qui s'approvisionne chez les commerçants locaux et les petits producteurs, soutenant ainsi le commerce local.

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Aminata écolière a Koundougou. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

« Dans cette école, nous avons des écoliers du village mais également ceux des hameaux à 5 kilomètres ou plus d'ici, donc la cantine nous permet vraiment de les maintenir à l'école car nous disons aux parents que leurs enfants pourront étudier et manger sans problèmes. C'est désormais un moyen de renforcer l'accès à l'éducation dans notre communauté » nous explique le directeur de l'école, Abahindé Tembely.

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Les enfants pendant le déjeuner. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM
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Riz, poisson et légumes au menu du jour à la cantine de l'école de Koundougou. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

Ayant entendu parler de ma présence à l'école, les femmes du village me demandent de les accompagner pour leurs travaux quotidiens, pour me montrer comment les activités appuyées par le PAM ont impacté leurs vies.

« Grâce à cette fosse compostière, nous pouvons faire du maraichage et avoir des légumes de qualité plusieurs fois dans l'année, nous en donnons même une partie à l'école » nous explique Maya Issa Tapily, présidente du comité des femmes du village.

Près de leur champ, se trouvent plusieurs aménagements réalisés par le PAM (digues, demi-lunes, cônes…) en partenariat avec l'ONG YAGTU qui permettent d'exploiter le potentiel de transformation énorme pour la restauration des sols et écosystèmes.

A Koundougou, le PAM appuie le Gouvernement à travers les autorités locales pour la création d'infrastructures destinées aux communautés pour que ces dernières puissent subvenir à leurs besoins alimentaires immédiats, se nourrir et vivre grâce aux retombées de leurs activités, diversifier leurs régimes alimentaires, augmenter leurs revenus, construire ou réhabiliter des aménagements, et lutter contre les pertes agricoles.

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L'un des cônes servant pour le maraichage en toute saison.Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM
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Maya arrosant les oignons du périmètre maraicher. Photo: WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM
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La culture d'oignons du périmètre maraicher. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

« Mes sœurs et moi, nous sommes vraiment satisfaites de notre implication dans cette activité. Le plus difficile pour nous était de voir nos fils et filles quitter le village à cause du manque de moyens financiers. Aujourd'hui non seulement nous travaillons et gagnons notre vie, mais nous améliorons aussi la vie de notre communauté et celle des générations futures » témoigne Maya.

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Les dames de Koundougou devant le magasin. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

« Je ne pourrais pas vous dire à quel point le magasin et les différents outils ont amélioré nos conditions. Il y a quelques années, nos rares récoltes finissaient par pourrir à cause des mauvaises conditions de stockages… » Ajoute Maya.

Ma visite du village prend fin avec la rencontre d'un groupe d'hommes qui s'affairent à la construction de la piste routière, qui permettra de désenclaver le village durant la saison des pluies. En échange de vivres ou de cash les habitants de Koundougou participent activement à la création et réhabilitation d'actifs communautaire.

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Construction de la piste routière menant à Bandiagara ville. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

« L'un des plus grands défis auxquels nous faisions face à chaque saison pluvieuse est l'inondation de la piste routière menant à Bandiagara. C'était un véritable souci pour nos échanges commerciaux car c'est là-bas qu'il y a la plus grande foire hebdomadaire regroupant tous les villages de la zone. Lors de la planification communautaire, c'était l'une des premières difficultés évoquées. Je suis content de voir que les travaux ont commencé et que nous n'aurons pas ce même problème cette année. » nous raconte un des participants.

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Construction de la piste routière menant à Bandiagara ville. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

Pour clôturer ma visite, direction Mopti, où se trouve le Centre de santé communautaire ASCOTAMB, très fréquenté en raison de son emplacement, au milieu de plusieurs quartiers populaires. Ici, chaque semaine, une dizaine d'enfants malnutris viennent avec leurs parents pour recevoir un traitement contre la malnutrition.

Dans le cadre de sa collaboration avec le Gouvernement du Mali et avec l'appui financier de CERF, de la France et du Canada, le PAM fournit des produits nutritionnels spécialisés aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes enceintes et allaitantes. Cette action contribue à la préservation du capital humain, renforçant ainsi la résilience à long terme.

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Le docteur Diarra pendant la consultation du petit souffrant de la malnutrition. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

« Cette année, à cause des crises dans le centre du pays, beaucoup de familles ont connu des difficultés financières. Sans la prise en charge gratuite de la MAM (Malnutrition aigüe modérée), les conséquences auraient pu être dramatiques. » nous explique le docteur Cheick Diarra.

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Les « Plumpy sup », produits nutritionnels spécialisés, pour le traitement de la malnutrition aiguë modérée. Photo : WFP/Virgo Edgar NGARBAROUM

Tous ces échanges et rencontres dans la région de Mopti m'ont montré que c'est en mettant en place des activités variées et convergentes, prenant en compte le genre et les besoins spécifiques des plus pauvres, que sera développée la capacité de résilience des personnes.