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Quand la nature reprend vie en plein désert

L'exemple d'Ambaye, en Mauritanie
, Maria Ludovica Carucci

Le village d'Ambaye se trouve à 4 heures de route de Kiffa, département de Barkeol, région de l'Assaba au sud de la Mauritanie. Les 200 ménages qui y habitent vivent d'élevage et d'agriculture. Mais depuis les dernières années, en raison de la sécheresse, les terres ne sont plus exploitables comme avant, le pâturage pour les animaux est devenu rare et les techniques agricoles traditionnelles ne suffisent pas à subvenir aux besoins des populations.

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Barkeol, Assaba, Mauritanie, WFP/Maria Ludovica Carucci

Barkeol, comme plusieurs zones du pays, est touchée par la dégradation des terres. « Nous voyons de nos propres yeux les changements autour de nous. Il y a beaucoup de fissures de plus en plus profondes dans le sol. Le sol est devenu aride, stérile et difficile à cultiver et pour la survie de notre village, essentiellement basée sur l'agriculture et l'élevage, c'est très alarmant », explique Saidou Salif, Président du comité de gestion des activités pour l'Assistance Alimentaire pour la création d'Actifs (3A).

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Saidou Salif, Président du comité de gestion des activités pour l'Assistance Alimentaire pour la création d'Actifs (3A), WFP/Maria Ludovica Carucci

La protection des cultures, la dégradation des terres, la divagation des animaux et la dégradation des infrastructures agricoles sont les défis auxquels les villages, comme Ambaye, font face. Grâce á un financement de la BMZ (le Ministère Fédéral de la Coopération économique et du Développement allemand), le PAM, en collaboration avec ses partenaires, vient en appui aux ménages de ce village à travers le développement de cultures maraichères pour améliorer la nutrition et encourager la diversification alimentaire.

« L'aide du PAM et de ses partenaires nous aide à briser ce cercle vicieux et à redonner de la vie et de l'espoir à notre village, qui autrement, se serait vidé de sa population depuis de nombreuses années » nous dit Saidou.

Dans les villages comme Ambaye, l'appui du PAM et de ses partenaires favorise aussi l'autonomisation des femmes. Pioches et houes, techniques agricoles et travail constant n'effraient pas les femmes, bien au contraire.

Nous sommes allés à la rencontre de Koumbadoube, participante aux activités de maraichage et cheffe d'un ménage composé de 11 personnes : elle, son mari et leurs 9 enfants, tous des garçons.

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Koumbadoube, cheffe de famille, WFP/Maria Ludovica Carucci

« Cette aide nous a permis d'augmenter la production. Les légumes que nous produisons sont les pommes de terre, les choux, les navets, les aubergines et les carottes. Nous avons appris des nouvelles pratiques agricoles et nous sommes maintenant capables d'avoir des légumes en abondance », nous explique Koumbadoube.

Le jardin est entièrement géré par des femmes, plus de 100 femmes en total, toutes cheffes de ménage. Il y a deux groupes de travail qui se relaient dans le jardin : un groupe le matin et un groupe le soir.

Une majorité de la production est utilisée pour l'autoconsommation alors qu'une autre partie est vendue aux villages alentours. « Grace au maraichage et grâce à l'aide financière je peux maintenant préparer des plats nourrissants pour ma famille. A midi je prépare du riz à la viande ou avec du poisson, acheté au marché et assaisonné avec les légumes du jardin. Le soir, mes enfants aiment manger du couscous avec du lait », continue Koumbadoube, le sourire aux lèvres.

Le PAM, en plus de l'appui technique et de la fourniture des outils, distribue aussi une aide monétaire pour inciter au soutien et au maintien des activités.

« L'aide du PAM nous a beaucoup soulagé. Nous sommes maintenant autosuffisants et nous avons appris de nouvelles techniques qui vont toujours nous servir. Nous espérons que cet appui va continuer pour améliorer encore plus notre jardin » déclare Koumbadoube.

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Jardin villageois de Ambaye, WFP/Maria Ludovica Carucci

Nous avons également fait la rencontre de Tislim Sinny, présidente de la coopérative des femmes qui gérent le jardin du village et conseillère municipale. Elle nous raconte son expérience de femme engagée dans la politique et dévouée à sa famille.

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Tislim, présidente de la coopérative des femmes qui gèrent le jardin, WFP/Maria Ludovica Carucci

Tislim a 56 ans. Elle est née à Ambaye et y a toujours habité. Elle est mariée et a 5 enfants. Pendant sa jeunesse, Tislim a fréquenté l'école coranique pendant quelques années mais, une fois mariée, elle a abandonné les études pour fonder sa famille, comme c'est souvent le cas en Mauritanie. Tislim a toujours été intéressée par les activités communautaires du village. Elle participait activement aux réunions du village et s'engageait pour le développement de sa communcauté. Cette passion l'a conduit à se présenter aux élections municipales et à les gagner.

« Mon engagement social et civil ne m'a jamais empêché de m'occuper de mes enfants et de mon mari » nous confie Tislim. « N'est-ce pas là la force des femmes ? ». Son mari lui a toujours apporté son soutien et appui car il voyait que l'engagement de sa femme bénéficiait à la toute la communauté.

L'engagement des femmes dans les activités de maraichage n'est pas une exception, bien au contraire. Grâce à ce travail, les femmes continuent à s'engager et à renforcer leur autonomie.