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Paoua renaît de ses cendres grâce aux achats locaux du Programme Alimentaire Mondial

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) insuffle une nouvelle dynamique dans le sens du développement à travers l'appui aux petits agriculteurs dans la ville de Paoua localité située à 479 km au nord-ouest de Bangui en République Centrafricaine (RCA).
, par Bruno Djoyo
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Dans les rues de Paoua, l'on retrouve la chaleur habituelle des villages. On croise des enfants qui jouent, des chasseurs et des cultivateurs qui reviennent des champs. Pourtant, il y'a quelques mois encore, Paoua a été le théâtre d'affrontements entre groupes armés faisant des milliers de déplacées et obligeant le PAM à mettre en stand-by ses programmes de résilience et développement pour venir en aide à plus de 70,000 personnes. Avec le retour au calme, les activités d'urgences humanitaires cèdent progressivement la place au relèvement.

En effet, les nombreux sites de distribution du PAM sont moins animés. L'agence onusienne a même repris ses programmes « d'Achats locaux au service du Progrès » (P4P) qui permettent aux petits producteurs d'augmenter leurs revenus, d'améliorer leur existence ainsi que celle de leur communauté, pour le bonheur de ces agriculteurs.

« Avant je vendais de petites quantités de ma récolte au marché, ce qui ne me permettait de résoudre que des problèmes mineurs. Avec la reprise des programmes d'achats locaux du PAM, j'ai pu payer la scolarité de mes enfants, construire ma maison et avoir une meilleure qualité de vie » nous explique Claudia Ziranone — Présidente du Groupement Nzando, en pleine activité pastorale.

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Claudia Ziranone Présidente du Groupement Nzando. Photo: WFP/Bruno Djoyo

« Aujourd'hui avec le PAM qui achète le surplus nos produits pour ses opérations, nous agriculteurs de Paoua, avons vu nos vies radicalement changées. Nous vivons mieux, sans inquiétudes » souligne Claudia.

Le PAM en RCA mène des activités de P4P depuis 2015, le but principal étant d'optimiser et dynamiser le développement de l'agriculture locale, et de finalement contribuer à réduire l'insécurité alimentaire.

Les résultats sont visibles dans les chiffres. Le PAM a déjà soutenu quelques 25 000 producteurs agricoles, dont près de 14 000 femmes comme Claudia, dans la vente de leur production. Pour la fin de 2018, à travers ces achats locaux, le PAM envisage d'injecter dans l'économie locale plus de 1,4 milliards de FCFA, en achetant plus de 4 000 tonnes à travers les achats auprès de ces petits producteurs, des commerçants et entreprises locales. Ceci, grâce au soutien financier de ses bailleurs comme l'Union Européenne — à travers le Fonds BEKOU, la France et le Japon.

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Félix Nzoubaraketia pense que le projet d'achat locaux lui a permis de changer sa vie. Photo: WFP/Bruno Djoyo

Faim, pauvreté, sous-développement et conflit sont interconnectés. A Paoua, dont 80% des activités de soutien au marché des petits agriculteurs sont exécutés par le PAM, le P4P a poussé de nombreux jeunes à sortir de l'oisiveté et à se prendre en charge.

« Lorsque je viens remplir ces sacs de sorgho, je peux avoir désormais de l'argent pour subvenir à mes besoins primaires. Au-delà de me faire de l'argent, j'ai pris conscience que l'on peut réussir aussi à travers l'agriculture et non en prenant les armes » témoigne Raoul Kamandoko, un jeune homme rencontré sur le site des producteurs de haricot blanc.

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Raoul Kamandoko en pleine activité. Photo: WFP/Bruno Djoyo

En dehors de Raoul, d'autres jeunes de Paoua, comme Julien Nzoumitia, ont fait de l'agriculture leur métier.

"L'agriculture est le seul héritage que je laisserai à mes enfants. Ce n'est que par l'agriculture que je parviens à prendre soin de mes 10 enfants. À travers les activités du P4P, j'ai pu étendre la superficie de mon champ et mettre en place ma petite ferme ».

« Je suis la preuve que l'agriculture peut aider des jeunes à se prendre en charge, tout en participant au développement de leurs régions. », nous témoigne Félix Nzoubaraketia, un autre bénéficiaire du P4P. « Grâce aux 16 tonnes de sorgho que j'ai vendues au PAM, j'ai acheté 4 bœufs, une moto et j'ai pu construire ma maison dans laquelle je vis avec ma femme et nos 4 enfants ».

A la lumière de ces témoignages, tout porte à croire que la relance de l'agriculture pourrait être contribuer à enrayer le cycle de violences en RCA.

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