Reconstruire la résilience dans une République centrafricaine agitée
Simplice Beyo chante dans sa langue locale, le sango, pour encourager la vingtaine de femmes et d'hommes dans la récolte du riz à Paoua, une ville du nord-ouest de la République centrafricaine. Des gouttelettes de rosée matinale s'accrochent encore aux plantes vertes.
Aujourd'hui âgé d'une trentaine d'années, le chef d'un groupement agricole local se souvient de jours meilleurs, où les récoltes et la nourriture étaient abondantes.
“Paoua était autrefois considérée comme le grenier de la République centrafricaine”, explique Beyo. "Mais avec la succession des conflits, la production alimentaire a chuté de façon drastique, entraînant la faim dans nos foyers."
L’agriculture – qui emploie environ 80 pour cent des Centrafricains – figure parmi les nombreuses victimes des années de troubles et de bouleversements politiques du pays. Le conflit a poussé les agriculteurs et les éleveurs à quitter leurs terres, réduisant ainsi la production alimentaire et aggravant la faim.
Aujourd'hui, près de deux millions de personnes dans le pays - soit environ une personne sur trois - sont confrontées à des niveaux élevés de faim aiguë, selon de récentes conclusions d'experts sur la faim, connues sous le nom de Cadre Intégré de la Classification de la sécurité alimentaire (IPC). Plusieurs facteurs expliquent l’insécurité alimentaire dans le pays, dont notamment la pauvreté, les précipitations irrégulières, et la violence armée qui a déraciné des centaines de milliers de personnes au fil des ans et perturbé les chaînes d’approvisionnement.
Mais dans des endroits comme Paoua, les communautés se remettent à l'agriculture – grâce au calme qui règne dans certaines parties du pays depuis la signature des accords de paix en 2019. Des dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui la RCA rentrent chez eux pour reprendre leur vie en main.
Les habitants de Paoua profitent largement des dividendes de la paix. Avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), les récoltes agricoles de coopératives comme celle de Beyo fournissent les matières premières de la première initiative de repas scolaires du PAM dans le pays, utilisant des produits locaux.
"Avec l’arrivée de la cantine scolaire, nous constatons une surpopulation dans nos classes", déclare Franklin Tembay-Masseneang, directeur de l’école primaire de Betokomia 1. La fréquentation scolaire a plus que doublé – passant de 650 élèves il y a cinq ans à plus de 1 400 élèves aujourd'hui.
L’initiative d’alimentation scolaire du PAM devrait être reproduite dans trois autres écoles de la plus grande préfecture de Lim-Pende, où se trouve Paoua. Pour beaucoup ici, cela fait partie d’une plus grande renaissance.
La productivité agricole est en forte hausse, grâce aux semences améliorées fournies par le PAM et aux technologies agricoles et post-récoltes. La propre coopérative de Beyo, composée de plus de 160 familles, s’est mobilisée pour étendre sa culture de 3 à 35 hectares. Outre le maïs, les arachides et les haricots, lui et ses collègues agriculteurs cultivent du riz et du sésame, ainsi que des produits maraîchers tels que le gombo, les carottes, les tomates et la pastèque.
Ce résultat garantit à la communauté une plus grande diversité alimentaire et jette les bases de l'avenir. Une partie des récoltes de la coopérative profite à ses familles. Une autre partie sert de réserve de graines pour les récoltes futures. Une partie complémente les repas de la cantine de Betokomia 1.
Éducation - et bien plus encore
La communauté de Paoua investit dans ses écoles par d’autres moyens. Des années de violence, semées par une multitude de groupes armés, ont endommagé les infrastructures scolaires, chassé les enseignants et privé de nombreux enfants centrafricains d’éducation. A l'école Betokomia 1, le directeur Tembay-Masseneang est le seul instructeur titulaire d'un diplôme d'enseignement.
Des parents bénévoles ont occupé les places d'enseignement vides. Désormais, une partie des bénéfices de la coopérative de Beyo assure leur rémunération.
"Grâce au partenariat (du PAM), nous avons pu récolter 1,5 million de francs CFA", soit environ 2 400 dollars américains, explique Beyo, père de 14 enfants, scolarisés à l'école primaire de Betokomia 1. "Et avec cet argent, nous avons pu payer les salaires des parents-enseignants."
Les trois enfants de Pélagie Homdoyote fréquentent également l’école primaire. Sa famille, récemment rentrée chez elle après 12 ans d'exil au Cameroun, a du mal à joindre les deux bouts.
"Les jours où je travaille, je gagne un peu d'argent et j'ai de quoi cuisiner pour mes enfants", dit-elle. "Mais parfois, je ne gagne rien et je compte sur l'école pour que mes enfants puissent manger", grâce aux repas soutenus par le PAM.
For other children too, Betokomia 1’s hearty meals of rice, peas and other vegetables, are sometimes their only food for the day. But headmaster Tembay-Masseneang lists other paybacks.
Pour d’autres enfants aussi, les repas copieux de Betokomia 1, composés de riz, de pois et d’autres légumes, constituent parfois leur repas de la journée. Mais le directeur Tembay-Masseneang énumère d’autres récompenses.
"Quand les enfants viennent chercher leur repas scolaire, ils reçoivent une éducation", dit-il. "Tout cela aide le pays à avancer."
La France soutient les travaux du PAM visant à renforcer la résilience alimentaire et nutritionnelle dans la préfecture de Lim Pende en RCA.
Le PAM a besoin de 8,1 millions de dollars en 2025 pour reproduire l’initiative du jardin scolaire, connue sous le nom de Home Grown School Feeding, dans 44 écoles de la République centrafricaine.