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Mozambique : le PAM assiste les familles qui fuient le conflit à Cabo Delgado

Alors que la violence se déchaîne dans un pays déjà ravagé par deux cyclones, le Programme alimentaire mondial lance un appel à la mobilisation
, WFP (PAM)

Par Sean Rajman, traduit de l'anglais

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Des familles font la queue dans la ville portuaire de Pemba pour passer au sud. Photo : PAM/Sean Rajman

À Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, se déroule une crise humanitaire passée sous silence.

Plus de 2 000 personnes auraient été tuées depuis octobre 2017 et le nombre de personnes contraintes de quitter leur foyer a été multiplié par quatre depuis février.

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Le personnel du PAM travaille avec des agents de l'Institut national de gestion des catastrophes du Mozambique. Photo : PAM/Sean Rajman

Une insurrection de faible intensité a débuté en 2017 lorsque des groupes armés non étatiques ont attaqué des postes de police dans la ville de Mocimboa da Praia. Celle-ci s'est poursuivie tout au long de l'année dernière tandis que le pays était ébranlé par le passage de deux cyclones. Cette année, la violence s'est intensifiée.

Environ 390 000 personnes ont été déplacées à Cabo Delgado, l'une des régions les plus pauvres du pays, qui compte 30 millions d'habitants.

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Les personnes déplacées arrivent en laissant derrière elles des effets personnels tels que des vêtements. Photo : PAM/Sean Rajman

Les aldeias, les villages en portugais, sont souvent attaquées aux petites heures du matin. Ceux qui fuient doivent souvent abandonner leur maison à la hâte, à pied, sans nourriture, sans eau, sans argent, sans papiers, ni vêtements.

Certains fuient dans la brousse, et survivent grâce à l'eau de la rivière et à la nourriture des fermes qu'ils trouvent en chemin. Au retour, ils retrouvent leurs maisons incendiées et sont forcés de se déplacer vers le sud en direction de la capitale provinciale de Pemba et au-delà. D'autres, craignant des attaques sur les villages côtiers, montent sur des bateaux en direction du sud. Ils y passent des jours sans nourriture ni eau.

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Le changement climatique, le coronavirus et les conflits continuent de détruire la vie des gens. Photo : PAM/Sean Rajman

À la suite d'une attaque avant l'aube sur son aldeia côtière en juillet, Fatima a tragiquement vu trois de ses fils se faire tuer sur la plage. Elle s'est ensuite dirigée vers le sud avec son fils et sa fille survivants. Ils ont navigué pendant trois jours à bord d'un bateau bondé, affamés et assoiffés jusqu'à leur arrivée dans le district de Metuge, où ils ont été recueillis par la sœur de Fatima. Ils n'ont maintenant plus aucun espoir de rentrer chez eux. « Ils kidnappent les femmes pour les violer et les forcer à se marier », dit Fatima. « Ils tuent les hommes les plus âgés. Les jeunes hommes sont forcés de les rejoindre [les militants]. »

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Distribution d'eau potable. Photo : PAM/Sean Rajman

Cette histoire tragique n'est malheureusement que trop commune à Cabo Delgado. La générosité des parents et des familles d'accueil est malgré tout une lueur d'espoir. Les gens ouvrent leurs maisons à ceux qui fuient la violence. Mais l'hospitalité s'amenuise. Les hôtes eux-mêmes sont confrontés à des pressions quotidiennes — ils partagent le peu qu'ils ont avec les nouveaux arrivants aussi longtemps que possible, mais des tensions interpersonnelles finissent par surgir.

Fatima est obligée de dormir dehors car il n'y a pas assez de place dans la maison de sa sœur pour elle et ses enfants — ils dépendent de l'assistance alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

La pêche étant la principale source de revenus dans leur village, la famille éprouve des difficultés à s'adapter à la nouvelle réalité de Metuge, où elle aide désormais la sœur de Fatima dans sa ferme. Ayant subi une mauvaise récolte, la famille compte également sur le PAM pour répondre à ses besoins nutritionnels de base.

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Un camion chargé de sacs du PAM quitte un entrepôt à Pemba. Photo : PAM/Sean Rajman

Helena est une autre mère qui a fui une attaque matinale dans le district de Muidumbi. Les choses étaient déjà difficiles avec le Covid-19, dit-elle. Les fermetures d'écoles ont interrompu l'éducation des enfants, une problématique qui reste au cœur de ses préoccupations alors qu'elle a laissé derrière elle des biens essentiels tels que des vêtements.

« Ma fille veut être médecin depuis qu'elle a appris à lire », dit-elle. Grâce au soutien de ses donateurs, le PAM a jusqu'à présent fourni de la nourriture à plus de 230 000 personnes déplacées par la violence. Cependant, si la communauté internationale n'agit pas rapidement, la poursuite du conflit et des déplacements pourrait être catastrophique pour la population d'ici l'année prochaine. L'organisation ne dispose tout simplement pas des fonds nécessaires pour répondre à la fois aux besoins engendrés par le conflit et ceux causés par le Covid-19, d'autant plus que des conditions météorologiques extrêmes sont également attendues.

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Avec une saison des pluies à venir, il y a peu à espérer. Photo : PAM/Sean Rajman

« Le PAM a progressivement augmenté son assistance pour répondre aux besoins croissants cette année », explique Antonella D'Aprile, représentante au Mozambique de cette agence humanitaire qui a été nommée lauréate du prix Nobel de la paix 2020. « Toutefois, nous avons encore besoin de ressources supplémentaires pour pouvoir aider plus rapidement les populations touchées ». Elle ajoute : « Au cours des prochains mois, en particulier à l'approche de la saison des pluies et des cyclones, nous devrions travailler ensemble pour nous assurer que l'assistance vitale est fournie malgré les défis importants auxquels nous serons confrontés. »

Les opérations du PAM à Cabo Delgado sont rendues possibles grâce au généreux soutien des gouvernements du Canada, du Japon et de la Norvège, ainsi que d'ECHO, du FCIU des Nations unies et de l'USAID.

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