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L’inclusion des femmes dans les activités de développement au Sahel: le combat de Fatou Seydou Ndiaye

A Oréfondé, un village situé au Nord du Sénégal, où les hommes sont au-devant de la scène, les femmes essaient de se frayer un chemin afin de jouer elles aussi un rôle dans l'animation du développement durable
, WFP West Africa

Fatou Seydou Ndiaye, agée de 57 ans, avait juste la trentaine lorsque son mari décédait en lui laissant toute une famille à nourrir et à éduquer. Devenu chef d'une famille de 6 enfants qui sont actuellement au Lycée , ces responsabilités l'ont renforcées. Aujourd'hui elle se retrouve à la tête d'un groupement de 1200 femmes appartenant à 14 quartiers de la commune de Oréfondé dans la région de Matam (à 400 km de Dakar la capitale).

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Fatou Seydou, milite pour la participation des femmes dans ledéveloppement du village d'Oréfondé. Photo: WFP/Paulele Fall

A travers leur Groupement d'Intérêt Economique (GIE), ces femmes mènent des activités agricoles comme la culture du mil rouge, du maïs et aussi des légumes. A défaut de posséder leur propre champ, elles travaillent sur les terres de leurs maris et à la récolte elles récupèrent une partie des cultures qu'elles réservent pour les besoins alimentaires du ménage.

Mais depuis une dizaine d'années, dans cette partie Nord du Sénégal qui appartient à la région du Sahel, les cultures pluviales n'existent pratiquement plus ; du fait de la rareté des pluies qui impacte négativement sur le niveau du fleuve Sénégal, empêchant les populations de s'adonner à la culture de décrue.

Fatou Seydou, nous confie que les femmes de son village face à cette situation ne sont pas restées les bras croisés ; elles ont mis sur pied un système de solidarité économique qui consiste à une cotisation individuelle de 50 F CFA par femme et par mois. Ainsi la somme rassemblée est utilisée pour produire du savon revendu dans les quartiers de la commune et dont les bénéfices sont ensuite redistribués aux membres du Groupement.

Selon la Présidente du groupement, ces stratégies de survie ne sont toujours pas suffisantes et de nombreux ménages pauvres de la région dépendent des interventions d'organisations humanitaires telles que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pendant la période de soudure.

« Nous avions reçu à l'époque des bons alimentaires et de la farine enrichie ainsi que de l'huile enrichie. Avec les bons d'achat du PAM, ces femmes ont retrouvé leur dignité et la quiétude car n'ayant plus à recourir au don ou à des prêts en nature chez les voisins les plus nantis pour assurer les repas de leurs enfants » nous a expliqué Fatou Seyou Ndiaye.

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Fatou Seydou Ndiaye pendant l'entretien. Photo: WFP/Lena Savelli

« Elles ont pu également utiliser les produits enrichis pour préparer de la bouillie pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants vivant dans les mêmes ménages. »

Toutefois, l'année dernière, le PAM a connu une baisse considérable de ses ressources financières ; ce qui l'a obligé à limiter le nombre des personnes à assister. Sur 1200 membres seules 40 à 50 ont vu leur ménage bénéficier de l'assistance du PAM en 2017, a expliqué Fatou.

Cette année les effets d'une crise pastorale du fait d'une mauvaise pluviométrie dans la région du Sahel en Afrique de l'ouest ont affecté certaines régions du Sénégal dont St-louis et Matam. Plus de 700 000 ménagent subissent déjà les effets d'une période de soudure qui cette année s'est installée précocement en mars au lieu de juin.

Le PAM est aux côtés du Gouvernement du Sénégal pour contribuer à la réponse d'urgence face à la situation difficile qui prévaut cette année dans ces régions du nord du pays; et mobilise activement des ressources pour couvrir plus de personnes ayant besoin d'assistance pendant la période de soudure.

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Cette année s'est installée précocement en mars au lieu de juin. Photo: WFP/Paulele Fall

Pour Fatou Seydou Ndiaye, il faudra plus qu'une aide d'urgence pour répondre à la situation dans les localités du Sahel. Elle préconise des activités de développement avec un forte participations des femmes.

« Nous voulons des aménagements hydrauliques pour avoir accès à l'eau et mener des activités maraichères ainsi que la culture du riz » nous dit-elle. « Nous sommes des femmes battantes et nous pourrions contribuer à l'approvisionnement des cantines scolaires pour nourrir nous-mêmes nos enfants qui fréquentent l'école du village » rajoute Fatou Seydou Ndiaye dont les enfants ont aussi bénéficié pendant plusieurs années des repas à l'école fournis par le PAM.

Grâce à un financement du Gouvernement français, le PAM prévoit également d'étendre son initiative de résilience rurale (R4) à Matam, pour briser le cycle des crises et aider les villageois d'Orefonde à supporter les effets du changement climatique.

Un tel soutien serait bien apprécié par les femmes entrepreneurs d'Orefonde.

«Si le PAM nous aide à mettre en place des banques céréalières au sein du village, les femmes saurons bien gérer les productions des ménages ce qui va assurer la disponibilité des denrées au niveau de la communauté tout en sécurisant la stabilité des prix en période de soudure » dit Fatou Seydou Ndiaye.

Ecrit par Paulele Fall