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Les communautés de Gao s’unissent pour lutter contre la malnutrition

, Virgo Edgar Ngarbaroum

14% des enfants de la région de Gao souffrent de malnutrition. Par « malnutrition », on entend un déséquilibre entre les besoins de l'organisme et les apports énergétiques et/ou nutritionnels. Pour endiguer ce phénomène, le PAM appuie la politique nationale de lutte contre la malnutrition en mettant en place des activités de prévention et de traitement.

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Fatimata mangeant ses produits nutritionnels distribués par le PAM. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

La région de Gao, à 1 188 kilomètres au nord de Bamako, est limitée à l'est par le Niger, au nord par la région de Kidal, et à l'ouest par la région de Tombouctou. Elle est le foyer de plus de 500 000 habitants. La région est exposée à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition en raison d'une faible pluviométrie, de l'insécurité, de l'exode rurale, de l'inondation des champs et de l'insuffisance des terres cultivables.

La malnutrition touche un enfant malien sur trois, avec un taux de malnutrition aiguë globale de 10% chez les moins de 5 ans. Dans la région de Gao, ce taux atteint 14%– contre un seuil critique établi à 15% par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La lutte contre la malnutrition est donc ici un des défis de développement humain et cela est compris par les communautés.

Avec mes collègues du sous-bureau du Programme Alimentaire Mondial (PAM) de Gao, je me suis rendue dans les centres de santé et l'hôpital de la ville pour voir comment l'appui du PAM au Gouvernement et l'engagement des communautés dans le combat contre la malnutrition contribuent à sauver et changer des vies.

Ma visite commence au centre de santé communautaire de Boulboundjé. Sur place, je rencontre Agaichetou Touré, qui est en charge de la nutrition dans le centre depuis 2009.

« Ici c'est la communauté elle-même qui a compris l'importance de la lutte contre la malnutrition. Nous avons mis en place des « relais communautaires, un groupe de femmes volontaires qui passent dans les familles et quartiers de la ville afin de sensibiliser sur la malnutrition et ses méfaits. Grâce à l'appui du PAM, nous faisons des démonstrations culinaires afin d'aider les mamans à prendre soin de la santé nutritionnelle de leurs bébés ».

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Le docteur Touré pendant le dépistage et traitement de la malnutrition. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

« Depuis 2009, 3 fois par semaine nous dépistons et traitons la malnutrition, souvent j'ai même 2 groupes de mères et enfants par jour. Nous recevons les produits nutritionnels envoyés par le PAM qui nous permettent de soigner la malnutrition aigüe modérée chez les petits. Les cas de malnutrition sévère avec complications sont référés à l'Unité de récupération nutritionnelle intensive (URENI) ».

Je suis Dr. Touré dans sa routine au centre, entre consultations, prises en charge et discussions avec les mamans.

La première à se présenter est Hawa Younassa, avec sa fille âgée de quelques mois. « Il y a 2 mois, une dame du relais est passée chez moi. Après quelques minutes avec ma fille, elle m'a dit que Fadima souffrait de malnutrition et m'a demandé de venir au centre de santé avec elle. C'est comme ça que ma fille a commencé à prendre du plumpy sup. Le 1er jour, elle n'a pas aimé, mais depuis quelques temps elle en raffole, dès qu'elle voit Dr Touré, elle court vers elle avec son ticket pour en recevoir ! » me raconte-t-elle en riant.

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Hawa Younassa et son bébé. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

« C'est grâce aux relais et à la radio que j'ai connu les risques liés à la malnutrition, aujourd'hui ma fille va beaucoup mieux. J'aimerais aider d'autres mamans en devenant moi-même volontaire » ajoute Hawa.

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Fadimata récupérant un sachet de plumpy sup. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

La malnutrition comporte des risques graves, voir mortels, pour les enfants. Elle réduit les facultés cognitives et intellectuelles, et perpétue la pauvreté des familles et des sociétés, raison pour laquelle la prévention et le traitement demeurent une priorité pour le PAM et ses partenaires. Quand elle n'est pas détectée à temps, la malnutrition peut causer l'hospitalisation.

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Le dépistage de la malnutrition. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

Après le centre de santé de Boulboundjé, je me rends à l'hôpital de Gao, à l'URENI, pour rencontrer les acteurs qui luttent contre la malnutrition sévère.

Ici, grâce à l'appui financier de ECHO/DFID, le PAM prend en charge les repas des personnes qui accompagnent les enfants hospitalisés à cause de la malnutrition aigüe sévère, ce qui permet aux parents pauvres de consacrer leurs ressources économiques et leur temps aux enfants malades.

Le premier à me recevoir est le docteur Andoulé Guindo, chef du service de pédiatrie. Dans 10 minutes, il fera une ronde pour s'enquérir de l'état de ses patients, mais avant nous discutons de la situation nutritionnelle dans la région.

« En tant que pédiatre, l'état nutritionnel des enfants me préoccupe beaucoup. Le taux de malnutrition reste élevé dans la région. Tant qu'il y aura un enfant qui souffre de malnutrition ou de retard de croissance, nous serons là. C'est pourquoi l'appui du Gouvernement et du PAM à notre cause commune est très appréciée ».

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Le docteur Guindo avec ses patients. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

En faisant les quelques pas vers les salles d'hospitalisation, il me parle du programme des accompagnants : « La prise en charge des accompagnants est très importante. Les enfants sous traitement ici sont majoritairement issus de familles pauvres avec peu de revenus, le fait qu'ils reçoivent gratuitement de la nourriture pendant la durée de l'hospitalisation du nourrisson est un grand soulagement pour eux. Cela allège leurs dépenses ».

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Mariama, son époux et son bébé en rémission. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

Dans la salle, je fais la connaissance de Mariama Hachimi et de son époux qui sont là avec leur fils Djibrilla depuis 3 jours.

« Mon mari est actuellement sans emploi. J'étais vraiment inquiète par rapport aux dépenses que l'hospitalisation de Djibrilla allaient engendrer. Grâce aux 3 repas quotidiens que je reçois, je peux rester à l'hôpital avec mon fils et veiller sur sa santé et son rétablissement sans avoir besoin d'aller chercher à manger. Aujourd'hui mon fils va beaucoup mieux » m'explique Mariama.

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Le menu de la semaine pour les accompagnants. Photo : PAM /Virgo EDGAR NGARBAROUM

Au Mali, le PAM appuie la politique nationale de lutte contre la malnutrition grâce à l'appui financier du Canada, de ECHO/DFID, de la France et de UN CERF.

Malgré les contributions de ces donateurs, les fonds alloués à la lutte contre la malnutrition sont en baisse comparés aux années précédentes. Le risque de ne pouvoir couvrir l'ensemble des besoins est élevé.

Cette année, le PAM prévoyait d'appuyer le Mali en assurant la prise en charge nutritionnelle de plus de 194 000 personnes dont 172 000 enfants de 6–59 mois et 22 000 femmes enceintes/allaitantes.

Le PAM Mali continue le plaidoyer auprès des donateurs afin de mobiliser les ressources nécessaires pour empêcher une rupture d'assistance et sauver des vies.