Les bons d’achats alimentaires du PAM, une arme contre l’insécurité alimentaire au nord du Sénégal
Un sentiment de joie et de soulagement transparait sur les visages des enfants, des femmes et des hommes venus nombreux pour assister à la 1ère distribution des coupons alimentaires du PAM le 08 Juin 2018 dans le département de Podor.
Ces communautés du nord du Sénégal, affectées par les chocs climatiques comme beaucoup d'autres dans le Sahel, ont commencé dès le mois de mars à ressentir les effets de la période de soudure précoce et particulièrement difficile de cette année.
« Avec la mauvaise pluviométrie de la campagne hivernale passée (2017–2018), je n'ai pas pu cultiver l'année passée et mon bétail souffre beaucoup du manque de fourrage. Je vivais un stress énorme et j'étais en train d'envisager de vendre mes chèvres que je n'arrivais même plus à nourrir. Ce qui allait être une catastrophe car c'était mon seul moyen de subsistance. Je comptais sur mes deux chèvres et sur le maraichage que j'effectue en période de décrue pour subvenir tant bien que mal aux besoins alimentaires de ma famille. » dit Dieynaba, une habitante de la commune de Dodel, dans le département de Podor en recevant son coupon alimentaire d'une valeur de 30 000 Fcfa (53 USD).
Dans le cadre de la réponse du PAM au Sahel et à l'appui du Gouvernement du Sénégal au Plan d'Urgence pour la Sécurité Alimentaire (PUSA) lancé en Mai 2018, le PAM intervient dans les départements sahéliens de Podor et Matam en période de soudure pour assister les populations affectées par les chocs climatiques jusqu'à la prochaine récolte. L'utilisation de bons échangeables auprès des détaillants locaux contre des denrées alimentaires permet une réponse plus rapide et plus rentable ainsi que la diversification du panier alimentaire des personnes assistées par le PAM ; ce qui favorise leur sécurité alimentaire et améliore leur état nutritionnel.
Les ressources disponibles fournies par les Gouvernements du Danemark, des États-Unis et du Canada, vont permettre au PAM d'effectuer trois distributions pour 44 000 bénéficiaires dans le département de Podor et 22 000 bénéficiaires dans le département de Matam où la situation est plus préoccupante. L'intervention du PAM comprend également des distributions de compléments nutritionnels destinés aux enfants de 6 à 23 mois et femmes enceintes et allaitantes vivant dans les mêmes ménages, pour traiter la malnutrition aiguë modérée, qui risque d'augmenter pendant la période de soudure. Dans le cadre d'une réponse intégrée et pour aider à renforcer la résilience des communautés affectées par les chocs climatiques, le PAM appuie les mêmes communautés à travers des activités de création d'actifs durables (Food For Assets- FFA) à la fin de la période de soudure.
Pour Dieynaba, confrontée au défi d'être une femme cheffe de ménage, l'assistance du PAM vient à point nommé. Abandonnée par son mari il y a quelques années, elle a depuis la charge de 5 enfants dont 4 en âge de scolarisation et une petite fille de moins de 5 ans. Cette femme de 53 ans vit avec des ressources limitées qui l'empêchent de nourrir sa famille durant toute l'année. Le démarrage précoce de la période de soudure a été particulièrement éprouvant pour elle.
« Chaque matin au réveil, je me demandais quel bienfaiteur viendrait à mon secours pour m'offrir de quoi préparer le repas de midi, le seul que la famille prend depuis quelques mois. Avec cette assistance de 3 mois qui arrive au bon moment je vais pouvoir subvenir aux besoins alimentaires de ma famille.
L'appui du PAM aux ménages vulnérables au Sénégal est réalisé en collaboration avec le Conseil National de la Sécurité Alimentaire du Gouvernement du Sénégal (SECNSA), la Délégation Générale de la Protection Sociale (DGPSN) et l'ONG Africare et en étroite coordination avec la FAO et l'UNICEF. Le PAM cible 130 000 bénéficiaires dans les 02 régions de St Louis (département de Podor) et de Matam (département de Matam) sur les 378 008 personnes identifiées dans le PUSA. Le PAM a un besoin additionnel de 4.8 millions de dollars (environ 2 milliards 716 millions de F CFA) pour achever la riposte.
J'espère que la pluviométrie de cette année sera assez bonne pour me permettre de reprendre mes activités agricoles. O Ndiarama PAM, O Ndiarama Africare (« Un grand merci au PAM et à Africare » en Pular, la langue locale) » s'exclame avec beaucoup d'espoir Dieynaba.
Ecrit par Joseph Sadio, Chargé de Programme PAM/Sénégal