“Les besoins en Syrie n’ont jamais été aussi grands”.
En neuf ans de conflit en Syrie, des familles ont perdu leurs proches, ont été forcées de fuir et ont vu leurs maisons et leurs moyens de subsistance détruits.
La famille de Rania a vécu pendant trois ans sous l'emprise de l'Etat Islamique, lorsque l'organisation a pris le contrôle de Deir Ez-Zor. Ils n'ont pas eu d'électricité pendant la majeure partie de cette période dans une ville où les températures estivales peuvent dépasser 50 °C. Elle a 25 ans, et les conflits et l'insécurité alimentaire rythment sa vie.
"Pendant le siège, c'était une lutte pour survivre", dit-elle. "J'ai quatre enfants, et aujourd'hui, c'est la première fois que je reçois de la nourriture du Programme alimentaire mondial. Cela va faire une énorme différence pour ma famille. Mon mari ne travaille pas, et nous n'avons aucune source de revenu. Je ne peux pas acheter de nourriture pour mes enfants".
La nourriture du Programme alimentaire mondial (PAM) est désormais essentielle pour 4,8 millions de personnes en Syrie. Pour beaucoup, c'est la seule nourriture qu'ils mangent chaque mois.
Les aliments de base tels que le riz et le blé sont maintenant chers pour tout le monde, mais ce sont les familles vulnérables comme celle de Rania qui ont le plus à perdre. "Quand j'ai de l'argent, j'attends que les prix soient plus bas, je ne peux pas me permettre d'acheter quand ils sont élevés", dit-elle. "Ici, les gens s'entraident pour survivre, nous n'avons pas d'autre choix."
Puis elle lance un appel déchirant : "Aidez-moi à nourrir mes enfants, s'il vous plaît."
"Les familles syriennes font maintenant face à plus qu'elles ne peuvent supporter", dit Corinne Fleischer, directrice du PAM en Syrie. "La situation était déjà mauvaise, elle empire."
"Les prix des denrées alimentaires n'ont jamais été aussi élevés depuis le début de la crise en 2011. Les gens nous disent qu'ils ne peuvent pas se permettre d'acheter de la nourriture, qu'ils doivent attendre que les prix baissent. Ils n'attendent pas d'acheter une nouvelle télévision, ils attendent d'acheter de la nourriture".
En effet, les prix n'ont jamais été aussi élevés, puisqu'ils ont augmenté de 209 % au cours de la seule année dernière. Même les aliments de base sont devenus largement inaccessibles.
Le conflit se poursuit alors que la crise économique du Liban voisin exerce une pression supplémentaire sur les familles syriennes : les magasins ont fermé, les familles ont perdu leur seule source de revenus dans un contexte de pandémie mondiale. Additionnés, ces facteurs pousseront encore plus de familles syriennes dans la faim et la pauvreté.
On estime que 9,3 millions de Syriens sont aujourd'hui en situation d'insécurité alimentaire, soit une augmentation de 1,4 million en tout juste six mois.
Muhammad a ouvert son magasin à Deir Ez-Zor avant le début du conflit. "La situation est aujourd'hui plus inquiétante que jamais, parce que les gens n'ont pas d'argent pour acheter", dit-il. "Ça empire d'année en année. Avant, les gens pouvaient acheter plusieurs articles, mais maintenant ils ne choisissent plus que l'essentiel. La hausse des prix n'a pas d'effet positif sur mon activité, je perds de l'argent et je paie deux fois plus qu'avant".
"Les gens achètent ce qui est disponible, et ils n'ont plus beaucoup de choix maintenant." Les commerçants ont du mal à réapprovisionner leur stock alors que les prix fluctuent énormément — ils sont maintenant 20 fois plus élevés qu'avant le conflit, et cela a eu un impact énorme sur la nourriture que les familles peuvent acheter. Beaucoup ont été forcées de s'adapter. "Les gens achètent des aliments de moins bonne qualité. Ce qui, en général, n'arrive jamais", explique Muhammad.
"Les familles en Syrie n'ont presque plus rien", dit Mme. Fleischer. "Elles ont épuisé leurs économies, elles ont survécu à une crise humanitaire et maintenant elles retirent leurs enfants de l'école parce qu'elles n'ont pas les moyens de les y envoyer. "
"Ils ferment leurs commerces parce qu'ils n'ont pas les moyens de renouveler leur stock. Ils mangent moins et vendent leurs biens pour survivre. Il faudra des années aux familles pour se remettre de ces pertes. Le niveau de la faim est sans précédent, bien supérieur à celui observé pendant les pires années du conflit". \ Mme. Fleischer ajoute : "Les Syriens veulent reconstruire leur vie, cultiver leur propre nourriture et lancer leur entreprise. La nourriture du PAM est essentielle pour aider les familles à répondre à leurs besoins, à lutter contre la faim et à savoir qu'elles peuvent préparer un repas chaud à la fin de la journée. Le PAM est reconnaissant du soutien continu de nos donateurs, qui ont rendu possible notre travail vital en Syrie".
Des millions de personnes rêvent que soit restaurée leur Syrie bien-aimée. Ces familles ont plus que jamais besoin d'aide pour que ce rêve devienne réalité.