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Le parcours de Fatimata : une jeune refugiée malienne déterminée qui étudie pour devenir économiste

Depuis 2012, le PAM assiste les réfugiés maliens vivant dans le camp de Mbera, situé dans la région de Hodh ech Charghi. En 2019, la…
, Maria Ludovica Carucci

Par Maria Ludovica Carucci

Depuis 2012, le PAM assiste les réfugiés maliens vivant dans le camp de Mbera, situé dans la région de Hodh ech Charghi, en Mauritanie. Ils ne peuvent retourner et vivent dans le camp qui est devenu "de facto" la quatrième ville la plus peuplée de Mauritanie. J'ai visité le camp pour la première fois en Novembre 2019 et c'est à ce moment que j'ai fait la rencontre de Fatimata, une jeune malienne, pleine de rêves et d'espoir. Elle nous raconte son histoire.

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Fatimata, 21 ans, Camp de Mbera. WFP/Francesc Galban

« Je suis arrivée au camp de Mbera en 2012. Je me souviens très bien de ce jour. Il était 6h du matin lorsque nous avons quitté Tombouctou, au Mali. Nous sommes arrivés à Fassala (ville dans le sud-est de la Mauritanie, à la frontière malienne) vers 17h, » se rappelle Fatimata.

Fatimata, 21 ans, habite dans le camp de Mbera avec sa mère et ses deux petites sœurs. « C'est ma mère qui a pris la décision de quitter le Mali à cause de la guerre. Elle a organisé le voyage depuis Tombouctou pour mes sœurs, mes tantes et moi. Ma mère, mon père et ma grand-mère n'ont pas pu partir tout de suite. Ils ne pouvaient pas sortir de la maison à cause des combats dans la ville. Heureusement, ils nous ont rejoint seulement quelques semaines après, » m'explique-t-elle.

Après quelques instants de silence, je lui demande « Est-ce que tu te souviens de ta vie au Mali ? ». Elle répond sans hésiter, « Oui, bien sûr », et poursuit, « Ça nous manque beaucoup. Ma vie au Mali et ma vie ici sont très différentes. Mes parents avaient un travail, ma mère était commerçante et mon père militaire. Mes sœurs et moi allions à l'école et avions plein d'amis. Je n'ai plus de nouvelles aujourd'hui et je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Tout est différent ». Elle continue : « C'est difficile à expliquer mais avant nous avions une vie normale ».

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Fatimata, sa mère et ses sœurs dans leur maison dans le camp de Mbera. WFP/Francesc Galban

Je demande à Fatimata de me raconter un peu sa vie au camp « Au début, quand nous sommes arrivés, c'était très difficile. Il n'y avait pas la même organisation et les services qu'on peut trouver aujourd'hui. Il y n'avait pas beaucoup d'eau, pas de toilettes…Pour l'hygiène, c'était très compliqué. Aujourd'hui, c'est bien mieux, » confie-t-elle.

Fatimata et sa famille, comme les 55 000 refugiées du camp, reçoivent chaque mois l'assistance alimentaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM). « Nous recevons l'assistance alimentaire depuis 2012 et c'est le seul moyen pour nous d'avoir de la nourriture. Nous n'avons rien ici. Ma mère ne travaille pas car il n'y a pas d'emploi dans la zone et nous savons que sans l'aide du PAM cela aurait été impossible pour nous ».

Le PAM travaille avec le gouvernement, d'autres agences du système des Nations-Unies et des ONGs partenaires pour donner un sentiment de normalité aux nombreuses personnes qui ont fui le conflit au Mali. Grâce au soutien d'ECHO, des Etats Unis, du Japon, du Canada, du Département du développement international du Royaume Uni (DFID), de l'Espagne, et de l'Arabie Saoudite, une assistance alimentaire et nutritionnelle peut ainsi être fournie aux refugies.

Malgré des conditions pas toujours très faciles Fatimata a réussi à se créer un environnement stable. Elle finit par me confier qu'elle se sent presque comme à la maison. Cette stabilité lui a permis de poursuivre sa scolarité « Cette année, j'ai terminé l'école et j'ai eu mon bac ! J'ai pris un peu de retard car lorsque je suis venue ici, j'ai fait plusieurs années blanches. J'ai envie de continuer les études, je veux devenir économiste. J'ai déjà déposé ma candidature pour une bourse à l'université de Nouakchott et j'attends la réponse avec impatience! » me dit-elle

Une nouvelle porte qui s'ouvre pour Fatimata, l'espoir d'un avenir meilleur et un modèle pour toutes les filles vivant dans la même situation qu'elle.

Pour en savoir plus sur l'action du PAM en Mauritanie.