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La riziculture pour l’autonomisation des agriculteurs maliens

Comment s'assurer que le riz, devenu un aliment de base pour de nombreux Maliens, est cultivé localement et disponible pour atteindre l'objectif ‘faim zéro'
, Benoît Lognoné
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Un canal d'irrigation non loin de Markala dans la région de Ségou — WFP/Benoît Lognoné

Au Nord de Ségou, à Markala, se dresse un pont de près d'un kilomètre enjambant le fleuve Niger de part et d'autre. Outre le franchissement de cet obstacle naturel, le pont est doté d'un barrage permettant l'irrigation d'environ 100 000 hectares de terres par gravitation. Géré par l'Office du Niger, une entreprise parapublique malienne, ce périmètre de culture irrigué situé dans le delta intérieur du fleuve Niger est l'un des plus grands aménagements hydro-agricoles du continent.

Initié par les autorités coloniales françaises il y a tout juste un siècle, la production de riz et de canne à sucre a peu à peu supplanté celle du coton lors de la reprise en main de l'ouvrage par les autorités maliennes à la proclamation de l'indépendance en 1960. Le Mali est maintenant l'un des quatre principaux producteurs de riz sur le continent africain avec une production annuelle de plus de 2 millions de tonnes de riz.

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Image satellitaire de rizières à Niono — ESA/Copernicus, Sentinel-2

Dans le cercle de Niono, on distingue deux principales saisons de production de riz, qui nécessite 120 à 135 jours de culture avant d'être récoltée. La première durant la saison des pluies, de juillet à novembre, et la seconde, en saison sèche chaude, de janvier à juin, également appelée "contre-saison". Le pays importe 10% de sa consommation de riz pour faire face à la demande nationale.

Selon l'Institut National de la Statistique du Mali (INSAT), la consommation annuelle du riz a augmenté de plus de 600 % dans les dernières 50 années faisant du riz presque l'aliment de base du pays. Le riz est ainsi la première céréale consommée en zone urbaine.

La variété cultivée ici est le "paddy" communément appelée "gambiaka". Il s'agit de l'espèce la plus recherchée par les consommateurs, et qui est généralement disponible sur le marché avec des impuretés.

C'est dans ce cadre qu'intervient depuis 2017 le Programme Alimentaire Mondial (PAM) au Mali et son partenaire SOCODEVI, grâce à l'appui de la Banque Mondiale afin d'améliorer la qualité du riz et permettre de créer de la valeur ajoutée tout en limitant les pertes lors de la transformation.

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Riz brut avant transformation — WFP/Benoît Lognoné

"Pour promouvoir la chaîne de valeur, il est nécessaire de répondre aux besoins de renforcement des capacités tout au long de la chaîne et de mieux organiser les acteurs pour fournir un produit de qualité sur le marché. Réduire les pertes post-récoltes est un enjeux majeur à l'échelle du pays." précise Arthur Ekoutou, Chef de sous-bureau du PAM de Koulikoro (couvrant également les régions de Ségou et Sikasso).

Dans la région, la modernisation d'une unité de transformation a permis de créer de la valeur ajoutée et vendre le produit fini autour de 300 Francs CFA le kilogramme, lorsque le riz brut est généralement vendu à 150 Francs CFA (variations possibles en fonction de l'offre et de la demande).

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Le riz brut est déversé dans la décortiqueuse pour sa transformation — WFP/Benoît Lognoné

Cette nouvelle décortiqueuse, capable de traiter 900 à 1 200 kg de riz par heure, appartient à la FECOPON (Fédération des Coopératives de Producteurs de l'Office du Niger) et est gérée par un comité de gestion composé de 5 personnes membres parmi lesquels un responsable de l'Union locale, un magasinier ainsi que des agents de la FECOPON.

De meilleures installations de séchage et de stockage et de meilleures pratiques de gestion introduites au niveau des Organisation Paysannes permettent de réduire les bris tout en améliorant la qualité afin d'augmenter la valeur finale.

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Vue de la décortiqueuse en fonctionnement — WFP/Benoît Lognoné

À travers l'amélioration de la chaîne de valeur, grâce au contrôle de la qualité et à une mécanisation accrue, à la formation et à la facilitation de l'accès aux services financiers et aux intrants, les organisations paysannes ciblées (16 coopératives), sont mieux préparées pour assurer la qualité du riz vendu par leurs agriculteurs.

Au-delà du développement des capacités et des avantages économiques, ce projet fait partie intégrante du mandat du Programme alimentaire mondial, à savoir, contribuer à l'atteinte de l'Objectif de Développement Durable N°2 : Faim Zéro. En janvier 2020, le PAM au Mali a commencé la mise en oeuvre du Plan Stratégique de Pays 2020–2024, offrant une occasion unique de renforcer son rôle de facilitateur de solutions à long terme à l'échelle nationale pour lutter contre l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, en renforçant les capacités d'absorption, d'adaptation et de transformation des communautés vulnérables.

Le projet est soutenu par la Banque Mondiale et mis en oeuvre par le Programme Alimentaire Mondial au Mali et SOCODEVI pour une durée de 3 ans.