D’un camp de réfugiés à l’université : le parcours de Fatimata
Nous avons rencontré Fatimata, il y a quelques mois au camp de Mbera, où elle vivait avec sa mère, ses frères et ses sœurs depuis 2012, après avoir fui le Mali. À ce moment-là, elle venait d'avoir son baccalauréat économique et social et était dans l'attente d'une bourse pour lui permettre d'étudier à Nouakchott.
Lors d'un autre passage au camp, j'ai décidé de prendre de ses nouvelles. Nous avions alors retrouvé sa mère qui nous a appris qu'elle avait obtenu la bourse tant attendue et qu'elle vivait depuis lors à Nouakchott et étudiait le commerce international.
À notre retour du camp, c'est tout naturellement que j'ai pris contact avec Fatimata. Je lui ai donné rendez-vous au PAM à Nouakchott. Elle est arrivée accompagnée de sa cousine, Hayay, également boursière pour des études d'anglais.
À 21 ans, Fatimata avait toujours rêvé de faire des études : « J'ai toujours aimé aller à l'école, ça m'a toujours intéressé », dit-elle avec un sourire. A 22 ans, Hayay sa cousine qui l'a accompagné, voit l'école comme une opportunité « Cela nous permet de choisir un métier et de ne pas le subir. Je pense qu'on peut être plus libre grâce aux études, c'est une vraie chance. »
« Cette chance, c'est aussi grâce à vous.» rebondit Fatimata. Présent au camp de Mbera depuis l'arrivée des premiers réfugiés en 2012, le PAM assiste plus de 55 000 réfugiés à travers des distributions, des préventions, des traitements contre la malnutrition. Fatimata et Hayay ont grandi au camp et ont bénéficié de l'assistance alimentaire du PAM. Celle-ci leur a permis de pouvoir bien se nourrir et d'avoir tous les nutriments nécessaires pour une bonne croissance.
Au-delà de l'aspect alimentaire et nutritionnel, cette assistance, leur a aussi donné accès à l'éducation. Fatimata explique, «Sans cette assistance, nous aurions dû aller chercher de la nourriture ou de l'argent pour nous nourrir, sans avoir le temps d'aller à l'école. Même si nous pouvions aller à l'école, comment pouvoir étudier le ventre vide ? Quand j'y pense, nous aurions eu une vie complètement différente au camp.»
Arrivées à Nouakchott depuis le 3 décembre 2019, elles habitent désormais dans une maison d'étudiants. « Nous sommes six par maison et nous sommes tous boursiers. C'est super, ça nous permet de rencontrer des nouvelles personnes et de s'intégrer plus rapidement dans cette nouvelle vie. »
Financée par le HCR, cette bourse fait partie du programme DAFI* (Albert Einstein German Academic Refugee Initiative), offre aux étudiants réfugiés la possibilité d'obtenir un diplôme de premier cycle dans leur pays d'asile. Grâce au soutien du gouvernement allemand et de donateurs privés, le programme a permis à plus de 14 000 jeunes réfugiés d'entreprendre des études supérieures depuis 1992.
Quant à leur vie passée au camp, Fatimata raconte « Nous sommes une famille de neuf et chaque mois nous recevons des vivres et du cash du PAM. Une assistance qui est indispensable pour nous. Cela nous permettait d'avoir des repas équilibrés et parfois nous nous servions du cash pour les fournitures scolaires ».
Fatimata me raconte aussi que depuis quelques années, ses frères et sœurs reçoivent un repas scolaire, ce qui réduit les charges de la famille et permet à sa mère de pouvoir acheter d'autres variétés d'aliments, telles que de la viande ou encore du poisson. Chaque année au camp, le PAM fournit à près de 5000 élèves des repas scolaire. L'école devient alors un endroit sûr où la promesse d'un repas journalier fait la différence.
Hayay poursuit « finalement, grâce à cette assistance on n'a jamais ressenti le manque de nourriture, on avait toujours beaucoup d'énergie à l'école et je pense que c'est aussi cela qui nous a permis d'en être là aujourd'hui. »
Elles représentent à elles deux l'espoir de toute une famille, étant les seules à avoir pu accéder aux études supérieures pour le moment. Elles veulent changer leur vie et pouvoir réaliser leur rêve. « On rêve de réussir nos études, de faire un Master, de trouver du travail et de pouvoir ramener toute notre famille ici pour vivre ensemble et s'occuper d'eux comme ils se sont occupés de nous. Nous sommes si fières et reconnaissantes de ce qui nous arrive. » raconte Fatimata.
Sur cette note optimiste, nous proposons à Fatimata de faire le tour du bureau du PAM afin de voir les coulisses de cette assistance. Dans tous les bureaux où nous entrons pour la présenter, les collègues s'empressent de la féliciter, fiers de constater l'impact de l'assistance du PAM sur la vie des personnes comme Fatimata ou Hayay.
En 2019, le PAM a apporté une assistance alimentaire à quelques 55 000 réfugiés tous les mois à travers des distributions générales de vivres mais aussi avec des aliments nutritionnels spécialisés et des repas scolaires. Tout cela est rendu possible grâce au soutien continu de l'Arabie Saoudite, de l'Espagne, des Etats-Unis, de la Commission Européenne (ECHO), du Japon et du Royaume-Uni (DFID).