Des sacs hermétiques pour réduire les pertes post-récolte au Soudan
Le Programme alimentaire mondial (PAM) et le gouvernement du Soudan ont un objectif ambitieux : éliminer la faim d'ici 2030. Le PAM aide les agriculteurs du Soudan à accroître leur production grâce à la simple utilisation de sacs hermétiques.
, WFP (PAM)
Par Belinda Popovska, traduit de l'anglais
Au Soudan, les petits exploitants agricoles perdent environ 30 à 40% de leurs récoltes annuelles, principalement de leur sorgo, en raison des dégâts considérables causés par les insectes, les rongeurs et les moisissures. Les conditions climatiques ont un impact significatif sur les récoltes, en particulier les sécheresses qui se produisent régulièrement à l'est et l'ouest du Soudan. L'impact de ces pertes de récolte sur la production annuelle aggrave l'insécurité alimentaire dans de nombreux États où l'agriculture est la principale source de revenus.
Le PAM encourage les agriculteurs à utiliser des sacs hermétiques pour le stockage des récoltes au lieu des sacs traditionnels en jute, en les sensibilisant à la valeur potentielle des économies réalisées. Le PAM souhaite atteindre plus de 4 millions d'agriculteurs au cours des cinq prochaines années.
Suha Ali El-Sharief est une jeune entrepreneure dans la localité du Delta de l'État de Kassala. A seulement trente et un ans, cette mère de quatre filles dirige fièrement un groupe de 21 associations de petits exploitants agricoles qui regroupent plus de 600 membres dans la localité. La plupart des agriculteurs possèdent en moyenne 5 acres de terre (un peu plus de 2 hectares) avec une productivité moyenne de 7 sacs de sorgo par acre.
Voir c'est croire
Pour prouver l'efficacité des sacs hermétiques aux agriculteurs, une équipe du PAM a mené une expérience de comparaison des différents types de sacs auprès des agriculteurs sur une période de trois mois. A la fin de cette expérience, l'équipe a rendu visite au groupe d'agriculteurs pour l'ouverture des sacs afin de voir les résultats.
Suha fait partie des 45 000 petits exploitants qui utilisent des sacs hermétiques. Elle fait partie d'un des groupes de petits exploitants agricoles sélectionnés pour l'expérience : il leur a ainsi été demandé de garder trois sacs de cultures étroitement attachés et entreposés. Au bout de trois mois, Suha a organisé une réunion dans sa propre maison où une équipe du PAM et d'agricultrices ont assisté à l'ouverture des sacs après l'expérience de stockage.
Les résultats étaient étonnants : les récoltes stockées dans les nouveaux sacs hermétiques étaient intactes, exemptes d'infestation et aussi propres qu'elles l'étaient lors de leur stockage initial. Par ailleurs, si certaines cultures stockées dans les sacs hermétiques avaient toutefois été infectées, aucun des insectes n'était vivant, ce qui montre que les sacs hermétiques ont également contribué à éradiquer les insectes. En comparaison, les cultures stockées dans des sacs traditionnels (en jute) ont été endommagées, un problème courant pour les agriculteurs.
Pour Suha, « c'est un projet très réussi car les pertes post-récolte sont presque minimes. C'est une excellente initiative du PAM qui continue d'aider les gens à travers le pays. »
Une technique économique à reproduire
Le PAM fait appel au secteur privé pour fabriquer et distribuer les sacs hermétiques localement et à un prix raisonnable. Il s'agira là d'un élément essentiel du plan du PAM afin d'atteindre des millions de petits exploitants agricoles dans tout le Soudan au cours des prochaines années.
Les femmes présentes à l'événement de Suha ont toutes exprimé leur volonté d'utiliser des sacs hermétiques pour la prochaine récolte. Elles ont toutefois demandé que ces sacs soient vendus à des prix abordables, égaux ou inférieurs à ceux du jute traditionnel. Un sac hermétique coûte actuellement 2 $US, soit seulement 0,60 cents de plus que le sac de jute traditionnel.
Le Soudan dépend fortement du secteur agricole : deux tiers de la population vivent dans les zones rurales et représentent 40 % du produit intérieur brut (PIB). Ce même secteur emploie 80 % de la population active, dont environ 60 % de femmes, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique.
« Nous vivons dans un pays agricole et je crois que nous ne pouvons prospérer que si nous nous concentrons sur l'agriculture et si nous utilisons efficacement nos vastes terres fertiles », nous confie Suha.
