Des réfugiés de la République centrafricaine se mettent en sécurité au Cameroun
L'immensité du camp de réfugiés de Gado-Badzéré, à 30 km de la frontière Est du Cameroun avec la République Centrafricaine (RCA) est un spectacle désolant.
C'est par là qu'arrivent les réfugiés un matin pluvieux de janvier. Les chefs de famille ouvrent la voie pendant que le personnel du PAM et du UNCHR prennent le nom de chaque personne. Le Gouvernement du Cameroun veut s'assurer que chaque réfugié fuyant la violence dans son pays d'origine soit pris en compte. Les premières personnes arrivées accueillent en première ligne ceux en train d'arriver. Tout le monde espère retrouver un parent ou un ami, ce qui n'arrive qu'occasionnellement.
Mariam, 65 ans, fait partie de ceux qui cherchent désespérément leur famille. Il y a quelques jours, des hommes armés sont arrivés dans sa ville natale de Bouar, tirant et tuant au hasard dit-elle.
“Je me suis simplement joint à la foule de villageois en fuite, jusqu'à ce que nous arrivions à la frontière avec le Cameroun,” raconte Mariam. "Nous avons marché pendant plus de trois jours."
Mariam fait partie des 120 000 habitants de la République Centrafricaine qui ont fui leur patrie à la suite d'une recrudescence de la violence en décembre. La plupart ont fui de l'autre côté de la frontière vers la République Démocratique du Congo. Environ 5 000 personnes ont rejoint le Cameroun, où le PAM soutient déjà près de 600 000 personnes chaque mois, dont plus de 200 000 réfugiés de la RCA. Encore plus de personnes sont attendues dans les semaines à venir.
Avec le soutien de l'USAID, le PAM a déjà fourni environ 20 tonnes de nourriture tels que du riz, des haricots et de l'huile végétale, pour permettre aux réfugiés de préparer leurs propres repas et s'installer.
Pour Mariam, l'assistance alimentaire du PAM est une bonne nouvelle. Elle est restée bloquée à la frontière pendant trois jours, fatiguée de marcher et sans espoir de parvenir à traverser. Confrontée à la faim, elle a estimé qu'il était impossible de revenir en arrière.
Tout ce qu'elle souhaitait à ce moment-là était un peu de nourriture et d'eau pour retrouver un minimum de force et terminer son voyage. Finalement, un autre réfugié lui présente un motocycliste, qui va lui permettre de finir la traversée jusqu'au Camroun.
“J'ai toujours été en mesure de répondre à mes besoins,” dit-elle. “La nourriture n'a jamais été un défi. Maintenant, je dois faire la queue pour les rations alimentaires.”
Mariam a peut-être trouvé un abri et un repas garanti, mais elle a le coeur brisé, dit-elle, sachant que les autres n'ont peut-être pas eu autant de chance qu'elle. Elle a emménagé dans une petite tente fournie par le UNHCR, avec Vanessa, une mère handicapée et ses deux enfants.
Ils sont arrivés ici grâce à la bravoure de son mari, qui a mis la sécurité de sa famille avant la sienne. Vanessa ne sait toujours pas si son mari s'en est sorti vivant.
Dans tous les cas, elle demande, “Maintenant que nous sommes en sécurité, que mangerons-nous ?”
Plus de la moitié des nouveaux réfugiés ici sont des enfants. Une inquiétude supplémentaire, en particulier pour les femmes comme Leticia, une mère enceinte de trois enfants. Elle est reconnaissante pour le mois de nourriture reçu du PAM, mais elle souhaite qu'il y en ait davantage.
Leticia souligne un fait douloureux: le PAM fonctionne à la limite de ses ressources. Déjà, plusieurs milliers de réfugiés centrafricains ont traversé la frontière avec le Cameroun rien qu'en janvier. Cela met une pression énorme sur les opérations pour assurer à tous de quoi manger.
Dans l'ensemble, l'organisation a besoin d'urgence de 1,6 million de dollars américains pour soutenir ses opérations dans le région de l'Est du Cameroun au cours des six prochains mois.
Natenge a aussi ses soucis. Avec dix enfants, elle est à la tête de la plus grande famille du camp. C'est une tâche ardue de nourrir ses garçons et ses filles avec le même repas de riz et de haricots pendant 30 jours consécutifs. Mais elle est enthousiaste et pleine d'espoir pour l'avenir.
“Je suis sûre que nous pouvons braver tout ce qui viendra après cette expérience, tant que ce n'est pas la mort,” dit-elle dans un français approximatif. “Nous avons déjà survécu à tellement d'épreuves.”
Les sourires sont difficiles à trouver dans ce camp. Il y a beaucoup à craindre. Des proches laissés pour compte. Compagnons décédés en chemin. Sources de revenus détruites et incertitude pour l'avenir. Mais ici, il y a un lien - la nourriture.
Malgré leurs tragédies et leurs chagrins personnels, tout le monde ici sait ce que ça fait d'avoir faim. Au cours du mois dernier, ils se sont tous demandé au moins une fois s'ils devaient conserver la ration du jour pour le lendemain, ou s'ils devaient donner une partie de leur nourriture à l'enfant du voisin, ou encore laisser échapper son propre cri pour en demander plus. C'est ce chagrin partagé qui rassemble les gens. Ainsi, pendant que les femmes se réunissent pour cuisiner, les hommes aident à ramasser du bois et les enfants sont disposés à rendre tous les services. Tout le monde fait ce qu'il peut pour que personne ne s'endorme le ventre vide.
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