Le pouvoir des pois : de nouvelles cultures changent des vies en Zambie
Cet article marque la troisième Journée Internationale des légumineuses, célébrée par les Nations Unies ce 10 Février
“Les légumineuses ont changé ma vie” dit Emeldah, faisant référence plus particulièrement à la famille des pois qui comprend les haricots, les pois chiches, et les lentilles. “Elles ont non seulement amélioré mes revenus, mais aussi la santé de ma famille et de ma communauté.”
Emeldah habite à Monze – une petite ville agricole de la province Méridionale de la Zambie – et fait partie des 150 000 agriculteurs soutenus par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) dans le pays.
Comme la plupart des agriculteurs de la zone, elle dépend de l'agriculture pluviale dans une région où les conditions climatiques sont défavorables: sécheresses sévères et pluies intenses. Pendant des générations, sa famille n'a cultivé que du maïs - une culture très sensible à la sécheresse et aux inondations, et qui domine la production alimentaire en Zambie, où une faible diversité alimentaire se traduit par un retard de croissance chez 35 pour cent des enfants.
“Avec le temps, les périodes de sécheresse et les sécheresses sont devenues plus longues et plus intenses, et notre communauté ne pouvait plus prédire la pluviométrie” explique Emeldah. “Année après année, je ne savais pas si mon maïs pourrait être récolté.” Avec une telle imprévisibilité, Emeldah voulait reprendre le contrôle de sa vie. En 2017, elle a rejoint le groupement agricole local soutenu par le PAM pour permettre aux agriculteurs de produire plus, réduire les pertes post-récolte, accéder à de nouveaux marchés et augmenter leurs revenus.
Près de 27 000 petits producteurs comme Emeldah ont bénéficié d'un accès à des semences résistantes à la sécheresse. Les légumineuses - comme le niébé - sont l'une des cultures encouragées par le PAM, car elles sont peu coûteuses, faciles à stocker, très nutritives et peuvent résister au stress de la sécheresse.
Pour Emeldah, tout a commencé avec sa première récolte de niébé, la plus importante de toute sa vie.
‘’Lorsque je ne cultivais que du maïs, je gagnais environ 8 000 kwachas zambian [environ 370 dollars] lors d'une bonne année,” explique Emeldah. “Même pendant la sécheresse de la saison 2018-2019 ... J'ai récolté 11 tonnes de niébé, cinq fois plus. Aucun de mes maïs n'a été récolté cette année-là.”
Le rendement du niébé lui a permis de mettre de la nourriture sur sa table et de payer les frais de scolarité de ses enfants, à un moment où des centaines de milliers d'agriculteurs ont demandé une aide alimentaire après avoir perdu des champs entiers de maïs.
Un besoin sur le marché
Emeldah a commencé à cultiver encore plus de légumineuses : haricots verts, soja, niébé et haricots bruns, en plus du maïs, des arachides et des patates douces.
Elle a également repéré l'absence sur le marché de nourriture à base de légumineuses. Pendant des années, elle a préparé des beignets de maïs pour les vendre à sa communauté. Maintenant, elle a diversifié ses préparations et a porté son entreprise à un tout autre niveau.
“J'ai appris à faire des saucisses, des beignets et des hachis de niébé. Je peux aussi faire du café, du lait, des scones et des gâteaux à base de soja, ainsi que de la salade de pois et de la purée de haricots bruns” dit-elle. “Vous pouvez littéralement tout préparer à partir de légumineuses - vous pouvez avoir un repas complètement différent pour le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, chacun riche en protéines.
“Ma communauté adore mes préparations. Les saucisses de niébé rencontrent un véritable succès. Chaque jour je gagne environ 2 000 ZMW [93 $ USD] avec mes ventes. Avant il me fallait une semaine pour gagner une telle somme d'argent avec la vente de mes beignets de maïs ”
Grâce à une formation nutritionnelle du PAM sur l'importance d'une alimentation saine, Emeldah a également appris à faire de la bouillie de niébé.
"J'ai commencé à faire de la bouillie de niébé pour les enfants de ma communauté. Cela les aide à grandir en bonne santé et à devenir forts. J'échange mes recettes avec les membres de mon groupement agricole et j'organise des démonstrations culinaires dans mon village pour que nous puissions tous en profiter," explique-t-elle.
Les avantages sont triples car ils permettent de lutter contre le "triple fardeau" de la malnutrition (la sous-alimentation, le surpoids et l'obésité), croissant en Zambie avec des taux d'obésité atteignant 23 % chez les femmes et les filles.
“J'ai vu non seulement la santé de mes enfants s'améliorer, mais aussi celle de ma communauté. Nos enfants sont forts maintenant, et les gens mangent mes produits à base de légumineuses, au lieu de ne consommer que du maïs, ou d'acheter dans des magasins des aliments transformés mauvais pour la santé,’’ explique Emeldah.
Mais son histoire ne s'arrête pas là. Après avoir reçu une formation sur l'entrepreneuriat et la gestion d'entreprise du PAM, Emeldah a commencé à utiliser les bénéfices de ses ventes et à augmenter ses récoltes pour racheter et revendre les récoltes des autres agriculteurs, et attirer ainsi de plus gros acheteurs.
Acheter en gros
“En 2020, j'ai gagné 64 000 ZMW [2 972 $ US] en rachetant les productions des autres agriculteurs et en les revendant à de plus gros acheteurs,’’ dit-elle. “J'attire de plus gros acheteurs dans ma ferme car j'ai suffisamment de revenus pour acheter et revendre en vrac les produits pour rendre leur visite intéressante.’’
“J'ai aussi utilisé une partie de mes bénéfices pour acheter des chèvres. Je suis en train de construire un entrepôt pour pouvoir acheter, stocker et vendre encore plus de produits, ainsi qu'un magasin pour vendre mes préparations à base de légumineuses. Un jour, j'espère gagner suffisamment d'argent pour envoyer mes enfants à l'université’’
Le travail du PAM en Zambie avec les petits agriculteurs est soutenu par l'Allemagne, la Suède, la Suisse, et le Fonds vert pour le climat.