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COVID-19 : Prévention “hors réseau” au Tchad

Comment communiquer le changement de comportement au Tchad pendant une pandémie mondiale
, María Gallar
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Tout le monde a besoin d'informations sur la manière de prévenir la propagation de COVID-19. Photo: WFP

Dans cette période de la pandemie du COVID-19, la limitation des déplacements, des rassemblements, des distances physiques, le lavage récurrent des mains et l'utilisation de masques et de gants font partie d'un mode de vie responsable qui vise à contrôler le virus, sont les normes. S'il n'a pas été facile de communiquer le changement de comportement dans les pays dits développés avec des outils numériques de haute technologie, qu'en est-il des personnes dans les pays dits moins développés? Comment atteindre ceux qui vivent "hors réseau"?

Le Tchad est un pays vaste, mais peu peuplé, situé au nord de l'Afrique centrale. Près de 77 % de sa population vit dans des zones rurales, avec un accès limité ou inexistant aux technologies fixes, mobiles ou Internet. La radio est le média de diffusion le plus populaire ; cependant, les fréquences ne couvrent pas tout le territoire et de nombreuses familles ne disposent pas d'un transistor.

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Un travailleur communautaire en action au Tchad. Photo: WFP

Pour sensibiliser et protéger les tchadiens contre le COVID-19, le gouvernement du Tchad et les Nations unies s'appuient sur les gardiens traditionnels de l'information : les journalistes dans les villes et les travailleurs communautaires et troubadours dans les campagnes.

"Il est essentiel de travailler avec eux pour éviter un manque de compréhension qui peut rapidement se traduire par des rumeurs, de la désinformation et des soupçons sur les interventions sanitaires. Ils ont le bouche-à-oreille le plus fiable au sein de leurs communautés", explique Violet Kakyomya, Coordinatrice Résidente des Nations unies au Tchad .

Afin d'améliorer la communication entre pairs — tant en milieu urbain que rural — les Nations unies ont également équipé 1 040 travailleurs communautaires dans huit provinces pour promouvoir des habitudes saines et dissiper tout doute sur COVID-19. Ces agents sont choisis par les communautés elles-mêmes et opèrent sous la supervision du Ministère de la santé.

Plus de 200 000 affiches de sensibilisation ont été placées sur les murs des bâtiments publics, des marchés, des écoles, des centres de santé et des sites de projets dans 16 provinces. Ces affiches encouragent la population à se laver régulièrement les mains, à se saluer à distance et à éviter de se toucher le visage, entre autres.

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Plus de 200 000 affiches ont été placées sur les murs. Photo: WFP/Sonia Assoue

"Beaucoup de gens disent que le coronavirus ne peut pas survivre dans la chaleur du Tchad, alors je leur dis que ce n'est pas vrai. Qu'il y a déjà des cas dans notre pays. Je leur explique que le coronavirus est une pandémie mondiale et qu'ici, à ce stade, le plus important est de se protéger et de protéger les autres", explique Amina Gomnalta, assistante sociale dans le quartier central de N'Djamena. "J'ai cloué les affiches sur la porte, dans la station de lavage des mains et dans la salle d'attente du centre de santé. Chaque matin, je demande aux gens de respecter les mesures de sécurité, au centre de santé mais aussi à la maison", ajoute-t-elle.

80 troubadours se déplacent actuellement dans huit provinces pour sensibiliser les habitants des régions isolées à la méthode COVID-19. Ces crieurs bougent avec des ânes, des chevaux ou des chameaux d'une communauté à l'autre, partageant les nouvelles dans les langues locales.

À N'Djamena, la capitale, plus de 60 journalistes des médias publics, privés et communautaires ont été formés depuis le début de l'urgence sanitaire sur le reportage responsable, l'utilisation de sources fiables, la vérification des faits et l'identification des fausses nouvelles. Dans les zones urbaines, la plupart des gens regardent la télévision et écoutent la radio, c'est pourquoi les journalistes sont des informateurs clés et des faiseurs d'opinion.

Les Nations unies s'efforcent également de prévenir la COVID-19 parmi les populations déplacées et touchées par la crise. Le Tchad accueille la plus grande population de réfugiés du Sahel : près d'un demi-million de personnes qui ont fui les violences au Soudan, au Nigeria et en République centrafricaine, pays voisins. En outre, on compte plus de 200 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays autour du Lac Tchad et plus de 83 000 retournés dans le pays.

Les Nations unies soutiennent les efforts de sensibilisation du gouvernement et le Plan national de réponse pour faire face à l'impact socio-économique de COVID-19.