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Construire la résilience contre le coronavirus en Mauritanie

, Melissa Gonçalves Marques

Avec l'appui du Programme alimentaire mondial (PAM), les communautés vulnérables d'un village situé dans le sud du pays ont pu atténuer les impacts de l'épidémie de COVID-19.

Gvava Peul est une bourgade de 690 habitants situé à 645 km de Nouakchott. Depuis la levée des restrictions le 10 juillet dernier, les villageois s'attèlent à construire une clôture pour lutter contre la divagation animale dans leurs champs. Une reprise des activités communautaires qui marque la levée des restrictions mises en place par le gouvernement mauritanien pour lutter contre la propagation du virus, et une réouverture du village de Gvava Peul aux autres agglomérations.

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Aperçu du village de Gvava Peulh depuis le ciel — WFP/Bechir Maloum

En effet, la localité a connu une période d'autarcie dans le cadre de la riposte contre la pandémie de coronavirus plongeant ainsi ses habitants dans une situation de vulnérabilité, notamment alimentaire. « Avec l'arrivée du COVID-19, nous avons été coupés des grandes villes. Le ravitaillement était difficile pendant cette période. », témoigne Djenaba Wassa, une femme âgée de 52 ans assise dans un vêtement en tailleur dans la khaïma du village, la tente traditionnelle utilisée par les nomades dans les zones désertiques et arides de la Mauritanie.

« Tout le monde restait chez soi. Aussi, il y a eu un impact fort dans la vie des gens, car la peur de l'autre était très présente. » — ajoute Djenaba. Et de poursuivre que « Par exemple, pour faire transporter un sac de riz depuis Kiffa, le prix est passé de 0,6 euros à 2,2 euros. »

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Djenaba Wassa, présidente du comité villageois pour la nutrition — WFP/Melissa Marques

Et « même si certaines activités ont été stoppées à cause des restrictions pendant quelques mois, aujourd'hui elles reprennent leur cours en s'adaptant, en respectant les mesures barrières. » explique Djenaba.

Travaux communautaires et résilience

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Mamadou Ba, président du comité villageois en charge de superviser les travaux communautaires — WFP/Melissa Marques

Depuis 2019, Gvava Peulh, bénéficie du programme de résilience du PAM, à travers lequel un paquet d'activités intégrées a été mis en place pour renforcer la résilience des foyers vivant dans le village. Ce projet adopte une démarche durable, plaçant la communauté au cœur des de la mise en œuvre des activités, à travers les Planifications Communautaires Participatives (PCP), qui permettent une appropriation locale et spécifique pour chaque localité. Au total, ce paquet comprend cinq activités. D'une part, les villageois s'attèleront à la réhabilitation d'un barrage et de cordons pierreux afin de mieux gérer l'eau et de contribuer à reverdir les terres. Puis le PAM soutiendra la cantine scolaire, afin de permettre aux enfants d'être mieux nourris et de s'assurer qu'ils restent scolarisés. Puis la prévention de la malnutrition est essentielle pour briser ce cycle vicieux, souvent intergénérationnel, un groupe de femmes sensibilisent leurs voisines aux bonnes pratiques en la matière. Enfin, des transferts monétaires pendant la saison de soudure sont mis en place afin de s'assurer que les agriculteurs puissent cultiver sereinement, sans devoir avoir recourt à la mendicité ou à la migration pour survivre.

Ces actions qui font leurs preuves, qui plus est, dans une situation de crise sanitaire comme celle de la pandémie. Ainsi, les activités créent une dynamique au sein du village, un cercle vertueux qui améliore le quotidien des villageois et leur résistance aux chocs. Le chef du village nous parle notamment du barrage, « Nous sommes passés de 20 ha à 56 ha cultivables, permettant à toutes les familles d'avoir leur parcelle. » Ce barrage a été réhabilité par les habitants du village eux-mêmes, aujourd'hui ils en récoltent les fruits. « Les récoltes nous servent pour notre consommation personnelle, ainsi que pour la vente qui nous permet d'acheter d'autres produits comme le riz, l'huile ou encore le sucre. La vente nous sert aussi pour l'achat de caprins et petits bovins. » — ajoute-t-il.

« La distribution d'argent pour nous appuyer durant la saison de soudure a aussi été une bénédiction pour nous car nous avons pu sortir la tête de l'eau, rembourser les dettes que nous avions contractées pendant les mois passés et recommencer à acheter de la viande. », Hawa Ya Rossi, bénéficiaire du programme résilience.

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Barrage de Gvava Peulh — WFP/Bechir Maloum

Cela a eu des impacts positifs également sur la dynamique sociale du village, comme le souligne Djenaba « Avant la construction du barrage, juste après les récoltes, le village était vide à cause de la migration temporaire, les hommes allaient rejoindre les grandes villes du pays pendant des mois pour trouver de nouveaux revenus avant de revenir pour la saison des récoltes. Maintenant, avec le barrage les hommes sont restés, sauf ceux qui sont partis pour la transhumance surtout pendant la saison de soudure. Les hommes restent auprès de leur famille, et cela ça n'a pas de prix. »

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Habitants du villages construisant des clôtures dans le cadre du projet résilience — WFP/Melissa Marques

Désormais, le village attire de nouveaux habitants venus depuis une autre région de Mauritanie. Depuis la construction du barrage, quelques familles ont fait le chemin depuis sont la région du Guidimakha, à 170km de Gvavah Peul. Un succès — dû en partie au soutien apporté par la coopération allemande BMZ — dont le chef de village et ses habitants sont fiers aujourd'hui.