2023 en images : les réductions des rations menacent des millions de personnes confrontées à la faim
Au cours de l’année écoulée, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a connu le pire déficit de financement de ses 60 ans d’histoire : nous n’avons collecté que 7,5 milliards de dollars sur les 23,5 milliards de dollars prévus.
Cela a entraîné une réduction colossale du nombre de personnes que nous servons. Alors que 333 millions de personnes dans le monde sont confrontées à une faim aiguë, nous avons été contraints de réduire les rations de millions de personnes dans des pays comme la Syrie, la République démocratique du Congo, Haïti et le Yémen, enfonçant davantage les familles dans la faim.
L’ironie tragique est que de nombreux endroits où le PAM opère devraient non seulement prospérer par eux-mêmes, mais aussi produire de la nourriture que les habitants d’autres pays pourraient également consommer.
Au début de l'année 2023, Matthew Hollingworth, le directeur pays du PAM en Ukraine, résumait clairement la situation : "nous fournissons une aide alimentaire dans l'un des pays les plus fertiles au monde. C'est pervers. Nous ne devrions pas avoir besoin d’être ici – mais nous le sommes, et nous le faisons."
Mais alors que les conflits et les extrêmes climatiques ne montrent aucun signe de ralentissement, l’aide humanitaire reste la seule bouée de sauvetage pour des millions de personnes. Ci-dessous, quelques-uns des pays où le PAM a dû réduire son aide en 2023...
Afghanistan
En janvier 2023, le PAM a aidé 13 millions de personnes en Afghanistan. Aujourd’hui, nous fournissons une aide alimentaire d’urgence à seulement 3 millions de personnes chaque mois, après des réductions drastiques en mai et septembre. Le PAM a besoin d'un financement urgent pour aider les familles particulièrement vulnérables pendant l'hiver.
Bangladesh
Nous avons été contraints de suspendre l’aide alimentaire vitale destinée à l’ensemble de la population rohingya, soit près d’un million de personnes, dans les camps de Cox’s Bazar. En conséquence, davantage d’enfants sont admis dans des programmes de traitement pour la malnutrition aiguë sévère et modérée ; et la durée du traitement s'allonge également.
République démocratique du Congo
Depuis mars 2022, plus de 3,3 millions de personnes ont été déplacées en raison du récent conflit dans l'est de la RDC, portant le nombre de personnes déplacées dans tout le pays à 6,9 millions. Entre janvier et août, près de 50 000 cas de violence basée sur le genre ont été signalés dans les provinces orientales de l'Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu touchées par le conflit, mais le déficit actuel de financement du PAM, soit 472 millions de dollars pour la RDC, limite sa portée.
Haïti
En juillet, le PAM a été contraint de réduire de 25 pour cent le nombre de personnes bénéficiant d’une aide alimentaire d’urgence, privant ainsi d’aide alimentaire 100 000 Haïtiens parmi les plus à risque.
Palestine
En juin, en Cisjordanie et à Gaza, nous avons dû retirer de nos programmes 200 000 personnes qui dépendaient de l’aide du PAM – soit 60 pour cent des personnes que nous aidions en Palestine.
Journal de Gaza : “Si la mort ne vient pas des frappes aériennes, elle viendra de la faim”
Alors que la guerre à Gaza entre dans son troisième mois, les besoins ont grimpé en flèche : 1,8 million de personnes sont déplacées et luttent pour trouver de la nourriture et de l'eau. Le PAM s'est joint aux appels en faveur d'un cessez-le-feu.
Mozambique
Au début de l'année, le PAM distribuait encore une aide alimentaire mensuelle à 1 million de personnes. Aujourd'hui, nous ne pouvons atteindre que 500 000 personnes une fois tous les deux mois.
Soudan du Sud
Les deux tiers de la population, soit 7,76 millions de personnes, sont confrontés à la faim, dont 43 000 personnes sont confrontées à une faim catastrophique. Pourtant, le manque de financement signifie que le PAM ne peut aider que les 3,2 millions de personnes confrontées aux niveaux d'insécurité alimentaire les plus élevés du pays.
Syrie
Le PAM a réduit l'aide alimentaire générale de 40 pour cent par rapport aux 5,5 millions de personnes que nous aidions dans le pays (et qui recevaient déjà des demi-rations). Ainsi, depuis juillet, nous avons maintenu l’aide alimentaire générale à seulement 3,2 millions de personnes – mais même cela devrait prendre fin dans les semaines à venir.
La route à suivre
La réduction de l’aide a des conséquences incalculables pour des millions de personnes et met en péril des années de travail et de progrès dans la lutte contre la faim et la malnutrition.
Nous risquons d’entrer dans une boucle humanitaire désastreuse, dans laquelle le PAM sauve les affamés au profit de ceux qui ont moins faim, les enfonçant encore plus profondément dans la faim et les rapprochant au bord du gouffre.
Et il n’est pas trop tard pour les éloigner du gouffre. Mais nous avons besoin du financement adéquat rapidement, sinon une catastrophe menace des millions de personnes en 2024.