Le PAM et le HCR demandent des fonds d'urgence pour éviter de nouvelles réductions des rations des réfugiés au Tchad
N'DJAMENA - Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, ont averti aujourd'hui que le PAM sera contraint d'effectuer des coupes supplémentaires dans l'assistance alimentaire aux réfugiés, déjà en baisse, en avril et pourrait être confronté à une suspension complète de l'assistance en mai 2023 - sans un financement immédiat et durable.
Les réfugiés, les personnes déplacées et les communautés d'accueil au Tchad, en particulier ceux qui viennent d'arriver, ont été poussés à leur limite par les effets combinés de l'insécurité croissante, des chocs climatiques et de l'augmentation du coût des denrées alimentaires qui aggrave la faim et la malnutrition.
Le PAM a besoin d'urgence de 142,7 millions de dollars au cours des six prochains mois pour maintenir son programme d'aide aux réfugiés et fournir une assistance alimentaire vitale aux communautés affectées par la crise. D'importants déficits de financement ont déjà contraint le PAM à réduire l'aide alimentaire au cours des derniers mois. En avril, le PAM ne peut venir en aide qu'à 270 300 des 600 000 réfugiés que compte le pays, avant d'interrompre complètement l'assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) en mai.
"S'il n'y a plus d'aide alimentaire en mai, ce sera une catastrophe pour les réfugiés comme pour les populations d'accueil, car la période de soudure approche à grands pas et nous assisterons à une recrudescence de la faim. Nous devons agir maintenant pour nous assurer que nous pouvons continuer à fournir une assistance alimentaire vitale", a déclaré Pierre Honnorat, représentant du PAM au Tchad.
Le Tchad abrite plus d'un million de personnes déplacées de force, dont environ 600 000 réfugiés, principalement originaires du Soudan, de la République centrafricaine (RCA), du Cameroun et du Nigeria, et 381 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays. Sur les 600 000 réfugiés, quelque 145 000 (environ 24 pour cent) sont arrivés au Tchad depuis 2018, et de nouveaux groupes continuent d'arriver chaque année ; principalement du Soudan - mais aussi de la RCA et du Nigéria.
Les dernières missions d'évaluation menées par le PAM et le HCR dans les camps de réfugiés et les zones d'accueil ont fait état d'une détérioration inquiétante de la situation nutritionnelle et de la sécurité alimentaire des réfugiés et d'une forte dépendance à l'égard de l'aide humanitaire parmi les communautés de réfugiés, en particulier les nouveaux arrivants et les groupes les plus vulnérables. Tout récemment, on a constaté une augmentation de 65 pour cent du nombre d'enfants souffrant de malnutrition admis dans les programmes de traitement dans les camps de l'Est du pays.
"Malgré l'augmentation des besoins, les programmes d'aide aux réfugiés au Tchad souffrent d'un sous-financement chronique. Les réfugiés les plus vulnérables et ceux qui sont arrivés ces dernières années peinent à s'en sortir et ont cruellement besoin d'une assistance alimentaire continue. Parallèlement, le HCR et les partenaires de développement recherchent des programmes de résilience à long terme. Les réductions imminentes de l'aide du PAM, aggravées par la situation financière difficile du HCR, ont un impact terrible sur la protection et le bien-être des personnes déplacées de force", a averti Laura Lo Castro, représentante du HCR au Tchad.
Un cercle vicieux de malnutrition est créé au sein des communautés, conduisant parfois à des risques accrus de protection, à la mortalité maternelle avec des effets négatifs irréversibles, en particulier pour les enfants, tels que des retards de croissance et des retards de développement intellectuel.
"Les donateurs gouvernementaux, le secteur privé et les particuliers doivent augmenter d'urgence leur soutien afin que nous puissions répondre aux besoins critiques tout au long de l'année et développer des solutions durables qui mettront fin à la dépendance à l'aide alimentaire", a ajouté M. Honnorat.
Le HCR a également besoin de 172,5 millions de dollars pour continuer à fournir une protection et une aide d'urgence à plus d'un million de personnes déplacées de force et à leurs hôtes au Tchad. Jusqu'à présent, seuls 15 % des fonds requis par le HCR ont été obtenus.