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WFP Aviation : une femme à la tête du transport aérien du PAM

Entretien avec Sandra Legg, chef du transport aérien du Service aérien d'aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS) au Tchad et première femme à diriger une opération d'aviation sur le terrain pour le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
, WFP (PAM)

par Fabiana Lubetkin, traduit de l'anglais

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La gestion d'une opération du UNHAS nécessite la coordination des besoins et des intérêts d'une variété de parties prenantes. Photo : PAM/ Photothèque

Qu'est-ce que ça fait d'être la première femme à occuper le poste de chef du transport aérien ?

Je suis très heureuse d'occuper ce poste. Au début, j'étais nerveuse à l'idée d'assumer ce rôle, car c'est une grande responsabilité. Dans un pays aussi vaste que le Tchad, l'ampleur du travail est énorme, d'autant plus que l'UNHAS est comme la « compagnie aérienne nationale » au Tchad.

Comment se déroulent vos journées de travail ?

Bien que ma journée commence généralement à 6h30 et se termine le soir, je suis de garde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Je m'y rends dès les premières heures pour soutenir mon équipe, que ce soit au bureau des opérations ou à l'aéroport.

Et puis, alors vous pensez que tout se passe bien, vous recevez une demande compliquée, comme une évacuation médicale par exemple, ou un appel disant que la piste est mouillée et inaccessible à l'avion. On ne s'ennuie jamais dans ce travail.

Quel est votre rôle ?

Nous devons nous assurer que l'avion vole, que nos passagers humanitaires et nos donateurs sont satisfaits, que les missions importantes sont planifiées correctement et que les terrains d'aviation sont sûrs. Mais nous faisons aussi en sorte que l'atmosphère de travail soit propice et productive, et que les autorités et la direction collaborent et restent averties des questions importantes. Les passagers, les équipages, les manutentionnaires au sol à l'aéroport, la police de l'immigration, les agents du protocole, le personnel de l'aviation civile, les chauffeurs : toutes ces personnes sont importantes pour notre travail, elles sont comme les pièces du puzzle.

En tant que femme, à quels défis faites-vous face dans votre rôle ?

Généralement, lorsqu'ils me rencontrent pour la première fois, les gens ont tendance à avoir une perception préconçue et doutent de mes capacités. Mais je m'efforce de gagner leur confiance et de gagner rapidement leur esprit et leur cœur. Nous travaillons tous ensemble vers le même but.

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Mme Amina Mohammed, Secrétaire générale adjointe de l'ONU, au Tchad. Photo : PAM/Photothèque

Votre façon de faire le travail est-elle différente de celle d'un homme ?

Pas du tout. J'aime à penser que nous sommes égaux, mais je reconnais quelques petites différences. Peut-être qu'en tant que femme, j'aurai tendance à regarder plus en détail et à laisser les émotions jouer un rôle dans tout ce que nous faisons. Cependant, j'aime que les hommes et les femmes fassent équipe, cela crée une excellente atmosphère de travail.

Pourquoi pensez-vous qu'il y a encore peu de femmes au sein de l'industrie aéronautique ?

Par peur de l'inconnu peut-être. Mais les femmes sont coriaces et tout aussi intelligentes. Elles font leur travail avec grâce et cœur, peu importe le défi à relever. J'encourage sincèrement les autres femmes à essayer de se joindre à nous dans cette industrie parce qu'en aviation, une fois qu'on commence, on ne s'arrête jamais, c'est addictif. Voir un avion voler de ses propres forces ne cesse de m'étonner.

Que peut-on faire pour changer la perception selon laquelle l'aviation est une industrie dominée par les hommes ?

Il y a beaucoup de femmes dans l'industrie. Elles travaillent comme hôtesses de l'air, aux comptoirs d'enregistrement, au service à la clientèle notamment. Mais je les encourage à être ambitieuses et à pousser encore plus loin.

Les femmes devraient occuper des postes dans les domaines de la sécurité aérienne, de la gestion au sol et de l'ingénierie aéronautique ; elles devraient devenir pilotes. Il n'y a rien de plus gratifiant que de voir quelqu'un évoluer dans sa carrière.

En tant que mère de trois enfants, j'ai dû jongler avec ma vie de famille et un travail exigeant pendant de nombreuses années. C'était difficile, mais comme je l'ai dit, lorsque vous aimez ce que vous faites, tout est possible, et tous vos efforts porteront leurs fruits.

Que conseillez-vous aux femmes qui souhaitent devenir chef du transport aérien ?

Dans le domaine de l'aviation, les qualifications sont très importantes, alors pendant que vous travaillez, obtenez les licences nécessaires, suivez la formation en ligne offerte par les autorités aéronautiques, apprenez à connaître les autorités du pays où vous travaillez, captivez votre personnel, prêchez par l'exemple.

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L'équipe de l'UNHAS au Tchad permet au personnel de 90 organisations humanitaires de se déplacer là où leur travail est nécessaire. Photo : PAM/Photothèque

Quelles sont les leçons les plus précieuses que vous ayez tirées de votre expérience ? Qu'est-ce qui vous fait penser que vous avez réussi dans votre travail ?

La satisfaction des utilisateurs est très gratifiante. La meilleure partie de ce poste, c'est d'accomplir le travail et de voir les résultats immédiatement.

Au Tchad, la communauté humanitaire vient en aide à plus de 400 000 réfugiés du Soudan, de la République centrafricaine et du Nigeria ainsi qu'à 2,6 millions de Tchadiens vulnérables et aux personnes déplacées. Grâce aux vols de l'UNHAS, le personnel de 90 organisations humanitaires peut accéder rapidement à l'épicentre des crises.

Comme l'a dit le Pape François, « ne donnez pas un chiffre à une personne, donnez-lui un nom ou un sentiment ». Tous ceux que nous servons sont des humains, et nous devons prendre soin d'eux.

Mettez-vous dans leur situation : un humanitaire qui a travaillé dur sur le terrain, faisant face à tous les défis liés à l'électricité, à l'eau, à la chaleur extrême, aux tempêtes de sable, à la fatigue, et qui est prêt à rentrer chez lui et qui entend soudainement que le vol est annulé. Ou encore un bénéficiaire qui est sous votre responsabilité, qui est dans un état critique et a immédiatement besoin de ce vol de sauvetage. Je suis reconnaissante que notre mandat nous offre l'occasion de servir ainsi.

Le Service aérien d'aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS), géré par le PAM, offre à l'ensemble de la communauté humanitaire un transport sûr, fiable, économique et efficace. Il transporte des passagers et de la marchandise légère à destination et en provenance des zones de crise et d'intervention.

Au cours de ses 24 années de carrière au PAM, Sandra Legg a déployé ses compétences en aviation pour sauver et changer des vies dans plusieurs pays du monde, en particulier dans certaines des opérations les plus difficiles du PAM. Membre de Women in Aviation International (WAI), elle est un vrai modèle pour les femmes aspirant à travailler dans le monde des opérations aériennes humanitaires, un secteur encore dominé par les hommes.

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