Le Programme alimentaire mondial (PAM) s'emploie à aider plus de 50 000 personnes affectées par les violences meurtrières à Palma, une ville de la région troublée de Cabo Delgado au Mozambique.
«C’est une véritable catastrophe humanitaire», déclare Lola Castro, Directrice régionale du PAM pour l’Afrique australe, «les gens partent par tous les moyens - en bateau, à pied, par la route.»
Le PAM distribue des colis alimentaires d'urgence pour «soutenir les gens où qu'ils se trouvent» et travaille avec l'UNICEF pour approvisionner en eau potable une «population désespérée», dit Castro.
La province de Cabo Delgado a déjà les taux les plus élevés de malnutrition chronique au Mozambique, avec plus de la moitié des enfants souffrant de malnutrition - maintenant des milliers d'entre eux s'enfoncent dans une insécurité alimentaire encore plus profonde.
«La situation est très mauvaise», dit Castro, «et cela affecte les provinces voisines de Cabo Delgado.» Elle ajoute: «Nous n'avons pas suffisamment de ressources pour accroître notre soutien à la hauteur des besoins.»
Le conflit sévit au Nord du Mozambique depuis 2017, lorsque des groupes armés non étatiques ont attaqué des postes de police dans la ville de Mocimboa da Praia. Tout au long de l'année 2019, alors que le pays a été secoué par l'impact dévastateur de deux cyclones, il s'est poursuivi - et en 2020, la violence s'est intensifiée tandis que le nombre de personnes déplacées se multipliait.
«Au début de 2020, il y avait 18 000 personnes déplacées - en décembre, il y en avait 500 000», dit Castro.
En février, ce chiffre a atteint près de 670 000 personnes, parmi lesquelles environ 80 000 sont actuellement inaccessibles en raison des violences.
«C’est une situation très grave», dit Castro. «Nous parlons de personnes déjà désespérées depuis trois années consécutives, de personnes qui ont été récemment déplacées, qui n'ont même pas de nourriture, d'eau, d'abri ou quoi que ce soit. Une énorme tragédie humanitaire se déroule devant nous. »
Les personnes déplacées s'efforcent de trouver «les membres de leur famille ailleurs, des communautés d'accueil qu'elles connaissent, certaines trouvent refuge dans des centres de réinstallation gouvernementaux - partout où elles peuvent trouver un abri sûr», ajoute-t-elle.
C’est un récit malheureusement trop familier au nord du Mozambique.
Comme rapporté par le PAM en Octobre, à la suite d'un précédent exode: «Certains s'enfuient dans la brousse, survivant en buvant l'eau de la rivière et en mangeant ce qu'ils trouvent en chemin, pour rentrer et retrouver leurs maisons incendiées, les forçant à se déplacer vers la capitale provinciale de Pemba et au-delà. D'autres, craignant des attaques contre des villages côtiers, embarquent dans des bateaux pour naviguer vers le sud, passant des jours sans nourriture ni eau. »
Selon les derniers chiffres, 950 000 personnes à Cabo Delado et dans les provinces voisines de Niassa et Nampula sont en situation d'insécurité alimentaire.
Alors que le PAM réagit, le défi actuel n'est en aucun cas surprenant - l'organisation s'efforce depuis longtemps de souligner le lien entre l'insécurité alimentaire, la violence et les mouvements massifs de personnes en quête de sécurité alimentaire. Cependant, les appels de fonds précédents n'ont pas reçu de réponse.
L'organisation a besoin de 10,5 millions de dollars sur une base mensuelle pour apporter son appui et 98 millions de dollars sont nécessaires pour fournir un soutien sur les 12 prochains mois.
Le PAM et la communauté humanitaire ont renouvelé leur appel pour un accès sans entrave à toutes les parties du monde afin de fournir une assistance vitale.