Le PAM répond aux secousses causées par la crise sécuritaire en Haïti
Le Programme alimentaire mondial n'a pas tardé à réagir lorsque, le 14 août, un tremblement de terre de magnitude 7,2 a frappé la péninsule sud d'Haïti, faisant plus de 2 200 morts et jusqu'à 12 000 blessés.
De nombreuses personnes ont été déplacées suite à la destruction de leurs maisons, de leurs terres et des infrastructures déjà vulnérables du pays.
Depuis janvier, le PAM a fourni une aide d'urgence à plus de 800 000 personnes en Haïti, soit plus du double de l'année dernière. Mais aujourd'hui, l'organisation se trouve confrontée à une toute autre crise : la réponse aux déplacements causés par la crise sécuritaire.
Avant le tremblement de terre, des semaines d'affrontements entre groupes armés dans le quartier pauvre de Martissant, dans l'agglomération de Port-au-Prince, ont entraîné le déplacement de près de 20 000 personnes. Nombre d'entre elles ne sont toujours pas rentrées chez elles.
Pour que les humanitaires puissent contourner la menace de la violence et accéder aux personnes dans le besoin dans tout le pays, l'hélicoptère reste l'outil le plus fiable pour acheminer l'aide.
En effet, pendant deux mois, un pont aérien transportant du personnel et une assistance critique a fonctionné entre la capitale Port-au-Prince et Gressier, une petite communauté située sur la côte à quelques kilomètres du centre-ville.
Ses quartiers, dont Bel Air, Martissant et une partie de Delmas, étaient alors devenus tristement célèbres dans la région.
C'est dans ces quartiers qu'au début du mois de juin, de violents affrontements entre gangs ont forcé les habitants à fuir leurs maisons.
"On est parti aussi vite qu'on a pu", raconte Valéry, un habitant de Martissant. "Les balles fusaient dans toutes les directions. Avec ma femme qui attend un bébé, nous n'avons pas eu le temps de prendre quoi que ce soit. Je sais qu'ils ont brûlé notre maison. Il ne nous reste plus rien. "
Après les affrontements de juin, la mairie d'une commune voisine, Carrefour, a fourni un abri temporaire aux plus de 1 500 personnes déplacées après les violences entre bandes à Martissant.
Dans un vaste centre sportif, les gens, y compris ceux qui ont tout perdu, s'efforcent de survivre dans des conditions difficiles et tentent de retrouver l'espoir et de reconstruire leur vie. Au total, 1,5 million de personnes ont été touchées par les récentes violences et près de 20 000 ont été déplacées, parfois séparées de leur famille, ou accueillies par la population locale.
La route nationale, qui relie quatre des dix départements du pays, reste encore largement contrôlée par des gangs à la sortie de Port-au-Prince. Le sud du pays est largement inaccessible, bien que des convois humanitaires parviennent à emprunter cette route lorsque la situation sécuritaire le permet.
Et, afin de fournir une aide d'urgence aux personnes déplacées de Martissant, et d'autres quartiers proches de la capitale, le transport aérien est resté l'option la plus sûre.
Depuis le mois de juin, le service aérien humanitaire géré par le PAM (UNHAS) s'est rendu dans les zones touchées par le séisme, transportant plusieurs tonnes d'aide vitale, ainsi que le personnel humanitaire chargé de la coordination des activités avec les autorités locales.
"Nous avons doublé nos vols de mai à juin", déclare Giuseppe Didiano, responsable de l'UNHAS en Haïti. "Ce pont aérien nous a permis d'acheminer l'aide de nos partenaires humanitaires pour venir en aide aux personnes déplacées."
Dans le centre sportif, un véritable travail d'équipe a eu lieu entre les autorités locales et la protection civile - gérant le travail quotidien sur place avec le personnel humanitaire. Alors que la mairie distribuait du chocolat ou des biscuits le matin, d'autres partenaires fournissaient des kits d'hygiène, de l'eau et d'autres équipements essentiels. Le PAM a fourni deux repas par jour ainsi que des aliments fortifiés aux femmes et aux enfants.
Pour Chéry, qui est enceinte de cinq mois, et sa fille de trois ans, le déménagement est une préoccupation constante. Jusqu'à récemment, elle avait une maison, une épicerie qu'elle gérait, tandis que son mari avait un emploi. "Ma fille me demande souvent quand elle pourra retourner à l'école. Je lui dis qu'elle va bientôt y aller mais je n'en ai aucune idée", dit-elle. Chéry lutte pour ne pas perdre espoir dans la possibilité d'une vie calme et paisible pour elle et sa famille. Chaque jour, dit-elle, elle attend l'aide qui lui permettra de nourrir ses proches.
Les contributions du Canada, de l'Union européenne, de la France, de l'Allemagne, du Japon, de la Suisse, du Fonds central d'intervention d'urgence des Nations unies (CERF) et de l'Agence américaine pour le développement international (USAID/BHA) permettent à l'UNHAS de maintenir ses vols en 2021.