#JESUISSUDSOUDANAIS : MICHAEL THON
Je suis Michael Thon. Je suis né en 1984 dans le village de Werkik dans le comté de Bor, état de Jonglei, dans ce qui est actuellement le Sud Soudan.
Avant de quitter le Sud Soudan, je travaillais dans un hôpital du gouvernement dans la ville de Bor comme assistant infirmier. Ces jours-ci, je suis le président du village de réfugiés d'Ayilo dans le camp de réfugiés d'Adjumani au nord-ouest de l'Ouganda.
« Les soldats tiraient sur tout le monde et nos voisins fuyaient. »
Ma famille et moi avons quitté le Sud Soudan le 19 décembre 2013, suite à l'éclatement des combats dans le comté de Bor. Je suis venu avec 11 membres de ma famille dont ma femme, Ayen Anyang Alier, et mes quatre enfants — Mach, Chol, Mangol, et Abuk âgés entre quatre et huit ans.
Nous avons quitté Jonglei à cause de la violence. Les soldats tiraient sur les gens et nos voisins fuyaient. Nous étions en danger. Je n'ai même pas eu le temps de prévenir l'hôpital que je partais. Nous avons pris la décision de partir en seulement une journée et nous sommes partis dans la nuit.
Un de mes enfants, Alier âgé d'un an, a été tué quand nous avons quitté Bor. Il a été abattu alors que ma femme le portait dans ses bras. Mon oncle a été tué dans la même attaque.
Nous avions du bétail mais nous avons dû le laisser derrière nous. Nous avions des bœufs et des chèvres. Tout ce que nous avons pu emporter c'est une moustiquaire, des vêtements, une couverture, de l'argent et de la nourriture. Nous avons aussi emporté du sorgho et des haricots pour à manger sur le chemin.
« J'ai supplié le propriétaire d'un camion de nous aider. »
Nous avons marché de la ville de Bor jusqu'à la rivière du Nile que nous avons traversée en bateau et nous nous sommes installés sur sa rive dans l'état voisin. Nous sommes restés là pendant dix jours puisque nous ne pouvions pas bouger tout de suite, nous devions surveiller les itinéraires et demander aux gens s'il était prudent de se déplacer.
Lorsque nous étions à court de nourriture sur la rive du fleuve, nous devions acheter du poisson aux locaux. Finalement nous sommes montés sur un camion qui nous a emmené vers le sud, dans la capitale de Juba. Je n'avais presque pas d'argent à ce moment-là et j'ai supplié le propriétaire d'un camion de nous aider et de nous emmener quand même.
Il nous a fallu deux jours pour rejoindre Juba et tout le long du trajet nous vivions dans la peur parce qu'il y avait des combats dans une grande partie du Sud Soudan.
Je me souviens que le soleil tapait fort quand nous étions sur le camion. Nous n'avions ni eau, ni nourriture. De Juba, nous avons voyagé à pied jusqu'à Nimule puis au poste frontière d'Elegu en Ouganda. Nous sommes arrivés en Ouganda, un mois après notre départ de la ville de Bor.
« Nous avons accès aux soins de santé et nous recevons de la nourriture. »
Nous sommes arrivés tard dans la soirée, l'UNHCR et la Fédération luthérienne mondiale nous ont bien reçus. Il y avait de la nourriture fournie par le PAM. Cela nous a permis un "atterrissage en douceur".
On aime être en Ouganda. On est en sécurité, il n'y a pas la guerre, nos enfants vont à l'école, nous avons accès aux soins de santé et nous recevons de la nourriture.
La nourriture est très importante, cela nous aide à gérer notre maison. On la reçoit à temps et il y a une ration pour chacun des membres de la famille. Nous en avons assez pour les repas du matin et du soir. Les enfants aiment particulièrement les haricots.
J'aurais aimé finir mes études d'infirmier mais je ne vois pas de telle opportunité dans mon futur proche. Les centres de santé ici disent que je n'ai pas les qualifications minimales et je ne peux donc pas travailler en Ouganda.
Mais je suis passionné par l'agriculture et la culture du maïs et des légumes. J'aimerais cultiver sur une grande échelle et même vendre ma récolte sur le marché. Ce serait bien si nous pouvions former un groupe et commercialiser nos céréales ensemble.
En apprendre d'avantage sur le PAM : http://fr.wfp.org/