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Incarner le courage

Au lendemain des deux cyclones, l'esprit des mères mozambicaines reste intact.
, WFP (PAM)

par Déborah Nguyen, traduit de l'anglais,

3 avril 2019

Ces femmes le témoignent, il faudra des mois, voire des années, pour se remettre des cyclones Idai et Kenneth. Alors que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) planifie des projets de reconstruction dans le cadre de son intervention, la prochaine récolte n'aura lieu qu'en mars. Les communautés touchées devront alors compter sur l'aide humanitaire pendant plusieurs mois avant de se relever.

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Des femmes au Chirassicua, Nhamatanda, lors d'une distribution alimentaire du PAM. Photo : PAM/Deborah Nguyen

Les cyclones Idai et Kenneth n'ont eu lieu qu'à 40 jours d'intervalle. Ils ont causé la mort et la destruction dans et autour de la ville de Beira, ainsi que dans la province de Cabo Delgado au Mozambique. Ces deux cyclones ont frappé des zones n'ayant jamais été confrontées à de telles catastrophes, mettant en évidence l'impact imprévisible du changement climatique sur les régimes climatiques.

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Une scène de la ville de Beira, deux jours après le cyclone Idai. Photo : PAM/Deborah Nguyen

La destruction des maisons, des routes et des infrastructures n'a cependant pas brisé la volonté des femmes ayant pourtant tout perdu, mais qui continuent à travailler et à prendre soin de leur famille.

J'étais au Mozambique à la suite du cyclone Idai et j'ai parlé avec de nombreuses mères. Malgré la situation dramatique dans laquelle elles se trouvaient, aucune d'entre elles ne s'est jamais plainte. Elles m'ont partagé leurs histoires, sans essayer de cacher leur douleur. En les écoutant, je pouvais deviner les sacrifices qu'elles n'admettraient jamais. Dans leurs yeux, je ne pouvais qu'imaginer la souffrance qu'elles avaient endurée. En quelques mots, elles m'ont partagé leurs rêves et leurs espoirs.

Ces femmes ont surmonté trop d'obstacles pour pouvoir en parler. Et pourtant, elles demeurent solides comme l'acier et sont le pilier de leurs familles. Leurs histoires sont une leçon de courage. Cette histoire est une ode à ces femmes.

« Je veux que mes enfants aillent à l'école » — Maria

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Maria est mère de trois jeunes enfants. Photo : PAM/Deborah Nguyen

Je rencontre Maria dans une salle de classe vide, nous essayons de trouver de l'ombre pour pouvoir discuter. C'est dans cette même salle de classe qu'elle a appris, il y a de nombreuses années, la géographie, sa matière préférée à l'école. Aujourd'hui, Maria est maman de trois enfants. Dans les yeux de son cadet, João, je peux lire la même force que sa mère. Celle de quelqu'un qui ne sera pas vaincu.

Maria travaille dur. Tous les jours, elle prépare des repas pour toute la famille, tout en travaillant dans les champs du lever au coucher du soleil. Prise dans sa routine quotidienne, elle n'a pas le temps de s'attarder sur sa situation.

Quand je lui demande comment elle voit son avenir, elle me répond que son plus grand espoir est de garder ses enfants à l'école le plus longtemps possible. « Je veux qu'ils apprennent, je veux qu'ils soient éduqués, parce que je n'ai pas eu cette chance ».

« J'aimerais pouvoir quitter Beira, mais ma famille compte sur moi » — Fatima

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Fatima et son bébé Lydia ont reçu un bon alimentaire du PAM. Photo : PAM/Deborah Nguyen

La nuit du cyclone Idai, Fatima et sa petite fille de 6 mois se sont cachées sous une table, effrayées par les vents forts et assourdissants. Le lendemain matin, Fatima se souvient d'être sortie de chez elle et d'avoir marché dans les rues désertes de Beira. Elle s'inquiétait de la façon dont elle allait reconstruire sa maison.

Ne vous laissez pas tromper par sa silhouette infantile et sa voix enrouée. Seule source de revenus de sa famille de six enfants, elle n'a pas le temps de se plaindre. Elle espère que sa petite entreprise de vente de pain et de bolinhos (boules de noix de coco) grandira. Elle lui permet en effet de nourrir sa famille, mais elle doute de pouvoir économiser suffisamment pour réparer sa maison.

Elle rêve d'un emploi dans le secteur public : un revenu stable lui permettrait de ne pas avoir à se demander sans cesse si elle aura quelque chose à poser sur la table à manger. « J'espère pouvoir trouver un emploi stable et être en mesure de subvenir à tous les besoins de ma famille. J'aimerais pouvoir quitter Beira, mais je dois être là pour ma famille, ils comptent sur moi ».

« C'est plus difficile pour nous, les femmes. Les hommes peuvent faire d'autres métiers » — Marta

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Les inondations qui ont suivi le cyclone ont détruit la plupart des cultures de Marta. Photo : PAM/Deborah Nguyen

Je suis agricultrice, je produis du maïs et du manioc, nous explique Marta. Une journée typique pour elle, consiste à labourer le champ sous une chaleur étouffante, de 5h à 22h. Le champ où elle travaillait a été en partie inondé par les fortes pluies qui ont suivi le cyclone. Une grande partie de la récolte de cette année est perdue. Elle nous raconte : « c'est plus difficile pour nous, les femmes. Les hommes peuvent faire d'autres métiers. Mais nous, on ne peut travailler que sur le terrain ».

Marta est mère de trois enfants et attend un quatrième bébé. « Je rêve de devenir enseignante, mais je sais que ça n'arrivera jamais. Je serai fermière toute ma vie. Je veux essayer de faire pousser d'autres cultures, et j'espère que cela nous aidera à produire plus que nécessaire ».

« L'idée de ne pas avoir de toit au-dessus de nos têtes est déconcertante » Fatima

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Fatima espère pouvoir réparer rapidement le toit de sa maison. Photo : PAM/Deborah Nguyen

Fatima élève seule ses quatre enfants. Elle a une petite entreprise de vente de gâteaux de riz et de chamussas (samosas). Cela lui rapporte assez d'argent pour fournir un repas par jour à sa famille.

Fatima se souvient de la nuit du cyclone, lorsque de forts vents ont arraché le toit en tôle de sa maison et que la pluie a inondé sa maison jusqu'aux chevilles. « Mon mari est mort il y a de nombreuses années, mais je m'en sortais malgré tout plutôt bien. J'avais même construit une maison. Mais maintenant, tout est endommagé », dit-elle avec stupéfaction. « L'idée de ne pas avoir un toit au-dessus de nos têtes est déconcertante ».

Avec la nourriture qu'elle a reçue du PAM, elle prépare des repas pour sa famille. D'habitude, elle commence à cuisiner tôt, avant que les enfants n'aillent à l'école. « Ils ont besoin d'énergie pour étudier. Pendant qu'ils sont à l'école, je nettoie la maison, puis je sors et je vends des gâteaux ». Elle espère pouvoir faire plus de gâteaux de riz pour économiser de l'argent et réparer le toit.

« Je travaille dur pour donner à mes enfants une vie meilleure » — Atija

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Atija est agricultrice et vit avec son mari et ses trois enfants dans le nord du Mozambique. Photo : PAM/Deborah Nguyen
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Atija et ses trois enfants posent devant leur abri temporaire. Photo : PAM/Deborah Nguyen

Atija est agricultrice, elle produit du maïs et du manioc. Chaque jour, elle prépare de la farine de maïs pour faire du porridge avant de se rendre au champ où elle travaille pendant neuf heures.

« J'aurais aimé pouvoir continuer à étudier. Ma plus jeune fille, Isabella adore aller à l'école. Elle sait lire maintenant. J'espère pouvoir lui donner l'occasion d'en apprendre davantage. Je travaille dur pour donner à mes enfants une vie meilleure ».

Au Mozambique, le PAM s'efforce d'accroître le nombre de petits exploitants agricoles en mettant l'accent sur les organisations dirigées par des femmes. Pour cela, le PAM promeut les technologies permettant d'économiser de la main-d'œuvre, ainsi que les formations des femmes et des hommes tenant compte des spécificités de genre. Il prend également en charge la gestion et le regroupement des entreprises, l'entreposage et la manipulation des aliments et enfin, le contrôle qualité afin de réduire les pertes post-récolte.

Jusqu'à présent, le PAM a fourni une aide alimentaire à plus de 1,7 million de personnes au Mozambique. Vous aussi aidez le PAM à sauver et à changer des vies, faites un don.