Haïti : faire pousser des cultures malgré les sécheresses et les inondations
"Les gens de cette commune, Paul Atrel, sont pauvres, alors pendant de nombreuses années ils ont coupé des arbres pour faire du charbon de bois", explique Emile Elinos, chef de la communauté. "Cela a conduit à l'érosion des sols et il est donc devenu impossible de faire pousser des cultures pour faire vivre notre communauté."
Les communautés rurales du département du nord-ouest d'Haïti plaident avec succès en faveur de mesures qui les aideront à renforcer leur résilience aux intempéries et à assurer un avenir plus sûr.
L'érosion des sols sur les terres agricoles vallonnées situées en hauteur, due à la déforestation depuis plusieurs décennies, a rendu de nombreuses terres agricoles improductives et inexploitables. Avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM) et d'autres partenaires, les agriculteurs produisent à nouveau des récoltes.
Le PAM a aidé la communauté à remettre les terres en état grâce à un programme d'aide alimentaire pour les actifs, dans le cadre duquel les agriculteurs reçoivent de l'argent pour planter des arbres et construire des structures qui empêcheraient l'érosion, protégeraient le sol et permettraient aux cultures de prospérer à nouveau.
Cela survient alors que l'agence des Nations Unies met en garde contre des niveaux de faim sans précédent dans le monde - les chiffres qui viennent d'être publiés pour Haïti montrent que les niveaux de faim restent élevés, car l'instabilité politique, les événements météorologiques extrêmes et l'inflation croissante limitent l'accès à une nourriture abordable.
Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC), la norme mondiale de mesure de l'insécurité alimentaire, quelque 4,5 millions d'Haïtiens devraient souffrir de faim aiguë et parmi eux, plus de 1,3 million seront probablement à un niveau 'd'urgence' d'ici juin.
Haïti fait partie d'un “cercle de feu” - qui s'étend de l'Afghanistan au Sahel et à l'Amérique latine - où le PAM affirme que les conditions météorologiques extrêmes, les conflits, la COVID-19 et la hausse des coûts poussent les familles au bord du gouffre.
Avec des prix alimentaires mondiaux à un niveau record, le PAM est également préoccupé par l'impact de la crise ukrainienne sur la sécurité alimentaire, qui continuera probablement à avoir un impact négatif sur le pouvoir d'achat dans un pays fortement dépendant des importations.
"Nous plantons différents types de pois et de haricots sur cette terre, pour la première fois depuis de nombreuses années", explique Germathes Charles, qui, comme d'autres membres de la communauté, a reçu de l'argent du PAM pour effectuer les travaux de remise en état des terres.
Dans les vallées situées en dessous de Paul Atrel, les inondations sont monnaie courante et changent irrévocablement la vie des gens. Cette école primaire de Cabaret a fermé ses portes après les inondations et les élèves ont été contraints de chercher une autre école pour poursuivre leur scolarité.
"Quand il pleuvait, nous nous attendions toujours au pire", raconte Rose Marie Fleurinord. "Un jour où la pluie est arrivée, je me suis précipitée pour aider mon voisin dont la maison était inondée, puis la communauté est venue à mon secours, mais j'ai tout perdu. En tant que communauté, nous savions ce que nous devions faire pour arrêter les inondations, mais nous n'avions pas l'argent pour le faire."
"La solution consistait à construire des structures qui contrôlaient le débit de l'eau et empêchaient les inondations. Le PAM a soutenu les travaux de réhabilitation dans le cadre de son programme d'assistance alimentaire pour les actifs." Rose Senoviala Desir, du PAM, affirme que l'école et les maisons sont désormais mieux protégées, ajoutant que “les gens peuvent désormais cultiver sur des parcelles qui étaient auparavant régulièrement inondées."
Cosechando un destino sostenible en Perú
À quelques kilomètres de là, dans les collines du village de Troissel, la communauté a travaillé avec le soutien du Ministère des Travaux Publics (MTPTC) et du PAM pour construire une route reliant pour la première fois la communauté aux marchés locaux ainsi qu'aux centres de soins et aux écoles.
"Nous avons tous travaillé et étions payés pour déblayer les rochers et creuser afin de construire cette route", déclare Jean Ronel Saint-Preux. Les familles peuvent désormais se déplacer pour vendre des marchandises au marché, en consacrant 40 minutes à un aller-retour en moto, au lieu des sept heures qu'il fallait auparavant pour marcher.
Beaucoup ont économisé de l'argent dans la coopérative de crédit mise en place dans le cadre du projet de réhabilitation de la route.
Il existe une forte tradition agricole dans le nord d'Haïti et les agriculteurs veulent préserver leur mode de vie et assurer un avenir sûr à leurs familles. Ces communautés agricoles savent ce qui doit être fait ; c'est leur terre et leur patrimoine. Ils n'ont tout simplement pas les ressources disponibles, c'est pourquoi le soutien du PAM, de ses partenaires et de ses donateurs est si important.
Cette année, les programmes de résilience du PAM en Haïti sont soutenus par la Suisse, le Canada, la Corée du Sud (KOICA) et l'Agence américaine pour le développement international (USAID/BHA).
Daniel Dickinson est un rédacteur de contenu multimédia au Département des communications mondiales du siège des Nations Unies à New York