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Haïti au bord du gouffre : le PAM intensifie ses efforts alors que la violence alimente les déplacements et la faim

"Nous sommes ici pour rester aussi longtemps que les gens auront besoin de nous", déclare la directrice nationale du Programme alimentaire mondial
, Tanya Birkbeck, Luc Segur depuis Port-au-Prince
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Wanja Kariaa, directrice pays du PAM en Haïti, lors d'une distribution au Cap-Haïtien - faites défiler vers le bas pour lire ses questions et réponses. Photo : PAM/Luc Segur

Une photographie de journal montre un homme transportant deux pneus de voiture pour alimenter une barricade en feu – la dernière ligne de défense entre son quartier et les groupes armés déterminés à en prendre le contrôle.

Ces groupes lancent des avertissements effrayants, dans certaines régions, en plaçant des crânes humains sur des pieux au milieu de la route.

Face à l'escalade de la violence et de la faim, le Programme alimentaire mondial (PAM) reste ferme, aux côtés du personnel et des bénévoles dévoués de ses organisations partenaires haïtiennes, pour intensifier les distributions de nourriture, les repas chauds et les subventions en espèces, qui permettent aux gens d'acheter les aliments dont ils ont besoin dans un contexte de crise. - la flambée des prix.

Lire le communiqué de presse: WFP scales up food assistance 


Les femmes en première ligne

Lucienne, mère de cinq enfants, fait partie des personnes coincées à Croix-des-Bouquets, au nord de Port-au-Prince.

La zone fait partie du fief de l’un des dix et plus groupes armés opérant dans la capitale et est coupée de l’aide humanitaire depuis des années.

Croix-des-Bouquets, Port-au-Prince
Lucienne et ses cinq enfants à Port-au-Prince ne reçoivent qu'un seul repas par jour. Photo : PAM/Tanya Birkbeck

"Pour moi, la situation est vraiment catastrophique", a-t-elle déclaré. "Parfois, nous n’avons rien à manger. Nous traversons le jour et la nuit sans rien – c’est la vérité, aussi difficile que cela puisse être."

"Parfois, nous ne mangeons qu’une fois par jour. Je prépare un repas le matin avant que les enfants n'aillent à l'école, mais après, je n'ai plus rien à leur donner", ajoute-t-elle.

"Je vais demander de l'aide à des voisins ou à des amis. Certains me donnent un peu de maïs. Quand je n’ai pas de charbon de bois, je cuisine les aliments au bois. Quand je n'ai rien à donner aux enfants, ils pleurent. C'est très triste."

En novembre, le PAM a réalisé une avancée importante en négociant l'accès par camion à 300 tonnes de riz, de haricots et d'huile vers le quartier assiégé – suffisamment pour aider 50 000 personnes.

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Les membres des familles emportent un colis alimentaire - ils font partie des 50 000 personnes touchées après que le PAM a négocié l'accès à la zone isolée de la Croix-des-Bouquets à Port-au-Prince en novembre. Photo : PAM/Tanya Birkbeck

"C'est la première fois qu'un organisme vient dans notre région pour nous donner de la nourriture", a déclaré Lacienne en larmes. "Cette nourriture nous aide beaucoup. Avant, nous n’avions rien à donner aux enfants, mais maintenant, cela nous est d’une grande aide."

Face à ces difficultés, plus de 700 000 personnes – principalement à Port-au-Prince et dans l’Artibonite – ont fui leurs foyers, espérant trouver le meilleur dans des abris de fortune, des écoles et des bâtiments gouvernementaux. Ce chiffre est sans précédent et entraîne des conséquences impensables pour les femmes et les filles.

En Haïti, l'impensable est le quotidien.

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Une évaluation nutritionnelle dans une clinique au service des personnes déplacées près de Port-au-Prince. Photo : PAM/Tanya Birkbeck

Les dernières données sur la sécurité alimentaire révèlent qu’un Haïtien sur deux ne mange pas à sa faim. Deux millions de personnes sont confrontées à des niveaux de faim 'd’urgence' de la phase 4 du Cadre Intégré qui classe les niveaux de sécurité alimentaire (IPC), tandis qu’environ 6 000 personnes déplacées sont confrontées à une faim 'catastrophique' de la phase 5 de l’IPC.

Au cours des deux dernières semaines seulement, plus de 50 000 personnes ont quitté leur foyer tandis que la moitié du pays – 5,4 millions de personnes – est confrontée à une faim aiguë, l’une des proportions d’insécurité alimentaire par habitant les plus élevées au monde.

En novembre, le PAM et ses partenaires ont servi un nombre record de 834 664 repas chauds sur 48 sites abritant des personnes déplacées, y compris des personnes contraintes de fuir lors de la dernière recrudescence des combats.

Ci-dessous, la directrice pays du PAM pour Haïti, Wanja Kaaria, nous en dit plus.


Wanja Kaaira WFP port-au-Prince - Luc Segur
Wanja Kaaria visite une école soutenue par le PAM à Port-au-Prince. Photo : PAM/Luc Ségur
Plusieurs fausses informations ont indiqué que l'ONU se retirait d'Haïti. Pouvez-vous remettre les pendules à l’heure ?

WANJA KAARIA : Le PAM ne quitte pas Haïti. Nous sommes là pour rester aussi longtemps que les gens auront besoin de nous, aussi longtemps qu’il y aura des personnes vulnérables à atteindre. Le PAM distribue actuellement de la nourriture à plus de 50 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, et nous avons servi un total record de plus de 834 000 repas chauds en novembre sur 48 sites. Donc nous n’allons nulle part. Nous restons pour aider, quoi qu’il arrive.

Parlez-nous de ce qui se passe en matière de restauration scolaire. 

Nous travaillons avec le gouvernement pour augmenter les repas scolaires et, à l'heure actuelle, nous servons plus de 470 000 enfants. Ce qui est formidable, c’est que nous achetons une grande partie de la nourriture localement et aidons les petits exploitants agricoles. C’est gagnant-gagnant. L’objectif du gouvernement est que toute la nourriture distribuée dans les écoles soit produite localement, et nous voulons contribuer à y parvenir.

 WFP food distribution in Croix-des-Bouquets, Port-au-Prince
Les habitants du quartier de Croix-des-Bouquets, longtemps isolé, font la queue pour obtenir de l'aide alors que l'équipe d'accès du PAM envisage de nouvelles avancées. Photo : PAM/Tanya Birkbeck
Qu’en est-il de l’accès aux zones de Port-au-Prince ? 

Nous avons réalisé de réels progrès en matière d’accès aux zones de Port-au-Prince. Notre équipe de négociation d'accès a travaillé sans relâche pour garantir que nous puissions atteindre les personnes qui en ont le plus besoin, où qu'elles se trouvent. Nous terminons actuellement une série de distributions de riz, de haricots et d'huile à 150 000 personnes dans plusieurs quartiers difficiles d'accès de Port-au-Prince.

WFP has negotiated access to bring rice, oil and beans to 300 families with school children in Pierre6 and reached 105,000 people across many gang controlled areas of Cite Soliel. When possible, WFP also buys locally grown rice and beans to help Haitian farmers.
Une distribution alimentaire du PAM dans une école de Cité Soleil, Port-au-Prince. Photo : PAM/Jonathan Dumont
Pourquoi le PAM intervient-il actuellement en Haïti ?

La situation en Haïti devient de plus en plus critique. Une analyse récente de la sécurité alimentaire a montré que près de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë et que 277 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë. Avec plus de 700 000 personnes déplacées et les inondations aggravant la situation, le besoin de soutien est immense. Nous nous concentrons sur l’acheminement d’une aide d’urgence aux populations dès maintenant, mais nous réfléchissons également à long terme.

Une fois que nous aurons stabilisé les populations, nous voulons les aider à se reconstruire et faire en sorte qu’elles soient moins vulnérables aux chocs futurs. Nous ne voulons pas qu’ils dépendent éternellement de l’aide.

Quel rôle UNHAS – le Service aérien humanitaire des Nations Unies – joue-t-il en Haïti ?

UNHAS nous aide à atteindre des endroits que nous ne pourrions pas atteindre autrement. UNHAS dispose de deux avions : un hélicoptère pour les endroits les plus difficiles d'accès et un avion à voilure fixe qui nous permet de couvrir plus de terrain. Ces ressources ne sont pas réservées uniquement au PAM : l’ensemble de la communauté humanitaire les utilise pour fournir du personnel et des fournitures à ceux qui en ont besoin. Actuellement, 5,4 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire en Haïti, et sans UNHAS, il serait beaucoup plus compliqué de les atteindre toutes.


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Un hélicoptère de l'UNHAS survole Port-au-Prince. Photo : PAM/Theresa Piorr

Le mois dernier, le PAM a affrété deux navires maritimes pour transporter 21 camions chargés de nourriture, de médicaments et de fournitures médicales depuis Port-au-Prince vers la région sud. Cela permettra à l'agence de positionner des stocks alimentaires pour ses opérations et celles des partenaires locaux de la région sud ; les médicaments et produits de santé en rupture de stock depuis des mois dans les centres de santé seront également réapprovisionnés.

Le PAM prévoit d'étendre ses opérations d'assistance alimentaire en réponse aux besoins croissants, en ciblant 1,85 million de personnes bénéficiant d'une aide d'urgence tout en soutenant les efforts visant à renforcer les systèmes nationaux résilients. Le PAM a besoin de 94 millions de dollars pour financer ses opérations au cours des six prochains mois.

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