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Cameroun : l’alimentation scolaire booste les économies locales

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) s’approvisionne directement auprès d’une mini-laiterie et d’une ferme avicole locales pour fournir des œufs et des yaourts à près de 1000 élèves de la région de l’Adamaoua.
, Aurélie Lécrivain
Cameroun Mars 2022
Un salarié de la laiterie met en pot les yaourts faits à base de lait de vache des petits producteurs locaux avant d’être servis aux élèves des écoles de Ngaoundéré. Photo : PAM/Aurélie Lécrivain 

Au Cameroun, dans la région de l’Adamaoua, plus d’un quart de la population pratique l’élevage. De petites laiteries locales transforment le lait en yaourts, mais ont un accès limité aux marchés et aux ressources financières. Depuis le démarrage dans la localité - en février - du projet de cantines scolaires par le PAM, un regain d’espoir gagne les promoteurs de petits et moyennes entreprises de cette terre d’éleveurs au climat sahélien.

Hamidou Hamadou est le directeur de la mini-laiterie Walde Kossam de Ngaoundéré. Il déclare : « il est essentiel pour nous d’avoir des acheteurs réguliers comme le PAM pour continuer à acheter du lait aux petits producteurs de la région. ».

Le PAM lui permet d’écouler près de 1300 litres de yaourts chaque mois et assure un apport financier régulier à cette mini-laiterie qui emploie près de 28 employés. Depuis le début du projet, Hamidou Hamadou souhaite diversifier sa production avec du Dakéré, du yaourt mélangé avec de la bouillie de manioc locale. « Si le projet du PAM continue, alors nous produirons le Dakéré très nutritif en grande quantité » précise-t-il. 

Cameroun Mars 2022
Mamoudou Bia, 48 ans, petit producteur d’Idol trait sa vache. Photo : PAM/Aurélie Lécrivain 

A 30 km de la mini-laiterie Walde Kossam, la ferme avicole Hawai, rencontre aussi des difficultés à trouver des acheteurs fixes.

« On ne peut pas faire de planification annuelle, c’est du mois au mois. Grâce aux acheteurs fixes comme le PAM, nous avons planifié d’acheter 10 000 poules pondeuses locales le mois prochain sur les 30 000 poules que nous possédons déjà » précise Kabibul Ghaffar, le gérant de l’exploitation. L’achat en direct de 6000 œufs mensuels par le PAM, lui permet d’avoir une vision globale et de s’agrandir. 

Les revenus et les bénéfices de la ferme Hawai sont réinvestis dans les économies locales, ce qui crée de l’emploi et favorise une croissance économique au niveau local. Ceci est crucial pour offrir des débouchés aux jeunes ruraux et leur permettre de prospérer dans leur communauté d’origine. 

Cameroun Mars 2022
A la ferme avicole Hawai, Simon Abamba s’assure que les poules soient en bonne santé pour pondre. Photo : PAM/Aurélie Lécrivain

Simon Abamba, 30 ans, fait partie des 60 employés de la ferme Hawai. Bien que vétérinaire dans une région d’éleveurs, il a rencontré des difficultés à trouver un travail à la hauteur de ses exigences « C’est important pour moi de travailler dans une structure organisée et moderne qui respecte les normes d’hygiènes. J’apprends de nouvelles pratiques et mon salaire me permet de nourrir ma famille ”dit-il.

Travailler pour une exploitation agricole structurée, c’est aussi une nécessité pour Mamadou Bia, un petit producteur laitier de la région de l’Adamaoua qui vend le lait de ses 27 vaches à Walde Kossam. « Avant je vendais mon lait à des acheteurs éparpillés et non réguliers. Je ne pouvais pas écouler tout mon lait. Depuis que je vends mon lait à la mini-laiterie, je peux garder mon bétail et investir dans des intrants », déclare-t-il. 

A travers la mini-laiterie, 23 coopératives de petits producteurs situées à proximité des écoles bénéficient de la mise en place du programme des repas scolaires locaux. En s’approvisionnant en circuit court, directement chez le producteur et le transformateur, le PAM contribue à augmenter les capacités de production et d’investissement des exploitations locales tout en fournissant des aliments nutritifs aux élèves de la région.

Cameroun Mars 2022
Fadimatou, 12 ans est heureuse de boire le yaourt préparé avec le lait des vaches de Mamoudou. Photo : PAM/Aurélie Lécrivain 

Le mercredi, l’excitation se lit sur le visage des enfants lorsque les yaourts font leur entrée dans les trois écoles de Ngaoundéré bénéficiaires du projet. Dix minutes plus tard le yaourt est léché jusqu’à la dernière goutte.

« Habituellement, en cette période de transhumance, la moitié des effectifs manque à l’appel, cette année les effectifs sont complets et même des petites filles jamais scolarisées ont été inscrites », souligne Thimothé Issa, Directeur de l’école de Mafalgaou, à Ngaoundéré II.  

Pendant la saison sèche qui s’étend de novembre à avril, la plupart des parents éleveurs de la région déscolarisent les enfants afin qu’ils suivent le bétail à la recherche de nourriture. Dans la région de l’Adamaoua, seulement 44% des filles sont scolarisées dans l’enseignement primaire.

Cameroun Mars 2022
Salamatou Ayenna, 29 ans, avec ses 5 enfants. Photo : PAM/Aurélie Lécrivain 

Salamatou Ayenna, membre de l’Association de parents d’élèves n’a jamais été scolarisée.

« Je voulais être banquière mais j’ai été forcée de garder le bétail, et puis à 12 ans j’ai été mariée » dit-elle en préparant les œufs qui seront servis à l’école de Youkou. Les mariages précoces de jeunes filles sont largement répandus dans les régions du Nord et de l’Adamaoua. Les jeunes filles sont contraintes d'élever des enfants et de se charger du travail domestique au lieu d’aller à l’école.

Salamatou espère que les œufs et les yaourts vont encourager les parents à maintenir leurs filles à l’école, « Peu de familles ici peuvent fournir des œufs et du yaourt aux enfants car c’est trop couteux alors ils vont garder leurs filles à l’école pour en bénéficier. » dit-elle. Deux œufs comme un yaourt de 250 grammes représentent 26% de l’apport nutritionnel journalier protéinique d’un enfant. Ces aliments hautement nutritifs améliorent l’alimentation et la concentration des élèves.

« Grâce aux œufs et yaourts, je vais bien apprendre et je serai docteure » dit Fadimatou, la fille de Salamatou. 

Cameroun Mars 2022
Fadimatou, 12 ans joue au médecin avec ses amies pendant sa pause. Photo : PAM/Aurélie Lécrivain 

Depuis le début du projet, Salamatou et trois autres femmes membres de l’Association des parents d’élèves se retrouvent une fois par semaine pour apprendre à lire avec la Directrice de l’école. Ces cours du soir improvisés ont été initiés suite à leur frustration de ne pas pouvoir comprendre les bons de livraisons des œufs et des yaourts, « nous aussi nous voulons être autonomes et libres » déclare Salamatou. 

Des communautés entières de la région d'Adamaoua : des petits exploitants agricoles, des producteurs et transformateurs laitiers, des parents et des élèves rêvent désormais d'autonomie ; conscients des avantages de l’alimentation scolaire locale. Après avoir goûté les œufs et les yaourts, rares sont ceux qui peuvent imaginer l'école sans.

Pourtant, le PAM est confronté à un déficit de financement pour assurer l’extension de ce programme à d’autres régions vulnérables du Cameroun. Le projet pilote dans la région de l’Adamaoua est soutenu par les généreuses donations du Gouvernement allemand.

 

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