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Au Niger, il suffit parfois d’un jardin

, Tiphaine Walton

Dans la région de Balleyara au Niger, à deux heures de route à l'Est de Niamey, la capitale, un projet de création de jardins scolaires soutenu par le PAM transforme des villages entiers. Cette initiative est porteuse d'espoir pour toute la communauté et constitue un modèle de développement pour cette région victime de la désertification.

BALLEYARA, Niger — Dans le jardin scolaire du village de Illouamiza poussent de curieuses essences d'arbres plus familières de la méditerranée que du Sahel. Citronniers et figuiers se plaisent au milieu du moringua et du manioc, espèces plus classiques de la région. On y trouve même un petit pied de vigne qui lutte dans le sable pour se développer. C'est une véritable oasis qui apparait au milieu d'un plateau aride où rien ne poussait jusqu'alors.

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Rachida Al Hassan, 19 ans, travaille la terre du jardin en compagnie de ses amies. En classe de terminale, les vacances d'été lui donnent l'opportunité de passer du temps en famille.

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« Nous sommes très fiers de ce jardin, il nous permet de produire du mil, du manioc, du sorgho, des mangues…, » explique-t-elle. « Mes petits frères et petites sœurs mangent mieux et peuvent se concentrer à l'école. Pour ma part, j'espère aller à l'université et devenir la première infirmière du village ».

Le PAM Niger en collaboration avec ses partenaires expérimente depuis trois ans la création de jardins scolaires répartis dans près de 50 écoles à travers le Niger. Le PAM administre les fonds de la Banque Mondiale et de l'Agence Française de Développement alloués au Gouvernement du Niger dédiés au financement d'un ensemble d'activités pour améliorer la qualité de l'éducation.

« Ces activités complémentaires autour des cantines comme le jardin potager, montrent que l'école peut constituer une porte d'entrée pour un développement communautaire participatif et inclusif. » affirme Nafiou Issaka, en charge de l'alimentation scolaire au PAM Niger.

Le PAM démontre que ces terres en surface arides et stériles ont en réalité beaucoup à offrir pour peu qu'on investisse dans des équipements d'extraction d'eau. A Balleyara, ils sont alimentés par l'énergie solaire.

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Chef de village assis prés de la pompe

Sur le plan pédagogique, les élèves apprennent de nouvelles techniques pour améliorer la productivité agricole. Ils sont sensibilisés au respect de l'environnement et au développement durable ce qui contribue à modifier les conceptions de l'agriculture et de la vie rurale.

« Le jardin est également un facteur d'assiduité à l'école car les familles sont assurées que leurs enfants bénéficieront d'un repas par jour », explique la directrice de l'école de Taizarma, un village de la zone concernée par le projet.

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La directrice de Taizarma avec ses élèves dans le jardin

Sur le plan économique, il permet d'abaisser les coûts d'enseignements et d'alimentation scolaire et de créer une source de revenus supplémentaires pour l'école et la communauté.

Au village de Léllé, Hadiza Hadou, 56 ans, fait fièrement visiter le moulin qui lui permet de moudre le grain. Il a pu être créé grâce aux revenus générés par le jardin scolaire de son village. Hadiza appartient à un groupement de femmes qui en assure la gestion, ce qui permet d'augmenter leurs revenus. « Depuis l'arrivée du moulin je n'ai plus besoin de passer des heures à piler le mil, ce qui est très fatigant. En plus, le moulin est devenu un point de rencontre où nous nous retrouvons pour bavarder. L'avènement du jardin puis du moulin a permis de recréer une cohésion sociale au village ».

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Puis, elle déambule dans le jardin pour montrer les différentes cultures et s'assoie au milieu des plans de moringua, « Le jardin a aussi mobilisé les parents d'élèves et nous bénéficions de la vente des récoltes. La cantine scolaire utilise les produits du jardin et les enfants mangent mieux. Au moulin, chaque usager contribue d'une modique somme et la caisse alimente la cantine scolaire quand les ressources sont limitées. Le jardin apporte vraiment beaucoup de choses au village, la pompe solaire permet aussi d'alimenter la case de santé en eau ! »

En effet, le jardin crée des liens et redynamise le village mais sa portée va bien au-delà. Il revitalise la terre autrefois considérée infertile et incultivable. Hadiza, par exemple, a elle-même créé son propre jardin devant sa maison.

« Bien que les jardins dans notre zone aient été créés il y a moins d'un an, les populations sont déjà autonomes ! » témoigne avec enthousiasme Elhadji Gagere de l'ONG Gage qui travaille avec le PAM sur la commune de Balleyara. « Nous sommes convaincus que cet exemple de mise en valeur de terres en apparence infertiles nous permettra de développer l'agriculture familiale ».

"J'en suis certain, dans un an ou deux beaucoup d'autres familles auront créé leur propre jardin ».

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Elhadji Gagere, coordinateur de l'ONG Gage dans un des jardins