Une enquête confirme une avancée alarmante de la faim
« Des millions de nord-coréens vulnérables risquent d’atteindre des niveaux de sous alimentation très précaires » a déclaré Jean-Pierre de Margerie, le directeur du Programme alimentaire mondial des Nations Unies en RPDC, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui à Pékin. « La faim n’avait pas atteint des niveaux aussi graves et étendus depuis la fin des années 1990 ».
La détérioration de la sécurité alimentaire a conduit le PAM à augmenter d’urgence ses distributions de vivres pour atteindre 6,4 millions de personnes, contre 1,2 millions de personnes actuellement.
Selon une Évaluation Rapide de la Sécurité Alimentaire (ERSA) d’une durée de trois semaines et menée conjointement par le PAM et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au mois de juin, la production alimentaire en RPDC et les importations de denrées ont fortement chutés.
L’ERSA a couvert 53 comtés dans huit provinces (Ryanggang, Hamgyong Nord, Hamgyong Sud, Kangwon, Hwanghae Nord, Hwanghae Sud, Phyongan Sud, Pyongyang). Des experts se sont rendus auprès de centaines de ménages, d’institutions pour l’enfance et d’hôpitaux à travers le pays pour l’évaluation la plus complète sur l’alimentation et la nutrition qui ait été menée en RPDC depuis 2004.
Les conclusions principales indiquent que:
- La disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation de la nourriture se sont gravement détériorées depuis 2007.
-Près de trois-quarts des ménages ont réduit leur consommation de nourriture.
-Davantage d’enfants malnutris et malades sont admis dans les hôpitaux et les institutions.
-La diarrhée, provoquée par la hausse de la consommation de plantes sauvages, est l’une des causes principales de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans.
Les experts ont constaté que la majorité des familles interrogées avaient entièrement éliminé les protéines de leur régime alimentaire, et se nourrissaient uniquement de céréales et de légumes. Les prix alimentaires ont grimpé en flèche – le riz coûte maintenant presque trois fois plus cher que l’année dernière, et le prix du maïs a quadruplé. Les habitants de certaines régions comme la province du Nord Hamgyong, l’une des plus gravement touchées, doivent souvent avoir recours au soutien familial pour faire face aux pénuries alimentaires.
« Nous avons constaté que maintenant, beaucoup plus de personnes récupéraient des aliments sauvages, qui sont peu nutritifs et difficiles à digérer. Nous avons besoin de secours alimentaires pour atteindre ceux qui ont faim de toute urgence » a déclaré Jean-Pierre de Margerie.
Pour répondre aux besoins croissants, le PAM prévoit une nouvelle opération, estimée à environ 500 millions de dollars, ciblant les femmes, les enfants et les personnes âgées les plus vulnérables dans huit des dix provinces du pays. Les deux autres provinces, Chagang et Phyongan Nord, seront couvertes par une opération d’aide alimentaire parallèle menée par des ONG américaines.
L’assistance du PAM est déjà en route grâce aux récentes promesses d’aides alimentaires, y compris jusqu’à 400 000 tonnes de vivres de la part des Etats-Unis, qui ont commencé à arriver dans le pays en juin. Mais le PAM avertit que davantage de dons seront nécessaires rapidement.
« Nous exhortons les donateurs à intervenir maintenant pour garantir que nous ayons assez de nourriture disponible pour les mois critiques à venir » a déclaré Tony Banbury, le directeur du PAM pour l’Asie, en ajoutant que 20 millions de dollars supplémentaires étaient nécessaires d’urgence pour survivre à la prochaine récolte d’automne. « Nous avons devant nous une tâche considérable et nous avons besoin que la communauté internationale nous aide à relever ces défis ».
Grâce à des conditions d’interventions récemment améliorées et négociées avec le gouvernement de la RPDC en juin, plus de 50 travailleurs humanitaires internationaux du PAM superviseront et feront le suivi de la livraison de l’aide alimentaire dans 131 comtés (contre les 50 actuels), y compris le Nord-Est, une région isolée et traditionnellement vulnérable à l’insécurité alimentaire.
Parmi les donateurs pour le programme actuel du PAM en RPDC, on compte les États-Unis (60 millions de dollars), la République de Corée (20 millions de dollars), la Fédération Russe (8 millions de dollars), la Suisse (6,6 millions de dollars), l’Allemagne (3,4 millions de dollars), l’Australie (4,2 millions de dollars), le CERF (2,3 millions de dollars – pour le CERF, consulter : http://ochaonline.un.org), les fonds multilatéraux (1,9 millions de dollars), Cuba et l’Italie (1,5 millions de dollars chacun), le Canada, le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg et la Norvège (1 million chacun), la Finlande (737 000 dollars), la Turquie (150 000 dollars), la Grèce (45 000 dollars), et les donateurs privés (17 000 dollars).