Selon le PAM, les pluies arrivent trop tard pour sauver des millions de Kenyans
« De manière assez ironique, ces pluies ne sont pas vraiment un soulagement. En effet, si elles atténuent les besoins immédiats en eau, elles augmentent les risques de maladies liées à la consommation d’eau contaminée. Dans le même temps, le bétail continue de mourir car les animaux sont très faibles et vulnérables à des maladies comme la pneumonie, du fait des baisse de température pendant la nuit », a déclaré Tesema Negash, Directeur du PAM au Kenya.
Aucune solution rapide
Il n’existe aucune solution rapide à cette crise, après cinq saisons consécutives de faibles précipitationsTesema Negash, directeur du PAM au Kenya
« Même des précipitations normales ne permettront pas de sauver le bétail dans le nord du pays, pas plus que d’assurer des récoltes immédiates à l’est. Il n’existe aucune solution rapide à cette crise, après cinq saisons consécutives de faibles précipitations », a ajouté M. Negash.
Ces habitants qui ont tout perdu auront besoin d’une aide, qu’elle soit alimentaire ou d’une autre nature, en 2007 et pour les années suivantes. Même si les précipitations de la saison des pluies, qui devrait durer jusqu’au mois de juin, sont normales et même si celles de la petite saison des pluies (octobre à décembre) le sont aussi, il faudra des années aux nomades qui ont perdu leur bétail et aux agriculteurs qui sont désormais sans aucune ressource pour reconstruire leur vies, après plusieurs années de faibles précipitations et de sécheresse au Kenya.
Routes impraticables
« Les familles les plus vulnérables sont celles qui ont perdu leur bétail ou qui ne peuvent ensemencer leurs terres, faute d’argent pour acheter les semences ou les engrais nécessaires. De plus, du fait des pluies et des inondations dans certaines zones, il est encore plus difficile et plus long d’acheminer l’aide alimentaire à ces habitants, parce que les pistes de sable sont par endroit impraticables pour les camions », a précisé M. Negash.
D’autre part, certains transporteurs refusent d'acheminer les produits alimentaires du PAM tant que les routes ne sont pas réouvertes. Ces retards et la possibilité que les routes restent longtemps fermées à la circulation auront une grande influence sur le nombre de personnes que le PAM pourra aider en avril. Ainsi, le PAM ne dispose actuellement d’aucun stock de denrées alimentaires pour le mois à venir dans les districts de Mandera et de Wajir, deux zones particulièrement touchées et situées au nord-est du Kenya.
Au total, 2,9 millions de personnes ont reçu 28 000 tonnes de produits alimentaires du PAM pendant ces quatre dernières semaines de sécheresse, par le biais de distributions alimentaires d’urgence dans le nord et l’est du pays.
Manque de dons
Pour les quatre semaines à venir, le PAM prévoit de dépasser la barre des 3 millions de bénéficiaires, auxquels s’ajoutent 500 000 enfants qui recevront des repas du PAM dans les écoles des régions les plus touchées. Cependant, le PAM doit faire face à un manque de fonds de l’ordre de 123 millions de dollars, c’est-à-dire 54% des 225 millions de dollars nécessaires pour offrir une aide alimentaire à 3,5 millions de Kenyans d’ici février 2007.
En mars et avril, le PAM avait dû supprimer l’huile végétale de ses rations et réduire fortement la quantité de mélange nutritif maïs/soja des paniers alimentaires distribués au Kenya, du fait d’un manque de dons en espèces, et d’une arrivée tardive de dons en nature. Pour cette même raison, le PAM ne pourra fournir de légumineuses en avril.
« Nos donateurs ont permis à de nombreux habitants de survivre à la sécheresse. Pourtant, ce serait cruel que de faire souffrir dans les mois à venir ces survivants qui ont tout perdu, du fait d’un manque de fonds » a déclaré M. Negash. « Nous devons continuer à nous battre et aider ces habitants à reprendre une vie normale, plutôt que de les abandonner à la saison des pluies ».