Les victimes de la crise togolaises vont manquer de nourriture d'ici la fin de l'année
DAKAR – Hier, le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies a mis en garde la communauté internationale, qu’à moins de recevoir immédiatement un million de dollars de la part de donateurs, plus de 65.000 victimes de la crise politique au Togo risquent de ne plus recevoir de l’aide alimentaire d’ici la fin de l’année.
Risque de troubles dans les camps
La situation est d’autant plus préoccupante qu’un arrêt brutal des distributions de vivres risque de provoquer des troubles dans les camps ainsi qu’aggraver les tensions entre les réfugiés et les communautés locales qui les accueillent.
Impossibilité de se nourrir
“Ces gens n’ont pratiquement rien et le monde est sur le point d’ignorer leurs besoins de base, a dit le Directeur Régional du PAM pour l’Afrique de l’Ouest, Mustapha Darboe. Une rupture Ces gens n’ont pratiquement rien et le monde est sur le point d’ignorer leurs besoins de base..Mustapha Darboe, Directeur Régional du PAM pour l’Afrique de l’Ouest
dans la distribution de l’aide alimentaire laisserait de nombreuses personnes, ne possédant aucun autres moyens de subsistance, dans l’impossibilité de se nourrir elles-mêmes.”
La lutte des factions
En février de cette année, suite à la mort du Président Gnassingbé Eyadéma, le Togo a été plongé dans une grave crise politique. Le pouvoir a été repris par le fils de l’ancien chef d’Etat, Faure Gnassingbé, confirmé dans ses fonctions de président par les élections du mois d’avril.
On estime qu’au moins 400 personnes ont perdu la vie dans la lutte entre les factions pendant le processus de succession. Ces troubles ont crée un climat de peur qui a poussé de nombreuses personnes à fuir au Ghana et au Benin, pour chercher refuge soit dans les camps de réfugiés soit auprès des communautés locales.
Les réfugiés togolais au Bénin et Ghana
Les plus vulnérables sont les 10.000 réfugiés qui se trouvent dans les deux camps au Benin et qui dépendent entièrement de l’aide extérieure pour subvenir à leurs besoins alimentaires immédiats. Environ 17.000 personnes, qui sont accueillis par les communautés locales, n’ont encore reçu aucune assistance.
Bien que 8,000 réfugiés au Ghana soient en train de recevoir de l’aide alimentaire, il y en a 10,000 qui vivent avec les populations locales et qui attendent toujours des vivres.
A la recherche d'endroits protégés
Au Togo, au moins 3.000 des 16.000 personnes estimées avoir fui leurs maisons à la recherche d’endroits protégés à l’intérieur du pays, ne sont pas encore retournées chez elles. On espère ne pas devoir interrompre nos distributions de vivres. Une telle situation pourrait avoir des conséquences très inquiétantes pour les trois pays affectés par la criseMustapha Darboe
Le PAM est aussi en train de prêter assistance aux membres des communautés d’accueil, dont les moyens de subsistances ont été défavorablement affectés par l’afflux des personnes déplacées au début de l’année.
Le PAM a immédiatement réagit à la crise en puisant dans ses propres ressources, mais l’opération n’est actuellement financée qu’à 37%. 1.9 millions de dollars additionnels seront nécessaires pour couvrir les besoins jusqu’à la fin de mars 2006.
Sans compter les fonds multilatéraux, le PAM a reçu une seule contribution – 410.000 dollars des Etats-Unis - pour financer son opération en réponse à la crise togolaise, et dont le coût est de 3 millions de dollars. “On espère ne pas devoir interrompre nos distributions de vivres. Une telle situation pourrait avoir des conséquences très inquiétantes pour les trois pays affectés par la crise.” a déclaré Darboe.