Les enfants mauritaniens seront les premières victimes des ruptures d'approvisionnement
En outre, si les opérations du PAM sont suspendues, les succès obtenus dans la lutte contre la malnutrition en Mauritanie ces dernières années seront mis en péril.
Inquiétudes
Le PAM a besoin de 14,4 millions de dollars supplémentaires pour financer ses opérations en Mauritanie cette année. Malgré l’arrivée imminente de la période de soudure pendant laquelle les familles pauvres luttent chaque jour pour trouver de quoi se nourrir, le PAM est inquiet de la réduction du financement au cours des derniers mois.
« Nous donnons l’alerte en avance, » a déclaré Gian Carlo Cirri, Directeur du PAM en Mauritanie. « Nous avons un besoin urgent de ces fonds pour pouvoir continuer à approvisionner sans interruption les centaines de centres d’alimentation répartis dans les zones les plus durement touchées du pays. Le système est déjà en place, nous devons absolument le faire fonctionner. »
Avec le gouvernement, l’Unicef et des ONG, le PAM fournit de la nourriture à plus de 600 centres d’alimentation communautaires dans le pays, dans lesquels près de 50 000 jeunes enfants et leurs mères ont reçu l’année dernière des rations complémentaires de nourriture enrichie en vitamines et en minéraux pour les aider à lutter contre la malnutrition.
Risques d'interruptions pour avril
Cependant, si le PAM ne reçoit pas de financement d’urgence, il y aura des interruptions d’approvisionnement dès avril, c’est-à-dire au moment où la période de soudure commence vraiment.
Bien que le rapport d’étude conjoint sur la sécurité alimentaire effectué récemment par le CILSS, la FAO, Fewsnet et le PAM ne soient pas alarmants, la situation actuelle est qualifiée de précaire. En effet, la production totale de céréales par personne est 7,7 % en dessous de la moyenne des cinq dernières années. En outre, les prix des céréales ont augmenté, ce qui nuit encore plus au pouvoir d’achat déjà faible des agriculteurs de subsistance.
Progrès
Les résultats d’une étude récente menée par l’Unicef sur la nutrition en Mauritanie établissent que le taux de malnutrition aiguë est de 8,2 % en moyenne nationale, par rapport aux 13,3 % de 2001. Dans le même temps, le taux de malnutrition chronique est passé de 38,2 % à 24,5 %.
« Ces avancées importantes, conquises de haute lutte, sont à présent menacées. Alors que les experts demandent que l’on s’investisse davantage et durablement contre la malnutrition en Mauritanie, nous ne pouvons rien faire parce que nous ne disposons pas de ressources suffisantes, » a souligné M. Cirri.
Régions les plus touchées
Les régions les plus touchées se trouvent dans le sud (Trârza, Brâkna, Guidimaka et Gorgol) où les taux de malnutrition aiguë sont supérieurs à 10 %, c’est-à-dire au-dessus du seuil d’alerte de l’Organisation Mondiale de la Santé. Ces zones très peuplées souffrent de manière chronique d’une pénurie de vivres et ne sont que peu desservies en centres de soins et autres infrastructures importantes.
Outres ses programmes nutritionnels, le PAM travaille avec le gouvernement et les ONG pour compléter l’alimentation des foyers des régions les plus pauvres du pays qui se trouvent dans le sud. Une étude du PAM montre que 165 000 personnes (9 % de la population) sont extrêmement vulnérables et dépendent de l’aide humanitaire au cours des mois les plus difficiles de l’année. D’autre part, 180 000 personnes doivent lutter pour se nourrir correctement.
Les distributions faites pour renouveler les stocks alimentaires villageois ou dans le cadre du programme vivres contre travail, où les habitants qui travaillent pour construire des infrastructures primordiales pour la communauté reçoivent des rations, sont également menacées par le niveau extrêmement bas des financements.
Besoin de soutien
Le gouvernement de la Mauritanie est engagé dans la lutte contre la malnutrition et la faim et a contribué à hauteur de plus de 1,2 million de dollars US aux opérations du PAM dans le pays. D’autre part, il a également fourni du matériel indispensable, tel que des outils agricoles, pour venir en aide au PAM et aux ONG partenaires.
« Ce n’est peut-être pas une crise humanitaire majeure, mais des dizaines de milliers de Mauritaniens ont besoin du PAM pour survivre au cours des mois les plus durs de l’année. Il est impensable pour nous d’imaginer, ne serait-ce qu’un instant, les abandonner, et pour cela nous avons besoin du soutien de la communauté internationale, » a affirmé M. Cirri.