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Les convois annulés freinent l’aide aux victimes du sud du Liban

BEYROUTH – Le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) a prévenu qu’il a de nouveau connu un revers dans ses efforts pour acheminer l'aide très attendue aux personnes touchées par le conflit au sud du Liban.

Convois bloqués

Des trois convois prévus aujourd'hui vers les villages de Tebnine, Rmeish et Naqoura, le PAM n'a reçu des Forces de défense israéliennes l'autorisation de procéder que pour Tebnine. Parmi les 18 camions de nourriture et autre matériel qui devaient être acheminés, seuls six, transportant de la nourriture et du matériel de l'UNICEF, atteindront Tebnine. Dimanche 30 juillet, le PAM avait essuyé le premier refus d’acheminer un convoi vers la ville libanaise de Marjayoun.

« Nous sommes de plus en plus frustrés que nos déplacements de convois soient freinés, laissant ainsi la population du sud dans le besoin depuis bientôt trois semaines. Nous n'avons plus une minute à perdre – ils manquent de nourriture, d'eau et de médicaments. De nombreuses personnes sont pauvres, malades ou âgées et n’ont pas pu être évacuées plus tôt. » a déclaré M. Amer Daoudi, Coordonateur d'urgence pour l’opération du PAM au Liban.

Crise alimentaire

Nous demandons à toutes les parties impliquées dans le conflit de permettre aux convois de circuler, sinon il est à craindre qu’une tragédie de bien plus grande envergure ne se développe.Amer Daoudi, Coordonateur d'urgence pour l’opération du PAM au Liban

D’après une organisation humanitaire présente au Liban, une crise alimentaire menace le sud du pays où un sérieux manque d'eau oblige la population à boire dans les étangs pour animaux qui sont contaminés par des bactéries. Rmeish, qui compte habituellement 5 000 habitants, accueille maintenant 25 000 personnes qui ont fuit les régions avoisinantes.

« Nous demandons à toutes les parties impliquées dans le conflit de permettre aux convois de circuler, sinon il est à craindre qu’une tragédie de bien plus grande envergure ne se développe » a ajouté M. Daoudi.

Embouteillages

Le convoi du PAM d'hier vers Cana, transportant assez de nourriture pour 6 500 personnes pendant 15 jours, a été retenu par des embouteillages créés par les milliers de personnes qui ont profité de l'accalmie des bombardements pour fuir vers le nord. Des routes et des ponts détruits ont aussi forcé les convois à emprunter des routes secondaires sur lesquelles ils avançaient très lentement.

En tant que coordonateur de l'opération majeure de logistique qui doit permettre d’acheminer l'aide humanitaire au Liban, le PAM est de plus en plus préoccupé par les stocks d'essence pour les camions des convois de l'ONU. Un manque d’essence significatif a conduit à la fermeture de stations d’essence ainsi qu’à l’abandon des voitures privées. Des files d’attentes de 60 à 80 voitures se constituent devant les quelques stations-services encore ouvertes.

Manque d'essence

« Nous avons désespérément besoin que l’arrimage des pétroliers commerciaux à Beyrouth et Tripoli soit autorisé» a annoncé M. Daoudi, alors que les activités des centrales électriques et des autres infrastructures clés sont sévèrement menacées.

Le PAM, qui assure le transport de l’aide des agences de l'ONU et des organisations humanitaires, envisage d’envoyer au minimum 2 convois par jour dans le sud du pays, où les hostilités entre les troupes d’Israël et du Hezbollah ont été les plus virulentes.

Les Nations Unies estiment que, depuis le début du conflit il y a trois semaines, plus d’un million de personnes ont été déplacées, dont 800 000 au Liban (soit un cinquième de la population libanaise), et près de 300 000 du côté israëlien.

Couloir humanitaire international

Samedi dernier, le PAM a mis en place le premier couloir humanitaire international terrestre reliant la Syrie au Liban afin de permettre le transport d’aide de l’UNICEF et du HCR. Un deuxième convoi d’aide humanitaire d’Arida à Beyrouth est également prévu pour aujourd’hui. Arida est la seule ville frontalière méditerranéenne offrant un point de passage entre les deux pays. Au cours des derniers jours, ce sont des dizaines de milliers de réfugiés qui ont franchi la frontière pour fuir les combats.

En Syrie, le PAM a débuté sa distribution de pain à près de 7 000 Libanais qui se sont réfugiés dans les bâtiments publics à Damas. Alors que le nombre de réfugiés est estimé à la hausse, le PAM a prévu des plans d’urgence pour pouvoir nourrir 20 000 personnes dans la capitale syrienne.

Appel d'Urgence de l'ONU

Le coût total des opérations du PAM (soutien logistique et aide alimentaire d’urgence), incluses dans l’Appel d’Urgence de l’ONU, s’élèvera à 48 millions de dollars, dont près de 9 millions sont destinés à répondre aux besoins alimentaires immédiats de la population déplacée.

Le PAM distribuera l’aide alimentaire en priorité à ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire 95 000 personnes déplacées dans les écoles et les établissements publics de Beyrouth, 165 000 personnes dans les secteurs particulièrement touchés du sud du Liban et environ 50 000 des 140 000 personnes réfugiées en Syrie.