Le Soudan fait face à de nouvelles réductions des rations d'aide alimentaire: le Darfour sera-t-il soumis de nouveau au régime de force?
Epuisement des stocks de nourriture
Le PAM a également tiré la sonnette d’alarme puisque les rations d’aide alimentaire pour six millions de personnes au Soudan pourraient être réduites dès le mois d’octobre en raison du quasi-épuisement des stocks de nourriture. Le PAM se verrait ainsi obligé de mettre les bénéficiaires à un régime basse calorie, sous les conditions minimales quotidiennes de 2100 calories. Le PAM a été forcé de réduire les rations de 50 % en mai, mais a pu les remonter à 84 % en juin après l’annonce de dons importants.
350 millions de dollars sont nécessaires
Pour éviter de nouvelles réductions des rations et combler les besoins du Soudan en aide alimentaire pour le premier trimestre 2007, le PAM estime avoir besoin de 350 millions de dollars. Cette somme servirait aussi à stocker l’équivalent de quatre mois de nourriture en prévision de la prochaine saison des pluies quand les régions reculées seront inaccessibles par la route.
Le risque d'un désastre humanitaire
Le PAM précise qu’il a besoin de l’argent maintenant puisque six mois sont nécessaires pour que les dons soient convertis en nourriture et distribués aux personnes dans le besoin. Sur la base du taux de consommation actuel, le PAM sera à court de nourriture pour le Soudan en janvier, ce qui entraînerait un désastre humanitaire. Des réductions des rations seraient donc inévitables avant d’en arriver là, mais cette mesure sera prise en dernier recours.
6,1 millions de personnes ont besoin d'aide
L'opération d’urgence du PAM au Soudan prévoit de nourrir 6,1 millions de personnes en 2006 au Darfour, au sud, au centre, à l’est du pays et dans les « trois zones » de transition (Abyei, Kordofan Sud et Nil Bleu).
La violence et la souffrance au Darfour
D'autres urgences humanitaires monopolisent l’attention internationale, c’est la raison pour laquelle le représentant du PAM au Soudan, M. Kenro Oshidari a exhorté la communauté internationale à se souvenir de la violence et de la souffrance qui sévissent en continu au Darfour en dépit de la signature de l'accord de paix en mai. « Tandis que les caméras sont braquées sur le conflit au Liban, la situation au Soudan s'est silencieusement dégradée pour devenir plus dangereuse et désespérée que jamais », a déclaré M. Oshidari. « Tout en continuant d’œuvrer pour la paix au Darfour, nous devons nous assurer que l'aide alimentaire atteint les millions de personnes victimes de la violence et souffrant de la faim. »
Des populations devenues inaccessibles
Mais le financement n'est pas le seul problème. La situation de sécurité qui se détériore dans la région mouvementée de l’ouest du Soudan rend les convois routiers par certaines zones du nord et du sud du Darfour trop risqués ; en effet de nouveaux combats ont éclaté et des actes de banditisme sont perpétrés. En juin le PAM a été dans l’impossibilité d’acheminer de la nourriture à plus de 290 000 personnes au Darfour, ce chiffre atteignant 470 000 en juillet. Depuis, des taux élevés de malnutrition ont été recensés pour ces derniers mois.
Des humanitaires tués
Oshidari se dit très préoccupé par la récente augmentation dramatique du nombre de travailleurs humanitaires tués au Darfour. Onze personnes de la communauté humanitaire ont trouvé la mort dans cette région depuis que l'accord de paix du Darfour a été signé. « La sécurité du personnel est cruciale et nous prenons beaucoup de précautions pour éviter les situations dangereuses. Ce serait un désastre pour les habitants du Darfour si la sécurité se détériorait au point où nous ne pourrions plus augmenter l’aide humanitaire » a déclaré M. Oshidari.
Une insécurité alimentaire importante au Sud-Soudan
Au Sud-Soudan, l'insécurité alimentaire est encore plus répandue et persistante qu'un an après la fin de la guerre civile avec le nord. Le PAM a réorganisé la distribution de la nourriture dans le sud. Pour réduire les coûts, le PAM a remplacé la plupart de ses opérations de parachutage par des convois routiers. Avant le début de la saison des pluies, le PAM a stocké 39 000 tonnes d’aide alimentaire au sud, réduisant ainsi la quantité de largages aériens de 20 % par rapport au total distribué. Mais sans nouvelles contributions, le PAM pourrait être forcé de reprendre l'année prochaine les coûteux largages aériens.