Le PAM est immobilisé par les violences à l'est de la RDC alors que des milliers de personnes fuient
par Marcus Prior
« Les rues sont bien plus calmes que d’habitude. Les habitants sont nerveux. Ils s’inquiètent de la suite », a ajouté Schaller.
L’est de la RDC vit une époque troublée. Les affrontements violents, qui ont eu lieu depuis la fin du mois d’août dans l’arrière-pays, à l’extérieur de la capitale de la province, ont probablement déplacé 200 000 personnes. À cause de ces combats, des régions sont actuellement inaccessibles aux livraisons humanitaires.
Le personnel de l’ONU visé
Pendant ce temps, au sein de la ville de Goma, les déplacements des membres du personnel et des véhicules des Nations Unies sont strictement limités, à cause des violences de rues qui ont visé des locaux et des membres du personnel des Nations Unies lundi.
Pour le moment, le PAM ne peut pas acheminer les vivres à ceux qui en ont besoin. Quinze camions sont chargés et prêts à partir, dès qu’une occasion se présentera. Si tout va bien, cela aura lieu très bientôt. Mais un seul jour de retard représente une frustration majeure pour Schaller, un homme d’ une grande expérience sur le terrain avec le PAM et qui connaît bien son travail : acheminer des vivres.
On ne connaît pas encore le nombre exact de personnes déplacées. Le plus grand défi consiste pour l’instant à sortir de Goma et à évaluer les réels besoins, puis à agir le plus rapidement possible pour y répondre. Heureusement, le PAM a réussi à distribuer une ration pour 15 jours à la plupart des personnes nouvellement déplacées au mois d’octobre. Mais maintenant, ces personnes ont à nouveau besoin de vivres et bien d’autres n’ont encore rien reçu du tout.
Le PAM – comme la plupart des organisations humanitaires dans la région – atteint ses limites. En effet, il faut près de 10 000 tonnes de vivres tous les mois dans les Kivus, mais, ce mois-ci, seulement 4000 tonnes de vivres sont disponibles dans la chaîne de ravitaillement. L’état des routes est lamentable et il y a peu de partenaires sur le terrain pour distribuer les vivres.
Les espoirs de plantations évanouis
Ces nouveaux déplacements ne pourraient avoir lieu à un plus mauvais moment. C’est la saison des plantations en RDC occidentale. En effet, les fortes pluies annoncent la récolte abondante à venir. Cependant, de trop nombreuses personnes manquent encore une occasion de subvenir à leurs propres besoins et seront dépendantes de l’aide extérieure au cours des mois à venir.
Les zones de conflit principales sont aussi le grenier de la région. Une production limitée réduira l’approvisionnement vers la ville, ce qui augmentera encore les prix des denrées. Ces prix, déjà élevés, alimentent le mécontentement de la population.
Pour compliquer encore les choses, le bureau du PAM situé plus au nord, à Bunia, a dû faire face à des combats sur au moins deux nouveaux fronts au cours des dernières semaines, ainsi qu’au déplacement de plusieurs milliers de personnes. La réponse a été rapide et efficace, mais a, une fois de plus, éprouvé les limites des ressources du PAM dans la région.
Marcus Prior est le responsable des affaires publiques du PAM en Afrique centrale et occidentale.