Le PAM est contraint de réduire encore ses rations alimentaires au Soudan
En réduisant ses rations alimentaires à seulement 1 050 calories (la moitié du minimum quotidien nécessaire), le PAM estime que ses stocks de denrées dureront plus longtemps pendant la « saison de la faim », qui dure de juillet à septembre, c’est-à-dire avant les récoltes et pendant laquelle les besoins sont les plus importants.
Le Darfour n'est pas une priorité pour les donateurs
« C’est l’une des décisions les plus difficiles que j’ai jamais prise. Les habitants du Darfour n’ont-ils pas assez souffert ? C’est l’une des décisions les plus difficiles que j’ai jamais prise. Les habitants du Darfour n’ont-ils pas assez souffert ? James Morris, Directeur Exécutif du PAM
N’allons-nous pas trop loin ? Ce manque de fonds est difficile à comprendre, car l’an passé l’aide officielle au développement avait atteint 107 milliards de dollars, c’est-à-dire deux fois plus que les années précédentes. Les donateurs ont été extrêmement généreux, mais les victimes de crises humanitaires comme celle du Darfour ne font partie de leurs priorités », a déclare James Morris, Directeur Exécutif du PAM.
« L’aide alimentaire est la priorité : nous ne pouvons pas réduire les rations à 1 000 calories par jour à des gens qui ont déjà perdu leurs maisons et leurs proches dans les violences. Pourtant nous avons dû nous y résoudre au Soudan pour pouvoir offrir à ceux qui en besoin un minimum pendant la saison maigre. C’est une mesure que l’on ne devrait jamais avoir à prendre. Nos donateurs nous ont beaucoup aidé en 2005, ils doivent nous aider encore en 2006 », a ajouté M. Morris.
Appels de fonds répétés
En dépit d’appels de fonds répétés, le PAM n’a recueilli que 238 millions de dollars, soit 32% du montant nécessaire pour aider les 6,1 millions de Soudanais vivant au Darfour, dans le sud, le centre et l’est du pays, ainsi que dans les « trois régions », auparavant appelées zones de transit : Abyei, Kordofan méridional et Nil Bleu. Le PAM est particulièrement préoccupé par les conséquences de la réduction des rations au Darfour, où une insécurité généralisée cause toujours des souffrances terribles.
Réduction de la valeur nutritionnelle
Les habitants du Darfour recevront la moitié du poids habituel de céréales, de mélange d’aliments enrichis et d’huile et un quart des quantités habituelles de légumineuses, sucre et sel. La valeur nutritionnelle chutera de 2 100 à 1 050 calories par jour et par personne.
Les mêmes réductions seront appliquées dans l’est, où le PAM aide des réfugiés d’Erythrée et des familles déplacées.
Augmentation des taux de malnutrition
« Le problème majeur est que ces manques de fonds menacent les progrès réalisés les années précédentes par les agences humanitaires au Darfour, où la malnutrition avait diminué de moitié. Nous faisions de grands progrès. Une enquête nutritionnelle en septembre 2005 a montré que quatre familles sur cinq dépendent de l’aide alimentaire. Nous sommes très inquiets car l’UNICEF annonce que les taux de malnutrition sont d’ores et déjà en augmentation cette année», a précisé M. Morris.
Le problème majeur est que ces manques de fonds menacent les progrès réalisés les années précédentes par les agences humanitaires au Darfour, où la malnutrition avait diminué de moitié.James Morris, Directeur Exécutif du PAM
En mars, le PAM avait déjà réduit de moitié le poids des légumineuses, sel et sucre dans les rations distribuées à 3,5 millions de Soudanais, du fait d’un manque d’engagement des donateurs. Fin février, le PAM n’avait reçu que 4% des fonds nécessaires pour le Soudan en 2006. Bien que des fonds aient été reçus depuis, ils sont trop faibles et trop tardifs pour éviter de nouvelles réductions des rations.
Le PAM n’a pas non plus pu acheminer et entreposer suffisamment de denrées pour offrir des rations complètes aux centaines de milliers d’habitants vivant dans des zones inaccessibles pendant la saison des pluies (juin à septembre). Il faut minimum quatre mois pour qu’un don se transforme en denrées sur le terrain.
Après deux décennies de guerre civile, le sud, où s’amorce la reprise, ne devrait pas être affecté. En effet, la majorité des habitants recevra 50 à 75% des rations par le biais des distributions générales du PAM. Celles-ci prennent en compte le fait que les habitants cultivent une partie des aliments dont ils ont besoin.
Les habitants qui rentrent chez eux, les personnes déplacées et les réfugiés recevront des rations complètes, tout comme les écoliers, les enfants souffrant de malnutrition et les mères qui bénéficieront des aliments complémentaires distribués dans des centres nutritionnels. Dans les « trois régions », des réductions auront lieu, mais dans une moindre mesure qu’au Darfour et à l’est.
Année critique
Cette année est déterminante au Soudan pour la pérennisation de la paix. Le PAM exhorte les donateurs à se manifester pour garantir l’aide alimentaire aux millions de Soudanais qui ont absolument besoin de notre aide James Morris, Directeur Exécutif du PAM
Des centaines de milliers de personnes qui rentrent chez elles et les communautés qui les accueillent dans le sud et dans les « trois régions » ont besoin de l’aide alimentaire pour traverser les premiers mois, les plus difficiles, avant d’atteindre l’autosuffisance.
« Cette année est déterminante au Soudan pour la pérennisation de la paix. Le PAM exhorte les donateurs à se manifester pour garantir l’aide alimentaire aux millions de Soudanais qui ont absolument besoin de notre aide », a déclaré M. Morris.
En 2006, les donateurs pour les opérations d’urgence du PAM au Soudan sont les Etats-Unis (188 millions de dollars), le Fonds commun humanitaire des Nations Unies (16,6 millions), la Libye (4,5 millions), le Canada (3,9 millions), la Norvège (1,8 million), l’Irlande (1,2 million), l’Italie (1,2 million), la Suisse (757 600), la Belgique (604 600) et des dons privés (20 000).