Le PAM achemine de l’aide alimentaire dans le Katanga grâce aux hélicoptères de la MONUC
Le PAM renouvelle également son appel à la communauté internationale pour aider des dizaines de milliers de Congolais déplacés, souffrant des conséquences de heurts entre différents groupes rebelles.
La semaine dernière, à travers une action synchronisée au sein du système des Nations Unies en RDC, les hélicoptères de la MONUC ont transporté l’aide humanitaire de différentes agences onusiennes, dont 7 tonnes de farine de maïs enrichie du PAM, à Mitwaba, à 600 km de Lubumbashi.
Les hélicoptères de la MONUC effectueront plusieurs autres rotations jusqu’au 17 Février, afin de faire parvenir d’urgence 30 tonnes de nourriture aux personnes les plus vulnérables. Le partenaire du PAM à Mitwaba, l’organisation non gouvernementale Action Contre la Pauvreté (ACP) a commencé les distributions alimentaires le samedi.
Venir en aide à près de 13.600 personnes
Des camions transportant un total de 100 tonnes de farine de maïs, d’huile végétale enrichie et de sel ont également quitté Lubumbashi pour Mitwaba la semaine passée. La totalité des vivres convoyés par route et par voie aérienne devraient couvrir les besoins de 13.600 pour deux mois, jusqu’en mars.
Nous avons déjà distribué des rations mensuelles à plus de 20,000 personnes en juillet, août, octobre et novembre 2005, dans la province du Katanga, mais les déplacements fréquents de population ont eu pour conséquence un accroissement des besoins Félix Bamezon
Les hélicoptères, avec à leur bord des soldats sud-africains de la MONUC, ont opéré quatre rotations la semaine dernière. La nourriture une fois sur place, a été transportée a bicyclette, grâce à l’ONG locale ACP.
« Nous avons déjà distribué des rations mensuelles à plus de 20,000 personnes en juillet, août, octobre et novembre 2005, dans la province du Katanga, mais les déplacements fréquents de population ont eu pour conséquence un accroissement des besoins », a indiqué Félix Bamezon, représentant du PAM en RDC.
Insécurité persistante
Durant les semaines qui viennent de s’écouler, des milices Maï Maï ont attaqué des villages et les troupes gouvernementales dans les zones avoisinant Mitwaba. « A cela, viennent s’ajouter des difficultés logistiques liées à des problèmes d’insécurité et de manque de financements. Les transporteurs ne souhaitent pas utiliser la route principale entre Lubumbashi et Mitwaba, en raison de récentes attaques des Mai-Mai dans les alentours, et en l’absence d’un couloir humanitaire, nous devons maintenant utiliser une route plus longue. Le coût toujours plus important des transports pose également problème », a ajouté Monsieur Bamezon.
Des villages incendiés
La population des camps de Mitwaba a accueilli avec joie la nouvelle de distributions imminentes. « Notre village a été brûlé par les Mai-Mai en Mars, l’année dernière ; j’ai pris un enfant sur les épaules , l’autre sur le dos, et j’ai couru aussi vite que j’ai pu », a expliqué Kanpinga Mujinga qui a donné naissance a son troisième enfant dans le camp de Mitwaba-centre il y a trois mois.
Camps attaqués
Le cauchemar de Kanpinga ne s’est pas arrêté là, puisque le premier camp dans lequel elle s’était réfugiée a également été attaqué par les Mai-Mai, il y a cinq mois, la forçant à s’enfuir de nouveau pour le camp de Mitwaba-centre, non loin de l’endroit où les hélicoptères de la MONUC ont atterri la semaine dernière.
« Pour le moment, pour manger, nous avons des déchets de manioc qu’on nous donne comme paiement pour notre travail dans les champs, on les pile pour faire de la farine », ajoute-t-elle. Les déchets de manioc ont une très faible valeur nutritive et les taux de malnutrition dans l’Est de la RDC tournent en moyenne autour de 10-20%
Insécurité et malnutrition
Les conséquences d’un conflit de cinq ans, et l’insécurité persistante dans certaines parties du pays, sont dévastatrices pour la sécurité alimentaire de beaucoup de ménages. Par peur de se faire tuer, les agriculteurs ne cultivent plus leurs champs. Les violences sexuelles contre les femmes sont plus que jamais d’actualité. Les personnes qui sont restées dans leurs villages ne s’hasardent pas à cultiver près des camps de peur de subir les tracasseries des hommes en armes.
La sécurité aux alentours des camps est toujours très volatile, et les gens vivent sous la peur constante d’être attaquées. Pour l’Est du pays seulement, le PAM a besoin d’urgence de 20 millions de dollars pour apporter de l’aide à quelque 800.000 personnes déplacées et réfugiées, prises au piège dans ce cycle de déplacement, car affrontements entre les troupes gouvernementales et les milices rebelles contraignent des milliers de civils congolais à se déplacer constamment. Le PAM a encore besoin d’un total de 75 millions de dollars pour ses opérations en RDC, dont le coût est de 191 millions de dollars, pour une période allant de janvier 2004 à juin 2006, pour venir en aide à 1,6 millions de personnes déplacées et de groupes vulnérables dans le pays.
Aider les plus vulnérables
Les besoins sont toujours extrêmement importants dans ce pays aussi grand que l’Europe, et nos opérations manquent de financement.Monsieur Bamezon
« Les besoins sont toujours extrêmement importants dans ce pays aussi grand que l’Europe, et nos opérations manquent de financement. Nous avons dû fermer un sous bureau dans le Kasaï Oriental en septembre, et nous dépendons de transporteurs locaux pour acheminer l’aide alimentaire dans des régions difficiles d’accès», a ajouté Monsieur Bamezon.
A Goma, dans la province du Nord Kivu, le PAM et ses ONG partenaires ont commencé les distributions à Kanyabayonga pour plus de 30.000 personnes, victimes d’attaques de groupes armés. A Kanyabayonga, nombreuses étaient les personnes déplacées qui ont affirmées qu’elles avaient passé deux semaines à se cacher dans la brousse après l’attaque de leurs villages par des milices.
En janvier, le PAM a également distribué 446 tonnes d’aide alimentaire à 25.900 personnes en Ituri et 769 tonnes à 163.000 personnes dans le Sud Kivu à travers ses différentes activités, incluant les cantines scolaires, vivres contre travail, mais aussi l’aide aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux personnes affectées par le VIH/SIDA et à d’autres catégories de personnes vulnérables.
Une attention particulière est également apportée aux femmes victimes de violences perpétrées par des groupes armées.
Les donateurs
Les 10 plus importants donateurs au projet d’Intervention Prolongée de Secours et de Réhabilitation mis en œuvre actuellement par le Programme Alimentaire Mondial en RDC sont les Etats-Unis (54 millions de dollars US), le Canada (6 millions de dollars US), la Belgique (6,9 millions de dollars US), la Commission Européenne (6 millions de dollars US), l’Allemagne (5 millions de dollars US), l’Italie (3,7 millions de dollars US), le Japon (3,5 millions de dollars US), la France (3,18 million de dollars US), les Pays-Bas (2,7 millions de dollars US) et la Finlande (2,3 million de dollars US).