Kenya : les pluies réduisent à 3 millions le nombre de personnes ayant besoin d’aide alimentaire
Le PAM a besoin de 44 millions de dollars pour continuer de les alimenter pendant six mois.
Besoin en aide alimentaire toujours important
Dans un rapport commun, le gouvernement kenyan et le PAM ont insisté sur le fait que le besoin d'aide alimentaire était encore important en particulier parmi les éleveurs nomades qui, lors de la sécheresse, ont perdu tout leur bétail (leur seul bien) dans le nord et le nord-est du pays et se sont retrouvés dans l’impossibilité de reconstituer leurs troupeaux. Il est également question des contributions financières qui ont ralenti de manière inquiétante au cours des derniers mois.
C’est évidemment une bonne nouvelle que les pluies aient permis de réduire le nombre de nécessiteux mais nous ne devons pas oublier les 3 millions de victimes de cette sécheresse qui comptent encore sur notre aide.John Munyes, Ministre d'Etat responsable des projets spéciaux au bureau du Président
Une évaluation d’un mois sur l'impact des longues pluies de février à juin au Kenya a révélé que 2,41 millions de personnes auraient besoin de l’aide alimentaire jusqu’au mois de mars 2007 en raison de la sécheresse qui les a précédées et que, pour la même période, 550 000 enfants recevraient l’alimentation scolaire.
« C’est évidemment une bonne nouvelle que les pluies aient permis de réduire le nombre de nécessiteux mais nous ne devons pas oublier les 3 millions de victimes de cette sécheresse qui comptent encore sur notre aide » a déclaré M. John Munyes, Ministre d'Etat responsable des projets spéciaux au bureau du Président.
« Ces personnes souffrent et comptent sur le Gouvernement du Kenya et le PAM pour leur fournir de la nourriture. Ce serait une tragédie absolue de les abandonner maintenant alors que la générosité des donateurs a permis leur survie après la perte de leur bétail. »
« Une saison des pluies ne suffit pas à mettre un terme à cette crise. Ces personnes ont besoin de tout notre soutien » a-t-il ajouté.
Stock de céréales épuisé
« Le nombre de nécessiteux a diminué mais ce n'est ni une Le nombre de nécessiteux a diminué mais ce n'est ni une consolation, ni une aide pour ceux qui sont toujours victimes de la sécheresse.Denise Brown, coordonnatrice des opérations d’urgence du PAM au Kenya
consolation, ni une aide pour ceux qui sont toujours victimes de la sécheresse » a déclaré Mme Denise Brown, coordonnatrice des opérations d’urgence du PAM au Kenya. « Le PAM rencontre notamment un problème important en ce qui concerne les céréales, qui représentent une part importante des rations alimentaires. Notre stock de céréales sera épuisé à partir du mois d’octobre et jusqu’à fin novembre. »
« Un chargement de céréales doit arriver des Etats-Unis en décembre, mais les dommages auront déjà été faits au cours des deux mois précédents - à moins que nous ne recevions immédiatement des contributions financières qui nous permettraient d'acheter des céréales sur place pour joindre les deux bouts tout en soutenant les agriculteurs kenyans » a-t-elle ajouté.
Manque de financement
Jusqu’ici le PAM a reçu 155 millions de dollars soit 69 pour cent des 225 millions requis pour cette opération d’urgence qui a débuté en mars cette année et qui se poursuivra jusqu’en mars 2007. Au plus fort de la sécheresse, 3,5 millions de personnes ont eu besoin d'aide alimentaire chaque mois. Il manque 44 millions de dollars au PAM pour pouvoir alimenter 2,4 millions de personnes de septembre à mars 2007, ainsi que pour l'alimentation de 550 000 écoliers dans les régions touchées par la sécheresse.
L'évaluation conjointe du Gouvernement, du PAM, d'autres agences de l'ONU et d’ONG a révélé que l’intensité des pluies avait été normale voire satisfaisante dans le nord-est, sur les côtes et dans certaines régions du sud et variant de 50 à 75 pour cent au-dessous de la normale dans le nord-ouest et dans des régions du nord du Kenya. Cette évaluation indique cependant que les communautés affectées par la sécheresse ont toujours besoin de l'aide d’urgence à court terme pour retrouver une vie normale et d’aide à plus long terme pour réduire leur vulnérabilité.
Nomades regroupés en périphérie des villes
Les précipitations ont été satisfaisantes dans 19 des 26 zones touchées par la sécheresse, bien qu’inégales selon les secteurs. Certains pâturages se régénèreront mais il faudra du temps pour remplacer le bétail perdu au cours de quatre saisons de sécheresse consécutives. Les familles qui ont perdu tout leur bétail ont dû abandonner leur mode de vie nomade et se sont regroupées en périphérie des centres urbains.
Les besoins les plus importants sont dans neuf districts d’éleveurs nomades où le nombre de bénéficiaires de l’aide passera en septembre de 1,3 million à 1,2 million de personnes. Dans les régions agraires limitrophes, le nombre de bénéficiaires est réduit de 1,4 million à 1 million de personnes. Dans les régions côtières, le nombre de gens recevant des rations d’aide alimentaire a été réduit de 55%.
Le développement comme obligation humanitaire et nécessité économique
Le rapport d’évaluation a indiqué que 84 % des terres au Kenya sont en région aride ou semi-aride et la pauvreté chronique y est élevée. De plus, la sécheresse reviendra inévitablement. Il a précisé également qu’un engagement à développer ces régions était une obligation humanitaire et une nécessité économique. Le développement à long terme est en effet requis pour soulager la pauvreté et amoindrir les dégâts causés par la sécheresse.