Journée mondiale de l’alimentation : pourquoi 400 millions d’enfants souffrent encore de la faim ?
La faim nuit au développement du cerveau
Il y a plus qu'assez de nourriture dans le monde[...]. Les "restes" des Etats-Unis pourraient nourrir tous les affamés d’Afrique.James Morris, Directeur exécutif du PAM
L'impact de la faim et de la malnutrition est souvent grave pour les enfants. Une récente étude a montré une fois encore que le développement cognitif pendant les premiers mois et années de la vie est crucial et influence l'apprentissage, le comportement et la santé tout au long de la vie. La faim nuit au développement du cerveau des enfants, diminuant leurs chances de succès pour l’avenir.
« Étant donné que 70 pourcent du développement cognitif a lieu au cours des deux premières années de notre vie, la malnutrition précoce peut avoir un effet dévastateur » a déclaré M. Morris. « Avant même de savoir parler et marcher, ces gosses ont déjà une longueur de retard. »
Des chercheurs chiliens ont démontré que les enfants qui ont souffert de la malnutrition avant l’âge de deux ans tendent à avoir des cerveaux plus petits et moins développés et des quotients intellectuels inférieurs à ceux qui ont été bien nourris.
Enfants bien nourris meilleurs à l'école
D'autres études montrent que la carence en fer chez les enfants de moins de deux ans peut être associée à de mauvaises performances scolaires une fois qu'ils atteignent l'âge d’aller à l’école. De même, les enfants en retard de croissance peuvent perdre des années d’éducation parce qu'ils sont scolarisés plus tard qu'ils ne devraient. En revanche, les enfants bien nourris sont sensiblement meilleurs à l'école.
« La conclusion que nous pouvons en tirer est qu’il est Étant donné que 70 pourcent du développement cognitif a lieu au cours des deux premières années de notre vie, la malnutrition précoce peut avoir un effet dévastateur.James Morris, Directeur exécutif du PAM
primordial d'intégrer l’alimentation dans les programmes d'éducation - alimentation scolaire - avec des interventions pour la survie et la croissance des nourrissons afin d’avoir le plus grand impact alimentaire sur les enfants » a déclaré M. Morris. « Et les programmes contre la faim des enfants doivent commencer avant même que l'enfant ne vienne au monde - ils doivent commencer par la mère. »
Intégrer l'alimentation dans les programmes d'éducation
M. Morris a comparé les opportunités et les technologies éducatives actuelles dont les enfants disposent dans les pays développés pour concrétiser leur potentiel avec les ressources extrêmement limitées disponibles dans les pays les plus pauvres du monde. Dans les pays comme le Niger, le Tchad ou le Bangladesh, des millions d'enfants ne vont pas à l'école, car les familles ont besoin que chacun travaille pour joindre les deux bouts.
« Il n'y a rien de mal à vouloir le meilleur pour nos propres enfants, le contraire serait anormal. Mais la prochaine fois que vous achetez un nouvel ordinateur portable à votre enfant ou que vous programmez ses cours particuliers, ayez une pensée pour les millions d'enfants dont les doigts ne toucheront jamais un clavier – ceux qui auraient déjà de la chance s’ils avaient accès à l’alphabétisation et à l’arithmétique de base » a déclaré M. Morris.
Assez de nourriture pour tout le monde
« Nous pouvons faire une différence. Il y a plus qu'assez de nourriture dans le monde. Par exemple en Italie, une fois que les besoins alimentaires de la population sont satisfaits, il y resterait suffisamment de nourriture pour toutes les personnes sous-alimentées en Ethiopie ; les « restes » des français pourraient alimenter ceux qui souffrent de la faim en République Démocratique du Congo, et ceux des Etats-Unis pourraient nourrir tous les affamés d’Afrique. »
Mettre en place une politique alimentaire prioritaire
« L'aide publique au développement a connu une hausse constante pendant plusieurs années et plafonne maintenant à 100 milliards de dollars. On ne pourra pas éradiquer la pauvreté tant qu’on ne s’attaquera pas à la faim et la malnutrition.James Morris, Directeur exécutif du PAM
Nous pouvons faire quelque chose, mais nous devons mettre en place une politique alimentaire prioritaire - on ne pourra pas éradiquer la pauvreté tant qu’on ne s’attaquera pas à la faim et la malnutrition. Et un bon début serait d’empêcher que la faim n’anéantisse toute lueur d’espoir des enfants. »