Skip to main content

Du sang, des diamants et la faim

FREETOWN – Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a fourni une aide alimentaire aux victimes de la guerre civile en Sierra Leone et contribue à la reconstruction du pays. La journaliste Hilary Heuler témoigne sur les opérations de l’organisation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Images de membres amputés, d’enfants armés de kalachnikov : la brutalité à l’état pur et la violence insensée de la guerre civile en Sierra Leone, qui a duré dix ans, a médusé le reste du monde.

Il s’avère parfois encore difficile de croire que les moyens d’une telle horreur ont été financés par les diamants, ceux-là même que nous portons en Occident.

Une des priorités des rebelles a été de s’emparer des mines de diamants, pour pouvoir échanger les pierres précieuses contre des armes.

Amputations

Ensuite, ils se sont mis à terroriser les populations : des personnes comme Kadiatu, à qui ils ont coupé les jambes à coups de machette.

Avec son fils âgé de sept mois, elle a passé une nuit couchée au milieu des morts tués par les rebelles, sans rien contre la douleur.

Après un séjour à l’hôpital, lors duquel ses jambes ont dû être amputées plus haut à cause de la gangrène, Kadiatu est arrivée au camp de déplacés de Grafton, où elle a reçu des rations alimentaires du PAM : de la farine de boulgour, des légumes secs, de l’huile végétale et du sel.

Pendant les années 1990, des organismes humanitaire, tels que le PAM, se sont battus pour apporter leur aide à des millions de civils innocents pris dans les échanges de tirs et leur donner une chance de survivre.

Construire la paix

Maintenant que la guerre est terminée, le PAM continue à œuvrer pour que ce pays ravagé redevienne autonome et qu’une paix durable s’installe.

Entre 1991 et 2002, environ un million et demi de Sierra Léonais ont dû fuir de chez eux alors que les rebelles déferlaient dans le pays, brûlant les maisons, tuant les civils et détruisant les moyens de subsistance des survivants.

Les employés du PAM ont souvent risqué leur propre vie. Les attaques répétées commises sur les travailleurs humanitaires faisaient partie de l’escalade de la violence dont personne n’était entièrement à l’abri.

Réfugiés

Pendant la première moitié de la guerre, la priorité a été l’aide alimentaire dirigée vers ceux qui en avaient le plus besoin, tandis que l’augmentation permanente du nombre de réfugiés signifiait que de plus en plus de personnes étaient loin de leurs terres et n’arrivaient pas à se nourrir.

Des rations ont été distribuées aux réfugiés et aux personnes déplacées, qui vivaient de façon précaire dans les camps. Le PAM a fourni une alimentation thérapeutique et de la nourriture supplémentaire pour lutter contre la malnutrition grave dont étaient atteint certains d’entre eux et sauver des vies.

Lorsque la situation a commencé à se stabiliser, des stratégies de reconstruction ont pu être envisagées en Sierra Leone ainsi que dans le reste de cette région déchirée par la guerre.

Des opérations de très grande envergure

En 2003, les opérations du PAM en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée étaient devenues les plus importantes et les plus longues menées en Afrique de l’Ouest. Elles ont permis de fournir une aide alimentaire et au développement à plus de 750 000 personnes.

Depuis, les gens ont commencé à rentrer chez eux et le PAM met progressivement un terme au soutien d’urgence aux réfugiés et aux déplacés.

Aujourd’hui, la reconstruction en Sierra Leone tend principalement à protéger, grâce à des « réseaux de sécurité », une population traumatisée mais décidée à se relever.

Récoltes et scolarité

Les paysans ont recommencé à moissonner leurs propres récoltes et des programmes d’alimentation scolaire dans les écoles primaires ont vu le jour, afin d’aider à poser la pierre angulaire du développement durable : l’éducation.

Dans les régions où l’agriculture locale n’est pas encore capable de nourrir des villages entiers, le PAM coordonne des programmes nourriture contre travail et nourriture contre formation afin d’aider les habitants à rétablir les infrastructures et l’agriculture du pays.

De plus, l’organisation apporte toujours une aide nutritionnelle et une alimentation supplémentaire aux mères allaitantes et aux enfants de moins de cinq ans, qui sont le plus touchés par une alimentation irrégulière, afin d’assurer la santé de la prochaine génération.

Objectifs financiers 2007

La région est en passe d’être réhabilitée, grâce au travail de fond fourni. Cependant, pour la reconstruction de la Sierra Leone, du Libéria et de la Guinée, le PAM a besoin de 37 millions de dollars de plus : il faut trouver des fonds pour que cette action continue en 2007.

Après des années d’épreuve, les Sierra Léonais attendent avec impatience de laisser le passé derrière eux et de reconstruire leurs vies. Le PAM et ses partenaires espèrent être capables de les aider.