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Des millions de personnes d'Afrique Australe sont frappées par une crise alimentaire suite à la pénurie de fonds

JOHANNESBOURG - Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a tiré la sonnette d’alarme aujourd’hui concernant la baisse massive des dons qui l’oblige à opérer des coupes dans l’aide alimentaire de 4,3 millions de personnes vivant en Afrique australe, demeurant vulnérables malgré les bonnes récoltes de l’année dans cette région.

La baisse de dons qui se chiffre à 60 millions de dollars intervient au moment même où la « saison maigre » approche; période pendant laquelle il faut attendre la récolte suivante jusqu’en mars ou avril. Compte tenu de l’absence de soutien financier des donateurs, les bureaux du PAM ont commencé à réduire dès septembre l’assistance alimentaire aux centres de nutrition pour les mères et les enfants, aux programmes d’alimentation scolaire et aux traitements en faveur des patients atteints par le VIH/SIDA ou la tuberculose. Certains pays comme le Malawi, la Namibie et le Swaziland subissent des réductions massives allant de 80 à 100%.

Focalisation de l'aide sur les personnes atteintes du VIH/SIDA

« Après l’annonce des bonnes récoltes, le PAM a réduit son assistance alimentaire globale pour se concentrer sur les personnes qui ont les besoins les plus chroniques, comme les séropositifs et les personnes atteintes du Sida », déclare Amir Abdulla, directeur régional du PAM pour l’Afrique australe. « Dans cette région où les taux de prévalence du VIH sont les plus élevés au monde, les personnes meurent de maladies liées au Sida alors qu’elles auraient pu survivre encore plusieurs années si elles avaient eu de quoi se nourrir. Les traitements anti-rétroviraux ne sont pas efficaces lorsque les estomacs sont vides ». Si nous pouvons leur venir en aide aujourd’hui cela évitera que la crise ne s’étende encore plusAmir Abdulla, directeur régional du PAM pour l'Afrique australe

« Les personnes séropositives appartenant aux communautés les plus pauvres ont peu ou pas de nourriture dans leurs foyers car elles ne peuvent cultiver ou n’ont pas d’argent pour en acheter. Si nous pouvons leur venir en aide aujourd’hui cela évitera que la crise ne s’étende encore plus », ajoute Amir Abdulla. « L’aide alimentaire leur permet non seulement de vivre plus longtemps mais également de travailler et de subvenir aux besoins de leurs familles. »

Un besoin d'aide conséquent

En plus du VIH et du Sida, la région est accablée par la pauvreté et d’autres maladies telles la malaria, la tuberculose et la pellagre (maladie de la peau). En dépit de l’abondance des précipitations cette année, des millions de personnes étaient encore trop pauvres pour acheter des semences ou des engrais afin de cultiver ou encore des grains après les récoltes. A certains endroits les pluies sont restées insuffisantes alors qu’à d’autres, des inondations ont balayé les cultures.

Le cas du Zimbabwe

Au Zimbabwe, une étude sur les vulnérabilités, datant de mai 2006, a recensé 1,4 million de personnes ayant un besoin urgent d’assistance alimentaire. Pourtant, au mois d’octobre, le PAM a été obligé de réduire ses opérations dans ce pays pour ne plus toucher que la moitié des 900 000 personnes qu’il était prévu d’aider. Le manque de fonds a rendu inévitables les coupes budgétaires dans les programmes d’alimentation urbaine et d’alimentation scolaire ainsi que la suspension de l’alimentation itinérante en zone rurale.

« Il est possible que des coupes supplémentaires soient nécessaires, à moins que les ressources n’augmentent », déclare Amir Abdulla. D’après des chiffres récents, le PAM a besoin d’au moins 17 millions de dollars pour permettre au Zimbabwe de passer la saison maigre et de venir en aide aux 1,9 million de personnes que le PAM souhaite toucher.

Les personnes affamées ont moins de capacités à faire face à des difficultés et succombent plus rapidement aux maladies chroniquesAmir Abdulla

Le Zimbabwe est l’un des sept pays qui font partie d’une opération régionale du PAM qui a commencé en janvier 2005 et qui doit se poursuivre jusqu’en décembre 2007. Les autres pays qui font également partie de cette opération et qui subissent des coupes similaires sont le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, le Swaziland et la Zambie.

L'importance de la nourriture

« Alors que la famine du reste du continent attire l’attention du monde entier, les mêmes problèmes en Afrique australe n’en restent pas moins tragiques », ajoute Amir Abdulla. « Les personnes affamées ont moins de capacités à faire face à des difficultés et succombent plus rapidement aux maladies chroniques. Les enfants en bas âge victimes de sous-nutrition ont plus de risques de mourir avant l’adolescence.»

« Grâce à l’aide alimentaire, les individus bénéficient d’un programme de survie nécessaire tout en poursuivant leurs études, en apprenant de nouvelles compétences professionnelles ou en se tournant vers des cultures plus résistantes. Cette assistance doit demeurer un élément primordial pour le développement de la région », déclare Amir Abdulla.