Déclaration sur la situation humanitaire au Darfour
Les attaques sur les convois du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) ont gravement retardé les livraisons d’aide alimentaire au Darfour ce qui a entraîné une réduction des rations alimentaires à hauteur de 40% depuis le mois de mai. Au moins 2,7 millions de personnes seront affectées par une réduction de l’aide pour les deux mois à venir.
Les détournements de véhicules humanitaires au Darfour augmentent – 160 jusqu’à présent pour 2008 – et entravent les distributions et la qualité d’une aide pourtant vitale. Huit travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début de l’année.
De plus, l’ensemble de la population du Darfour a été confronté à une récolte céréalière considérablement plus faible en 2007, sur fonds de flambée des prix de l’alimentation. La situation est très préoccupante dans le sud du Darfour notamment, où la récolte de céréales a été déficitaire. Si les champs ne peuvent pas être cultivés à cause du conflit et des déplacements, de nombreux ménages vont devenir encore plus vulnérables.
Les services d’eau et d’assainissement sont déjà à bout de souffle. Si les gens sont affaiblis par une pénurie alimentaire, l’impact de maladies telles que la diarrhée et les infections respiratoires aigues pendant la saison des pluies qui approche sera encore plus grave.
Afin de surveiller, d’évaluer et d’amoindrir l’impact de ces facteurs, il est essentiel que les humanitaires aient un accès sécurisé à toutes les communautés. Un tel suivi n’est possible que si les agences d’aide peuvent entreprendre des études et en publier les résultats dans les meilleurs délais et sans restrictions.
Il y a encore une fenêtre d’opportunité ouverte pour protéger la population darfourie des pires effets de la saison creuse de cette année, mais elle se ferme rapidement. Globalement, malgré des pics localisés et la vulnérabilité des nouveaux déplacés, les taux de malnutrition et de mortalité au Darfour sont toujours comparables à ceux de l’année dernière à la même période.
Toutes les parties prenantes doivent agir immédiatement pour permettre aux agences humanitaires de surveiller la situation et de distribuer une aide vitale sans risque sécuritaire. Si ces conditions ne sont pas respectées, notamment la sécurité nécessaire aux livraisons de rations alimentaires complètes, la situation se détériorera.
En tant qu’agences humanitaires présentes au Soudan, nous appelons à ce que soient mises en place les actions suivantes pour répondre à ces préoccupations, que partage également le gouvernement. Nombre d’entre elles ont déjà été acceptées lors du Consortium sur le Soudan à Oslo et par le Comité de Haut Niveau.
Le gouvernement soudanais doit mettre en pratique son engagement d’assurer les escortes de convois de nourriture au minimum toutes les 48 heures sur les routes principales du Darfour. Cependant, pour que les rations alimentaires reviennent à des niveaux normaux, les autorités doivent autoriser les camions qui transportent l’aide alimentaire à traverser le Darfour tous les jours, avec ou sans ses escortes. T
ous les groupes armés qui sévissent au Darfour qui sont responsables des attaques sur les humanitaires – signataires ou non des Accords de Paix du Darfour - doivent cesser les détournements de véhicules et de biens, et respecter les lois et principes humanitaires internationaux.
Le gouvernement soudanais doit immédiatement appliquer son accord de publier les résultats d’études humanitaires techniques – y compris des études nutritionnelles et sur les récoltes – et minimiser les retards de publication d’études futures.
Le déploiement des troupes de l’UNAMID doit être accéléré pour fournir une protection aux civils et aux travailleurs humanitaires et leurs biens.
Enfin, un accord pour mettre un terme à la crise du Darfour doit être négocié, autorisant les déplacés internes à regagner leurs communautés d’origine volontairement et en toute sécurité, pour reprendre le cours de leur vie et leurs moyens de subsistance. Entre-temps, les déplacés internes doivent continuer à accéder aux camps et à la protection contre les retours forcés ou involontaires.
Si la réaction se fait attendre, les répercussions sur le bien-être et le développement des populations du Darfour seront très graves – pas seulement pour les jours et les mois à venir, mais à plus long terme.
Cette déclaration a été approuvée par les membres suivants de l’équipe des Nations Unies au Soudan :
L’Organisation Internationale des Migrations (OIM)
Le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA)
Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF)
L’Organisation Internationale pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO)
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR)
Le Centre des Nations Unies pour les moyens Logistiques Communs (UNJLC)
Le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM)
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)