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Aidez-nous à tenir nos promesses au Soudan

Lettre de Khartoum – par Kenro Oshidari, Représentant du PAM, Soudan

Face à la caméra, Mohamed Mahmoud affiche un large sourire. Accroupi devant sa cabane constituée de déchets de plastique et d’herbe assemblée sur un cadre fragile fait de morceaux de bois, il serre dans ses bras son fils de trois ans, et montre avec fierté ce qu’il a de plus cher: sa famille.

Mohamed était un de ces hommes relativement aisés dans son village au Sud Darfour – le fier propriétaire de 15 chèvres et 20 têtes de bétail, avec 10 sacs de millet en réserve des récoltes de l’année précédente. Mais il y a 4 mois, des bandits sont venus aux premières heures de la journée. Ils ont assassiné son frère, brûlé sa maison et mis la main sur son grain et ses réserves.

Camps de déplacé

s

La famille est allée chercher refuge dans le camp de Sekeley, près de la ville de Nyala, où ils vivent aujourd’hui avec 8500 autres personnes. La plupart sont déplacées depuis peu dans un conflit qui est supposé avoir pris fin en mai avec la signature de l’Accord de paix sur le Darfour.

C’est le sort de familles comme celle de Mohamed qui ont motivé de simples citoyens et un cercle grandissant de politiciens et de célébrités, à se mobiliser et à se joindre à des marches et des veillées de prière qui lancent un appel pressant pour la paix et l’aide aux victimes du Darfour.

Mais quiconque a suivi la crise au Darfour le sait : la paix n’est pas encore arrivée.

Impact humain du confli

t

Cependant, l’aide est présente. Pendant que des politiciens, diplomates et journalistes se concentrent sur une solution politique, des milliers de professionnels de l’aide – et les personnes qu’ils sont venus secourir – continuent de se pencher sur l’impact humain de ce conflit.

Quand je suis allé au Darfour pour la première fois à l’été 2004 comme Coordinateur des premières urgences pour le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), nous assurions la subsistance de 1,2 million de personnes par mois. Aujourd’hui, nous nourrissons près de 3 millions de personnes – personnes qui vivent dans des camps pour les déplacés aux conditions précaires, ou qui d’une façon ou d’une autre sont demeurées dans leurs propres communautés, en dépit des dangers. Toutes sont incapables de se nourrir elles-mêmes.

C’est un effort humanitaire très important qui a un coût élevé – et qui rencontre d’immenses obstacles.

Douze

humanitaires

tués

Depuis que l’Accord de paix a été signé, la sécurité s’est dégradée dans de larges régions du Darfour. Au Nord Darfour, par exemple, nous n’avons pas réussi à atteindre 355 000 personnes en août, et pour la plupart, il s’agissait du troisième mois consécutif sans approvisionnement alimentaire du PAM. Le banditisme et les combats ont rendu les déplacements des professionnels de l’aide extrêmement dangereux dans de nombreuses régions. Douze travailleurs humanitaires ont été tués là-bas au cours des quatre derniers mois – plus que depuis le début de la crise en 2003.

Obstacles matériels et financier

s

Mais nos obstacles ne sont pas seulement matériels, ils sont aussi financiers. En mai, un manque d’argent nous a obligés à réduire de moitié les rations alimentaires pour des milliers de personnes dans le besoin au Darfour – une tentative de dernier recours dans l’urgence pour s’assurer qu’il y aurait assez de nourriture pour passer la saison des pluies qui commençait. Ce fut un choix difficile mais nécessaire, et que nous espérons n’avoir jamais à reconduire.

Etant donné l’état actuel des dons, nous serons en mesure de répondre à 85% des besoins alimentaires de la population au Darfour jusqu’à la fin de l’année.

Mais si nous n’en recevons pas davantage bientôt, nos caisses – et les estomacs de milliers de gens – seront vides à l’approche de janvier.

Solution politique

Ce que nous espérons tous est une solution politique à la crise au Darfour. Après, nous pourrons commencer le processus de reconstruction et aider les gens à développer une économie forte et autonome. Car même si la paix arrive, le besoin d’aide alimentaire du PAM ne disparaîtra pas du jour au lendemain, puisque nous devrons aider des millions de personnes à se remettre de décennies de guerre.

Notre engagement sur le long terme vis-à-vis de la population du Darfour est que nous continuerons à être présents pour aider. Notre appel au reste du monde est de nous aider à tenir cette promesse.