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2006, En Afrique de l'Ouest: lutter pour survivre

DAKAR - Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a aujourd’hui appelé la Communauté internationale à rallier ses efforts pour combattre la faim et la pauvreté en Afrique de l’Ouest, l’une des régions les plus pauvres du monde.

En 2006, le PAM a pour but de nourrir au moins 10 millions de personnes en Afrique de l’Ouest avec plus de 300 000 tonnes de nourriture d’une valeur d’environ 237 millions de dollars. A ce jour, seuls 18,4 millions de dollars ont été confirmés - soit quelque 8% des besoins globaux.

Une nouvelle année difficile pour le Sahel

Les moyens de subsistance s’effondrent et les populations, en particulier les jeunes enfants, souffrent terriblement au point d’en mourir dans certains cas Jean-Jacques Graisse

« L’année dernière au Niger, nous avons fait la triste expérience de voir ce qui se passe lorsqu’on laisse la pauvreté prendre racine et s‘envenimer dans un pays. Les moyens de subsistance s’effondrent et les populations, en particulier les jeunes enfants, souffrent terriblement au point d’en mourir dans certains cas », a déclaré Jean-Jacques Graisse, Directeur exécutif adjoint du PAM, en mission à Dakar.

« Le conflit a aussi détruit de nombreuses vies et un grand nombre de personnes ont encore besoin d’aide pour faire face aux conséquences immédiates de la violence et des déplacements ou pour repartir à zéro une fois la paix revenue. Le PAM a un énorme travail à accomplir en 2006 », a-t-il précisé.

Malgré une bonne récolte fin 2005, la région du Sahel va devoir faire face à une nouvelle année difficile. Mauritanie, Mali, Burkina Faso et surtout Niger, tous ont enduré de grandes difficultés pendant la saison de la soudure en 2005 et les plus pauvres pourraient à nouveau se trouver dans une situation précaire, leurs stratégies de survie dépassées et leur pouvoir d’achat épuisé.

Pauvreté endémique au Niger

Au Niger en particulier, une pauvreté dévastatrice et une dette paralysante continuent de miner la capacité des familles rurales à se prendre en charge. L’opération d’urgence du PAM est actuellement axée sur le maintien de l’assistance aux enfants malnutris. Elle comprend aussi des projets vivres-contre-travail et le réapprovisionnement des banques de céréales dans les villages pauvres pour renforcer la capacité des gens à supporter une nouvelle année difficile. Cependant, l’opération en cours du PAM au Niger nécessite encore près de 22 millions de dollars pour éviter que la distribution alimentaire ne s’interrompe dès le mois prochain.


On a depuis trop longtemps laissé la région du Sahel s’enfoncer de plus en plus profondément dans la pauvreté, malgré une relative stabilité et démocratie.Jean-Jacques Graisse

« On a depuis trop longtemps laissé la région du Sahel s’enfoncer de plus en plus profondément dans la pauvreté, malgré une relative stabilité et démocratie. L’accès à la nourriture est au cœur de l’existence humaine et pourtant la pauvreté signifie que des millions de personnes ici même en Afrique de l’Ouest se réveillent chaque matin sans savoir comment ils vont manger », déclare M. Graisse.

Libéria, près de 700 000 personnes assistées

L’avenir du Liberia a pris une tournure positive avec le bon déroulement des élections fin 2005, mettant fin à 14 années d’une guerre qui a déchiré le pays. Cependant la société et les infrastructures restent traumatisées et disloquées ; afin de permettre un véritable redressement, le PAM nourrit quelque 700 000 personnes dans le pays. Cela comprend au moins 50 000 personnes qui ont dû fuir leur foyer pendant le conflit et s’abriter dans des camps à l’intérieur du Liberia et doivent encore être réinstallées et 75 000 réfugiés dans les pays voisins qui doivent rentrer chez eux avec l’assistance du PAM.

Côte d’Ivoire, entre paix et conflit

Alors que le Liberia se remet, la Côte d’Ivoire hésite entre paix et conflit renouvelé qui pourrait déstabiliser une large partie de la région. L’opération actuelle du PAM qui vient en aide à près d’un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire est renforcée par un plan d’urgence pour nourrir 350 000 personnes supplémentaires, prêt à entrer en action sans délai si la situation devait se dégrader rapidement.

Situation inquiétante dans l'Est du Tchad

La détérioration récente de la sécurité dans l’Est du Tchad est inquiétante mais n’a pas encore d’impact sur l’approvisionnement en nourriture des 12 camps qui abritent plus de 200 000 réfugiés du conflit du Darfour au Soudan ; mais une escalade des hostilités pourrait avoir un effet désastreux sur les opérations. L’insécurité qui prévaut dans le nord de la République Centrafricaine a également porté le nombre de réfugiés allant vers le sud du Tchad à plus de 40 000.

Doubler les repas scolaires au Sénégal

Même les pays stables qui font de réels progrès économiques tel que le Sénégal ont d’importants besoins en termes d’alimentation et de nutrition. Au cours des cinq prochaines années, le PAM prévoit de doubler le nombre d’écoliers qui recevront des repas gratuits à plus de 250 000 dans le cadre de ses efforts pour améliorer l’état nutritionnel et l’accès à l’éducation primaire dans le pays.

Bas revenus et déficit alimentaire

En Afrique de l’Ouest, le PAM mène aussi des opérations au Bénin, au Cap Vert, au Cameroun, au Ghana, en Guinée Bissau, à Sao Tomé et Principes et en Gambie - 18 bureaux au total. Tous les pays dans lesquels le PAM a des bureaux sont classés comme pays à bas revenus et déficit alimentaire. Quatorze figurent parmi les derniers 20% de l’Indicateur du développement humain du PNUD, les 7 plus bas étant tous des pays d’Afrique de l’Ouest. Environ 3,2 millions d’enfants de moins de 5 ans de la région souffrent de malnutrition sévère et 9 millions de malnutrition chronique.

Nous avons besoin de ressources pour le faire - comme nous l’avons appris à maintes reprises, livrer en retard coûte beaucoup plus que de livrer immédiatementJean-Jacques Graisse

« Presque tous les indicateurs socio-économiques situent les pays d’Afrique de l’Ouest en fin de liste. Le besoin d’aide humanitaire est dans bien des cas écrasant, mais la capacité à la fournir n’est pas toujours garantie. Nous avons besoin de ressources pour le faire - comme nous l’avons appris à maintes reprises, livrer en retard coûte beaucoup plus que de livrer immédiatement », affirme M. Graisse.