Yémen: la famine se rapproche, prévient le Programme Alimentaire Mondial
Les habitants du Yémen seront confrontés à la famine si le monde ne prend des mesures immédiates, avertit aujourd'hui le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
Près de 50 000 personnes au Yémen vivent déjà dans des conditions similaires à une famine, avec 5 millions qui en sont très proche.
David Beasley, le Directeur Exécutif du PAM, rappellera les craintes de l'organisation pour le pays pendant la conférence de collecte de fonds de haut niveau, organisée par l'ONU avec les gouvernements de la Suisse et de la Suède.
L'ONU estime que près de 250 000 personnes sont mortes pendant la guerre qui a touche le Yémen depuis six ans, dont plus de 131 000 personnes des conséquences indirectes du conflit, telles que le manque de nourriture, de services de santé et d'infrastructures — la situation dans le pays est pire maintenant qu'elle ne l'a jamais été depuis 2015.
Le Yémen est la plus grande opération humanitaire du PAM, avec une aide alimentaire à près de 13 millions de personnes - près de la moitié de la population - tandis que 3,3 millions de femmes et d'enfants reçoivent une aide nutritionnelle.
Avec la pandémie de COVID-19 toujours en plein essor, la communauté internationale ne peut pas attendre une classification officielle de la famine au Yémen pour agir.
Une classification de famine au Yémen pourrait ne jamais arriver en raison des lourdes preuves requises. Il faudrait prouver que 20 pour cent des ménages font face à un manque extrême de nourriture ; 30 pour cent des enfants souffrent de malnutrition aiguë ; et deux personnes sur 10 000 meurent chaque jour de faim ou, de la corrélation entre la malnutrition et la maladie.
Pourtant, dans les zones de conflits - où les communications sont interrompues, les communautés sont déplacées et l'accès humanitaire est limité - vérouiller les faits d'une situation qui se détériore rapidement est un défi énorme.
Personne ne doute que des gens sont déjà en train de mourir et que l'insécurité alimentaire continuera d'augmenter sans un soutien humanitaire immédiat.
Le PAM tient à souligner aux gouvernements donateurs que le Yémen a besoin de paix - seule la peut peut briser le cycle corrosif de la faim et des conflits qui sévit dans le pays depuis six ans.
Les progès vers la paix exige une action urgente pour protéger les civils, de fournir une assistance vitale, de garantir l'accès humanitaire et de soutenir une économie qui a diminué de moitié depuis le début du conflit.
Le PAM a besoin d'au moins 1,9 milliard de dollars US en 2021 afin de fournir une assistance alimentaire minimale pour prévenir la famine - pour maintenir ses opérations jusqu'en juillet, le PAM a besoin immédiatement de 482 millions de dollars US. Sans cela, à partir de juin, le PAM devra sûrement réduire l'aide nutritionnelle à 1,1 million d'enfants et de mères, tandis que 5 millions de personnes risquent de subir des diminutions ou interruptions de l'aide alimentaire d'urgence dès le mois de mai.
A l'heure actuelle, environ 8 millions de personnes reçoivent une aide alimentaire du PAM un mois sur deux, au lieu d'une fois par mois. C'est le cas depuis avril 2020 car le PAM ne dispose tout simplement pas des fonds suffisants. Ces interruptions, à leur tour, ont contribué à l'augmentation des niveaux de la faim, s'ajoutant à la poursuite des conflits, aux déplacements de populations, à la hausse des prix des denrées alimentaires et à la baisse de la monnaie - qui ont tous atteint de nouveaux sommets inquiétants en 2020.
Depuis le début de l'année 2021, le PAM a reçu 150 millions de dollars des Etats-Unis, 75 millions de dollars de l'Allemagne, près de 50 millions de dollars de la Banque Mondiale, et 40 millions de dollars du Royaume d'Arabie Saoudite, ainsi que des contributions plus modestes de donateurs privés, de particuliers, et des fonds communs des Nations Unies.
Ces fonds sont utilisés pour atteindre les personnes les plus exposées à l'insécurité alimentaire dans des régions où la mort et la faim sont déjà une réalité. Mais cela ne suffit pas pour atteindre toutes les personnes dans le besoin cette année.
Jusqu'en 2019, le PAM a reçu environ 70 % des fonds de trois donateurs - les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Ils ont augmenté leurs contributions chaque année, le conflit poussant de plus en plus de familles dans la crise. Cela a permis au PAM de se développer pour répondre aux besoins croissants, passant d'environ 1 million de personnes en 2015 à près de 13 millions en 2019. Cette intensification humanitaire - l'une des plus importantes de l'histoire récente - a évité une famine en 2019.
Cependant, en 2020, le PAM a reçu environ la moitié des fonds nécessaires. L'organisation espère maintenant que d'autres donateurs donneront à des niveaux similaires aux années précédentes.
António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, assistera également à la conférence, tandis que Mr. Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence animera.
En Janvier, David Beasley avait mis en garde une catastrophe imminente au Yémen. "Nous luttons maintenant pour nourrir 13 millions de personnes," avait-t-il déclaré. "Et si nous nous débattons avec 13 millions de personnes, et que nous n'avons ni l'argent ni l'accès et les outils dont nous avons besoin, que pensez-vous qu'il va se passer ?"