Une chaîne d’approvisionnement inaltérable face au Covid-19
Traduit de l'anglais, par Selina Chan
Lorsque les chaînes d'approvisionnement se brisent, les plus vulnérables ont toujours besoin de nourriture pour survivre.
Alors que la pandémie du COVID-19 entraîne la fermeture de certaines frontières, des restrictions dans les déplacements et de nouvelles complications totalement inédites au niveau de la chaîne d'approvisionnement, le Programme alimentaire mondial (PAM) doit trouver des moyens de poursuivre sa mission, à savoir contribuer à sauver la vie des populations les plus vulnérables et en améliorer les conditions. Parmi ces personnes, on compte les 11,6 millions d'enfants qui ne reçoivent plus de repas scolaires distribués par le PAM en raison de la fermeture des écoles, un nombre qui devrait encore augmenter dans les jours et les semaines à venir.
La logistique derrière l'approvisionnement en nourriture
En tant que membre de la cellule de coordination inter-institutions de la chaîne d'approvisionnement dirigée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le PAM joue un rôle actif aux côtés d'autres agences des Nations Unies, d'organisations internationales ou encore d'ONG, pour accroître l'efficacité et la cohérence de la réponse apportée à l'épidémie de COVID-19 dans l'ensemble du secteur humanitaire. Il s'agit notamment de mettre en commun les ressources pour que chacun puisse disposer d'informations actualisées sur les contraintes logistiques, de signaler les interruptions des programmes de développement en cours, et de prendre collectivement les meilleures décisions.
L'un des objectifs de la cellule de coordination est de donner la priorité à la demande de matériel nécessaire à l'intervention contre le COVID-19 : des équipements de protection individuelle tels que des gants, des masques et des blouses de protection, ainsi que des équipements cliniques et de diagnostic de laboratoire.
En réponse à la demande croissante concernant ce matériel spécifique, le Dépôt de réponse humanitaire des Nations Unies (UNHRD) géré par le PAM a aidé ses partenaires à envoyer plus de 85 lots dans 74 pays depuis le 25 janvier. Ces envois comprenaient du matériel de protection personnelle, des kits sanitaires d'urgence inter-agences, des kits d'anesthésie, des pulvérisateurs, des brancards, des thermomètres, des sacs mortuaires, des fournitures pour la purification de l'eau, ainsi que du matériel de soutien logistique, d'une valeur de 1,4 million de dollars américains.
En fonction de la disponibilité des fonds, le PAM prévoit de mettre en place des centres humanitaires supplémentaires en Chine, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine et en Afrique afin de mobiliser rapidement du matériel de soutien opérationnel tel que des installations de stockage temporaires, des générateurs et des ambulances. Ces centres renforceront les capacités et les infrastructures existantes de l'UNHRD, ce qui permettra d'acheminer rapidement les cargaisons humanitaires là où elles sont le plus nécessaires.
Se préparer à passer au niveau supérieur
Pour se préparer aux situations d'urgence telles que les tremblements de terre, les cyclones ou les tsunamis, le PAM achète régulièrement des denrées alimentaires à l'avance et les stocke dans des endroits stratégiques. Cela permet de réduire les délais de livraison et d'acheter les denrées alimentaires dans des conditions de marché plus favorables.
En cette période d'urgence mondiale, le PAM renforcera ses stocks dans ses 14 centres de distribution, afin d'être prêt à mettre des denrées alimentaires à disposition le plus rapidement possible là où elles seront indispensables.
Pour les pays jugés plus vulnérables et risquant davantage de souffrir de ruptures dans les chaînes d'approvisionnement, le PAM achètera et stockera des denrées alimentaires pour une durée de trois mois afin de s'assurer que les plus vulnérables ne soient pas mis en difficultés.
Maintenir les couloirs d'approvisionnement malgré la fermeture des frontières
Les restrictions de mouvement constituent un grand défi pour les opérations de ravitaillement, pourtant vitales dans certains des pays les plus vulnérables du monde.
« Pour un pays enclavé comme le Soudan du Sud, il est absolument essentiel que les couloirs d'approvisionnement de l'aide humanitaire restent ouverts le plus longtemps possible », déclare Matthew Hollingworth, Directeur du PAM pour le Soudan du Sud. « Nous faisons déjà face à une véritable course contre la montre pour pouvoir livrer de la nourriture et d'autres articles avant les pluies saisonnières, qui pourraient démarrer plus tôt cette année. Ces pluies emportent les routes et les sentiers, rendant une grande partie du pays inaccessible. Si nous ne pouvons pas nous approvisionner et transporter les marchandises via les pays voisins, cet effort échouera, rendant la vie de plus de cinq millions de personnes encore plus précaire ».
Afin de minimiser l'impact des restrictions de plus en plus souvent imposées par les gouvernements, le PAM travaille en étroite collaboration avec les autorités locales pour s'assurer que les cargaisons de nourriture et d'autres articles essentiels puissent continuer à arriver à destination.
Il s'agit par exemple de donner la priorité aux cargaisons et d'accélérer le dédouanement pour les interventions humanitaires et sanitaires, d'utiliser des lieux de stockage stratégiques pour réduire l'encombrement aux points d'entrée et de mettre en place des procédures qui permettent une manipulation sûre, dans ce contexte de lutte contre le COVID-19.
Toujours avoir un plan de secours
La première priorité du PAM est de permettre à ses partenaires commerciaux de poursuivre leurs opérations. Mais avec les interruptions croissantes des vols, des trains, des voyages à l'étranger par voie terrestre, le PAM doit s'adapter et se tenir prêt à intervenir à tout moment.
Si besoin, nous assurerons des services d'aviation stratégiques spécialisés et affréterons des navires et une flotte terrestre spécialisés pour assurer la circulation des marchandises là où le trafic commercial habituel ne peut plus aller. Par l'intermédiaire du Service aérien d'aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS), le PAM gère des services aériens permanents couvrant 19 pays. Il est prêt à les activer pour que les denrées alimentaires et autres produits de première nécessité continuent de parvenir à ceux qui en ont besoin.
Le PAM assurera également le transport du personnel humanitaire et mettra en place des services d'évacuation médicale permettant aux travailleurs humanitaires gravement malades d'être transférés en toute sécurité vers les établissements de santé les plus proches.
La sécurité avant tout
Alors que les gouvernements mettent en place des mesures pour protéger la santé de leurs citoyens, le PAM, dans toutes ses opérations, renforce les précautions pour réduire tout risque éventuel d'infection pour les populations, ses partenaires et son personnel.
Parallèlement aux mesures adoptées sur les sites de distribution, notamment l'éloignement social et le lavage des mains, le PAM prend des mesures pour protéger la santé du personnel et des passagers dans ses avions. Ces mesures comprennent des protocoles de désinfection des avions, la mise à disposition de désinfectants pour les mains pour le personnel et les passagers, le filtrage des passagers en fonction des symptômes et de la température, et la fourniture d'équipements personnels de protection au personnel.
L'échec n'est pas une option
Actuellement, 87 millions de personnes dépendent de l'aide du PAM pour leur survie. Malgré les nouveaux défis quotidiens qui ont un impact sur les chaînes d'approvisionnement mondiales, le PAM continuera à remplir sa mission première : aider ceux qui sont dans le besoin.