Skip to main content

Un horizon d’espoir : comment les agriculteurs de Madagascar défient la sécheresse avec l'assurance agricole du PAM

Des conditions météorologiques extrêmes anéantissent les récoltes, mais pas l’espoir pour les petits agriculteurs soutenus par les programmes de micro-assurance du Programme Alimentaire Mondial
, Alice Rahmoun, Jenny Wilson, Peyvand Khorsandi
Madagascar_Odile
Avec moins de 200 USD d'un programme de micro-assurance soutenu par le PAM, Odile a eu accès à un champ où elle peut cultiver des pommes de terre et d'autres cultures. Photo : PAM/Alice Rahmoun

Lorsque la culture de haricots échoue, c'est mauvais signe – parmi les cultures qu’Odile pratique, les haricots sont les plus résistants - ils peuvent survivre à la chaleur torride du village d'Anjahamahavelo, dans la région d'Anosy, au sud de Madagascar.

Cette agricultrice, mère de quatre enfants, cultive également des oignons, des patates douces et du maïs. Lorsque le maïs ne produit pas, cela déclenche le versement d'une indemnité d’assurance dans le cadre d'un programme lancé par le PAM l'année dernière. Pour Odile, cela constitue un soulagement en pleine sécheresse qui paralyse la région.

Les haricots sont également plus faciles à planter en contresaison. "Ils produisent rapidement » dit-elle. « Ils sont plantés en avril, arrosés trois ou quatre fois et donnent une récolte."

Odile_Madagascar
Des financements urgents permettront aux agriculteurs et agricultrices comme Odile de cultiver davantage, mieux et de réaliser leurs rêves, comme envoyer leurs enfants à l'université. Photo : PAM/Alice Rahmoun

Les dernières pluies datent d'avril. Cela fait deux ans que la pluie, dont dépendent les plantations et les récoltes, n'est pas arrivée en octobre, remettant en question l'avenir des enfants, comme ceux d'Odile.

Son histoire est triste mais fréquente à travers ce pays insulaire au large des côtes sud-africaines, aux prises avec des conditions météorologiques extrêmes liées aux changements climatiques - 1,1 million de personnes souffrent de la faim, avec près de 14 000 personnes qui vivent dans des conditions similaires à une famine - un chiffre qui devrait doubler d'ici la fin de l'année.

Dans le sud du pays, de nombreuses personnes vivent de l’agriculture et ont perdu leurs moyens de subsistance ainsi que leur seule source de nourriture en raison d'une météo irrégulière.

Odile
Odile représente sa communauté et aide à gérer une organisation d'épargne et de crédit - ce sont les fondements des régimes d'assurance. Photo : PAM/Alice Rahmoun 

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a urgemment besoin de financements pour assurer ses interventions d'urgence tout en autonomisant de plus en plus de personnes comme Odile. 

Les clients qui s'arrêtaient et mangeaient dans son hôtely, ou sa gargote, ne peuvent plus se le permettre. Maintenant, "ils s'approvisionnent et partent", dit-elle. "Ils ne dépensent pas d'argent".

Il y a cependant quelques bonnes nouvelles. Odile reçoit de l'argent d'un système de micro-assurance soutenu par le PAM, le gouvernement malgache et des partenaires privés.

Ainsi, alors que les récoltes diminuent - ni l'espoir ni l'esprit d'entreprise ne disparaissent.

La plupart des personnes qui ont reçu les indemnités d'assurance cette année les ont dépensées pour acheter de la nourriture - Odile fait partie des 1% qui l'ont utilisée pour louer des terres.

Puisant dans ses économies, elle a complété les 100 dollars qu'elle a reçus pour louer des terres et cultiver plus de haricots et de maïs.

Être membre d'une coopérative d'épargne et de crédit lui donne accès à une pompe à eau que les membres utilisent pour irriguer leurs champs, puisant l'eau dans des puits comme celui qui se trouve sur son terrain.

tomato plant burned by the sun in Southern Madagascar
Un plant de tomates brûlé par le soleil dans le champ d’Odile. Photo : PAM/Alice Rahmoun

L'année prochaine, le PAM ne paiera qu'une partie de la prime d’assurance, ensuite, elle devrait être en mesure de payer la totalité elle-même.

Cheffe de communauté travaillant en lien étroit avec le PAM et l'UNICEF sur les questions de nutrition, Odile s'occupe de trois enfants, en plus des siens, des enfants de proches qui n'ont pas pu les nourrir. 

En veillant à ce qu'elle et son mari aient suffisamment de quoi vivre, les producteurs et productrices comme elle ont un rôle essentiel à jouer pour permettre la disponibilité de la nourriture auprès des communautés. 

Les coopératives d'épargne et de crédit sont le fondement des programmes de micro-assurance du PAM - elles doivent exister depuis au moins un an pour pouvoir bénéficier d'un soutien. La force des groupes d'épargne réside dans la façon dont les membres se recommandent les uns les autres et dans les relations basées sur la confiance. 

"Le système repose davantage sur la pression sociale que sur les règles et la structure bureaucratique », explique Frederica Andriamanantena, chargée du climat et des assurances pour le PAM à Madagascar.

Beans_Madagascar
Odile sélectionne les haricots les moins beaux qu’elle garde pour les repas de sa famille, et vend le reste. Photo : PAM/Alice Rahmoun

Elle ajoute que "les personnes ayant déjà une certaine capacité de production" ont un rôle essentiel à jouer. 

"Ils ont des terres, ils ont accès à quelques semences et ils sont situés dans une région touchée par la sécheresse, où d'autres personnes n'ont pas accès à l'eau, sont sous-alimentées ou malnutries."

Frédérica Andriamanantena soutient qu'en raison des "règles et de la solidarité des membres du groupe et de la façon dont ils s'entraidaient, ils ont en quelque sorte survécu à la sécheresse".

Elle ajoute : "Nous voulions vraiment construire des systèmes d'assurance de telle façon que cela ne perturbe aucune organisation sociale. Mais il s'agit d'un service complémentaire à une organisation déjà existante [en plus de] la réponse d'urgence, des transferts monétaires et de distributions de nourriture, pour des résultats à moyen et long terme."

Cependant, le défi des infrastructures, telles que les routes et les transports publics, demeure.

"Nous voulions cibler 3 500 personnes la première année. Mais elles sont situées dans des zones reculées… les groupes d'épargne se sont avérés être une des solutions à cela. Ils ont tout organisé au sein du groupe et le représentant du groupe a été en contact avec la compagnie d'assurance et ses partenaires pour assurer l’accès au produit de micro-assurance."

Si le PAM n'était pas intervenu, Odile aurait probablement continué à travailler sur ses terres, espérant que le meilleur arrive - c'est une histoire semblable à beaucoup d'autres personnes à travers le pays. Si le PAM disposait de financements nécessaires pour intensifier des projets comme celui-ci, davantage de personnes comme Odile pourraient être protégées d’aléas climatiques futurs.

Water_pump
Toutes les deux semaines, Odile peut emprunter la pompe à eau de l'association d'épargne et de crédit pour puiser l'eau d'un puits pour irriguer son champ. Photo : PAM/Alice Rahmoun

Désormais, avant de vendre ses haricots, Odile les trie et conserve les déchets. Elle sépare ceux qui n'ont pas l'air bon pour les repas de sa famille – ils mangent deux fois par jour. 

Ses deux plus jeunes enfants vont à l'école et elle espère que les progrès continuent afin de pouvoir envoyer ses aînés à l'université – et qu’ils puissent éventuellement devenir des fonctionnaires dans le secteur agricole, dit-elle. 

En savoir plus sur l'action du PAM à Madagascar et cliquer ici pour faire un don

Maintenant c’est le
moment d’agir

Le PAM dépend entièrement des contributions volontaires, ainsi chaque don compte.
Faites un don aujourd’hui